✯ CHAPITRE IX ✯

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« On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts. »

Parce que Maupassant disait vrai.

Parce qu'en plus de pleurer la mort d'Ava à chaque instant, l'espoir que je garde de la revoir un jour me tue à petit feu.

Parce que je n'arrive même plus à savoir si je me souviens d'elle comme elle était.

Et parce que le doute à son sujet me brise le cœur.

Parce qu'il aurait mieux fallu que j'oublie tout de notre amitié.

Mais parce que je suis peut-être juste égoïste.

Parce que n'avoir jamais connu Ava ne me semble pas non plus être la meilleure option.

Parce que le manque se fait de plus en plus douloureux et que les illusions le creuse encore plus.

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Comme tous les matins depuis que j'ai raconté la mort d'Ava à Maël, je me réveille en nage après avoir rêvé, dans les moindres détails du jour de l'accident. Mon front dégouline de sueur et mes vêtements me collent à la peau tant j'ai dû bouger pendant la nuit. Mon souffle est haletant et je ressens de nouveau toutes les émotions que j'ai ressentis ce soir-là. Je commence par être de nouveau en colère contre Ava, puis j'éprouve de la tristesse parce que quelqu'un a réussi à la transformer à ce point en seulement quelques semaines. Je me sens nulle d'avoir raté quelque chose pour qu'elle ne se confie pas à moi sur tout ce qui lui arrivait à ce moment-là. Puis ça recommence. Ma colère revient, puis ma tristesse, et je me rappelle à quel point j'étais désemparée quand j'ai vu son état lorsqu'on a quitté cette soirée. Et je revois ses yeux. Et je m'en veux.

Je vis dans cet état depuis près de deux mois. Passer les fêtes avec ma famille m'a rendu heureuse sur le moment, puis je me suis de nouveau retrouvée dans cette spirale infernale. Passer du temps avec Maël me fait du bien aussi, pendant un temps tout du moins, puis les souvenirs reviennent me frapper. Dans trois semaines, j'aurais passé un an sans Ava et j'ai l'impression de ne pas avoir avancé.

On peut dire ce qu'on veut mais le fait de ne plus fondre en larmes quand j'entend son prénom ne veut clairement pas dire que je vais mieux. Parce que je le sais, je ne vais pas mieux, je ne suis pas guérie et le pire dans tout ça c'est que j'ai de moins en moins d'espoir. Je ne suis pas sûre de pouvoir un jour sortir de cet état de léthargie. Et je refuse de passer toute ma vie comme ça alors que j'ai seulement 17 ans.

Parce que ça ne sert à rien. Et que tout ce que j'arriverais à faire c'est voir mes proches souffrir encore et encore par ma faute. Je n'ai plus la force. Je ne veux pas être la personne qu'il faudra toujours préserver. Je ne veux pas être celle qui leur infligera toute cette douleur. Je ne serais jamais plus à la hauteur. Pour qu'ils n'aient pas à subir, j'aurais préféré mourir.

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𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞Where stories live. Discover now