✯ CHAPITRE XXXIX ✯

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« La mort est un soulagement pour celui qui n'a rien à faire sur terre. »

Parce que je n'arrive plus à trouver ma place.

Parce que je suis consciente qu'il n'y a que moi qui sera soulagée.

Parce que j'ai vraiment besoin de me libérer.

Parce que j'ai tout tenté pour me dépasser.

Parce que ma tristesse est trop violente et qu'elle me hante.

Parce que je sais que je suis égoïste mais c'est le seul moyen pour que je subsiste.

✯ ✯ ☾︎ ✯ ✯

Comme tous les matins, la sonnerie criarde de mon réveil retentit, me donnant l'impression qu'elle hurle contre mes tympans. Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas mon réveil, et on n'est pas le matin. Je suis toujours accroupie à côté de la barrière, le 24 janvier 2020, et ce bruit strident que j'entends vient seulement d'Hadès qui vient enlever une nouvelle pécheresse en détresse. Parce que pour moi, une simple visite aux enfers ne suffirait pas, c'est pour l'éternité que je suis vouée à séjourner là-bas. Je me sens partir, et pour la première fois depuis un an, j'arrête de lutter.

✵✵✵

J'aurais aimé retrouver mes amis que j'ai tant délaissés.

J'aurais aimé rencontrer une Maé, une Loane, un Baptiste et un Medhi.

J'aurais aimé connaître Maël et découvrir s'il était aussi génial que je l'imaginait.

J'aurais aimé que Madame Chauvet et Sandra aient des super-pouvoirs, ou peut-être bien qu'elles en avaient, mais que j'étais trop abîmée pour qu'ils puissent fonctionner.

J'aurais aimé être présente pour Lucie.

J'aurais aimé pouvoir sécher ses larmes chaque fois que le manque de sa sœur devenait trop insoutenable.

J'aurais aimé être plus forte, pour mes parents et pour ceux d'Ava, parce que je m'en veux de leur infliger deux deuils en même temps.

J'aurais aimé être capable de prendre assez de recul.

J'aurais aimé que mon grand-père emporte avec lui un de mes sourires quand, à son tour, il sera entraîné dans la valse incessante des étoiles.

J'aurais aimé pouvoir faire de lui la plus belle constellation du ciel.

J'aurais aimé réaliser le rêve d'Ava.

J'aurais aimé, moi aussi, avoir ma propre collection de moments de vie.

J'aurais aimé pouvoir illustrer mes souvenirs chaque fois que je les aurais partagés.

J'aurais tout simplement aimé avoir des souvenirs à partager.

J'aurais aimé rejoindre les étoiles en apportant avec moi l'inventaire de tous les levers et couchers de soleil que l'on peut voir depuis la Terre.

J'aurais aimé m'encrer Ava dans la peau pour qu'elle devienne officiellement une partie de mon tout.

J'aurais aimé l'honorer en créant Morphée.

J'aurais aimé que le temps m'autorise à accéder à tous ces moments qu'il m'a volé.

Peut-être que tout ça aurait pu m'arriver, peut-être que j'aurais pu me libérée, peut-être qu'enfin j'aurais de nouveau réussi à exister, si ce 24 janvier, on avait eu le temps de m'arrêter.

Parce que j'aurais aimé être en mesure de cocher chacune des cases de cette foutue liste, j'aurais aimé me plier en quatre toute ma vie pour pouvoir toucher une étoile, j'aurais aimé aller visiter les enfers, pas y passer le reste de l'éternité. J'ai peur de rencontrer Hades, parce que je n'ai rien d'une déesse. Parce que Narcisse c'est un peu moi. Pas parce que ma beauté égale la sienne, loin de là, seulement parce, j'en ai bien conscience, je suis des plus égoïstes. Mais peut-être qu'Héra m'épargnera parce qu'elle aura pitié de moi et me négociera le droit d'aller retrouver Ava. 

𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞Donde viven las historias. Descúbrelo ahora