.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.

❁𝟏

Dix ans plus tard...

Janvier 1978.

Leizl s'étira en bâillant. Elle pénétra ses orteils épuisés de ses cours de ballets à l'intérieur de ses pantoufles en coton, et se précipita vers la fenêtre. Elle aimait observer l'interminable gazon du palais depuis sa chambre. Elle colla son front contre la vitre et soupira. Comme, souhaiterait-elle effleurer l'herbe verdoyante, y rouler dessus et observer l'immensité du bleu du ciel, le blanc des nuages, le jaune du soleil, l'invisibilité de l'air, des battements d'ailes des oiseaux...

À présent, elle avait quinze ans, et pour la plus grande déception des Fabre, surtout Ruben, Anaïa présentait des troubles du langage et des difficultés pour réaliser des gestes simples. Des médecins, contactés en toute discrétion, n'avaient pas tardé à prononcer leur diagnostic, elle était atteinte d'un léger retard mental, probablement lié à un accouchement difficile ou un manque d'oxygène au niveau du cerveau durant de longues minutes. Ses parents avaient donc consulté des spécialistes et lui avaient cherché des professeurs adaptés, l'école à la maison était obligatoire pour Anaïa Fabre. Une situation honteuse qui offusque Monsieur le président de la République qui veut un avenir « brillant » et « irréprochable » au sein de sa fratrie, comme était le cas pour ses autres enfants. Sans oublier la honte d'une probabilité d'un scandale pour la famille présidentielle, du point de vue politique, social et même famille éloignée. Pourtant, Anaïa était intelligente et avait très vite compris sa place dans la famille Fabre, le complexe vis-à-vis de sa « malformation » ne l'avait pas été inaperçue. Anaïa avait une personnalité dont même sa maisonnée ignorait, sauf évidemment son frère le plus proche, Christopher qui l'adorait, bien que le temps qu'ils passaient ensemble était fétiche dû aux restrictions parentales, mais leur amour solide brisait l'armure de Sayer ! Anaïa était belle, intelligente et logique, elle faisait preuve d'une souplesse immaculée, de nature franche, elle était incapable de masquer ce qu'elle pensait ou ressentait. Soirée non fréquentée, éloignement social, il n'y avait plus personne qui se rappelait son existence ! Les cocktails et évènements de luxe l'étaient intouchables ! Les peu de gens ayant la chance de la connaître n'étaient autres qu'Arthur, le meilleur ami de son père qui aussi était le Premier ministre, Marguerite et ses quelques autres "servantes" qui, sous interdiction de prononcer ne serait-ce qu'un souffle de sa présence, sous crainte d'une sévère punition dont seul M. Ruben en avait la réponse.

C'est alors ainsi que petit à petit, la présence d'Anaïa Leizl Fabre était de moins en moins remarquée aux cérémonies officieuses présidentielles, aux grands bals donnés sur les terres du large palais national, contrairement à ses frères et sœur. Elle disparut subitement des photos de famille jusqu'à en oublier l'existence d'Anaïa Leizl Fabre !

Yole et ses quatre enfants.....