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Elle rangea sa tenue épousant chiquement son corps et laissa ses cheveux épars sur son dos. S'il y avait bien quelque chose qu'elle avait hérité de sa génitrice, c'était l'amour du chic. Son goût éclectique et démesuré pour les vêtements était esthétique. Face au miroir, elle ordonnait sa crinière en essayant toute sorte de coiffure susceptible de la rendre plus mûre et de valoriser la rondeur de son visage conservant quelques traces de sa pré-adolescence. Sa trombine de fillette n'impressionera pas grandement Nicolas peut-être. Qu'est-ce qu'elle avait hâte de ressembler à ses seize ans ! Pensa-t-elle. Elle abandonna sa chambre hâtivement en prenant soin de la refermer doucement. Son cœur palpitait indûment en mode régate. À peine qu'elle se retourna pour marquer ses pas vers la salle littéraire, qu'elle fit brusquement face à son paternel ! Son rythme cardiaque vira désagréablement telle une boussole déréglée anormalement. Le peu d'assurance qui l'accompagnait il y avait quelques secondes la quitta aussitôt pour laisser s'installer une peur qui lui tenailla les entrailles. Sa posture avait même pris l'apparence d'une enfant de chœur, c'est à dire, tête haute, pied et mains jointes derrière le dos. Le regard acide de Ruben rendit sa gorge nouée.

- Ou comptes-tu te diriger ? Demanda-t-il de son ton impertinent et rude.

Le tremblement de ses lèvres empêcha les mots de sortir. Ruben soupira. Il reposa sa question avec plus de fermeté, comme s'il s'adressait à une enfant récalcitrante.

- J'ai demandé ou -comp-tais-tu te di-ri-ger Anaïa ?

Elle prit une profonde inspiration puis relâcha le tout lestement.

- B...bi..ibliothèque. Chuchota-t-elle

Il fléchit ses sourcils face à ces efforts, qu'il considérait caligineux. Elle n'était pas prête à faire preuve d'un esprit vif et noétique ! Se dit-il.

- Ne t'atardes pas trop longtemps là-bas. Admonesta-t-il froidement.

Elle hocha de la tête timidement. Son géniteur traça aussitôt son chemin, sans aucune autre marque d'attention envers elle. Espérer un quelconque progrès de sa benjamine n'était pas pour aujourd'hui. D'ailleurs, il allait être en retard. Il était convié à un dîner de courtoisie au Riviera Hotel de Port-au-Prince. À l'éloignement de ses pas, Anaïa  expira bruyamment ! À croire qu'elle avait échappé belle à une algarade ! Avait-elle le temps de s'y attarder là-dessus? Absolument pas. Elle avait la rétine brillant d'exitation. Elle rangea soigneusement dans un coin de sa tête, ces quelques secondes de cette torture inattendue et colonisa ses lèvres d'un sourire rêveur. Les pieds de la jeune lady priorisèrent les couloirs menant vers la bibliothèque. Elle referma lestement la porte coulissante et alla se tenir près de la fenêtre, les émotions en apothéose. Elle écarta doucement le rideau et cola son front contre la vitre impatient de le voir arriver. Les quelques brèves secondes qui s'écroulèrent lui parurent une éternité ! Elle se hissa sur ses pointes afin d'avoir une vue plus surplombante depuis l'entrée du palais engazonné ; quand tout à coup, elle sentit un léger souffle dans son cou...

- Bonsoir ! Entendit-elle.

Ses membres devinrent mous, sa respiration vice et versa. Elle se retourna lestement pour découvrir une rose rose que lui tendait Nicolas...

- Je ne suis pas rhodologue, cependant les roses éternelles par leur douceur et leur tendresse me font bien penser à vous.

La rougeur enflamma ses joues autant que les rayons du coucher de soleil qui explosaient à l'horizon. La lumière qui arrosa le regard de la jeune fille faisait quelque chose à Nicolas ! Quelque chose de si fort, qu'il se fouterait bien du monde si il n'existerait qu'elle et lui sur terre. Lorsque celle-ci accepta la fleur qu'il lui tendait en tremblant face à la proximité de leur corps réduit à une distance de quelques centimètres, il voulut à l'instant être prisonnier de ses yeux, de son sourire, de son parfum, de sa chevelure, de ses mains; il eut l'envie d'appartenir à une sylphide aussi élégante et gracile qu'elle et lui dire qu'il avait le cœur qui bat encore et encore. Quant à elle, elle eut du mal à soutenir le regard de Soukar. Ce dernier en déduit que cette première marque d'affection était une réussite. Il dissimula son érubescence puis essaya de se ressaisir. Il s'éclaircit la gorge, tandis que ses joues rubescentes lui donnait l'impression d'être un galantin.

- Pardonnez mes quelques minutes de retard, j'ai dû difficilement échapper à mon professeur grognon, il déteste que l'on perturbe son cours ! Fit-il en écarquillant ses iris d'un air désopilant ; ce qui arracha à Anaïa un petit rire amusé de sa grimace.

Il rit un peu à son tour, s'avança un petit peu plus et inclina légèrement la tête vers elle comme s'il s'apprêtait à lui avouer un secret....

- Mais je... je n'aurais raté de vous revoir pour rien au monde...

Une remarque qui fit vaciller les sens de la jeune fille et l'arracha un bête sourire. Il s'écarta légèrement pour ancrer ses iris dans les siennes ! Une giboulée de sensations délicieuses fit trembler son corps entier, sa pomme d'Adam se mouva lestement.

- Vous avez ce sourire qui me fait pâlir vous savez... Dévoila-t-il d'un ton rauque.

Elle fit passer timidement ses cheveux derrière son oreille en rougissant de plaisir. Il eut un petit rire velvétien.

- Que vous êtes belle quand vous souriez Leizl ....

Elle hocha de la tête pour lui remercier et échappa à ses yeux en rattachant les siens sur la rose qu'elle tournoya lestement...

- Alors, vous scrutiez quoi comme-cela à travers la fenêtre Mademoiselle Fabre ? Demanda -t-il en se rapprochant lui-même de la fenêtre.

Elle se précipita comme les fois précédentes vers les vitrines, posa doucement la fleur sur une petite table décorative. Il ne rata aucun de ses gestes. Elle sortit une feuille du vieux cahier en s'emparant d'un stylo.

-Rien. Je vous attendais, c'est tout.  Écrit-elle et lui tendit.

Il le lu, sourit de son c'est tout qu'il trouva adorable. Il abandonna à son tour la fenêtre, l'invita à prendre siège sur le recamier et s'assis à quelques pouces d'elle. L'étroit espace qui existait entre eux, resemblait à un immense océan pour Nicolas. Leur sentiments à eux deux brûlaient tel un chaudron...

- M'accorderiez-vous la permission de vous tutoyer lorsque vous serez totalement à votre aise ?

Encore un hochement de tête.

- Et j'espère qu'à cet instant, j'aurai la chance d'être gratifié de votre jolie voix Leizl, cela m'enchanterait d'en écouter la mélodie...

Et revint cette même lueure de tristesse de la fois précédente, lorsqu'il avait été trop curieux sur son nom de famille. Elle haussa des épaules en baissant les yeux, la tête cotonneuse. Il eut un demi-sourire...

- Ce sera quand vous voulez Leizl, je suis patient. Dit-il

Sans hésiter, il posa ses doigts élancés sur les siens. Ce simple touché provoqua en elle un léger mouvement d'oscillation, de frémissement. Son cœur vibra si fort, qu'elle se libéra de l'emprise des doigts de ce dernier sur les siens de peur de transpirer. Nicolas fléchit ses sourcils broussailleux parfaitement tracé et ôta alors sa main près de celle qu'il considérait déjà comme sa belle. Il se retourna vers elle et lui offrit délibérément sa paume comme une requête cette fois-ci, puis déclara poliment.

- Je ... Je veux...enfin, je voudrais que vous me fassiez confiance Leizl... J'aimerais beaucoup. Serait-ce trop demandé ?

Elle voudrait tellement lui répondre, mais la peur ligaturait ses tripes. Et si à la découverte de son handicap, tout ces exquis moments deviennent évanescent tel un arc-en-ciel disparaissant par degré et s'effaçant peu à peu. Elle leva ses iris vers lui, le suppliant de ne pas arrêter de s'appesantir, de ne pas se fatiguer, de se consacrer à son intérêt encore, encore et encore...

- J'attendrai une éternité s'il le faut. Ajouta-t-il effrayé à l'idée qu'elle lui demande de partir. 

Sa gorge était nouée tandis que ses battements cardiaques jouaient un tempo déréglé. Son silence tuait Nicolas. Elle ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt. Déçu, il s'apprêtait à ôter cette main qu'il avait tendu si hardiment, mais fut en une nanoseconde épris d'un doux tressaillement par le contact de la paume de Leizl sur la sienne. Il fut soulagé et eut sur le champ l'envie de blottir sa tête dans sa généreuse chevelure noir corbeau et lui susurrer des odelettes galantes. Mais pour l'instant, il se contentera de cette main gracile qu'il entrelaçait entre ses doigts et qui l'énivrait jusqu'à lui métamorphoser en un démiurge d'une vicissitude de scène d'oaristy et de rendez-vous galant soleilleux ou vespéral qu'il osait déjà s'imaginer ! Doucement, il y posa un baisé.

- Je suis heureux que tu m'accordes ta confiance Leizl, j'en tâcherai d'être à la hauteur. Je t'en fais la promesse Anaïa Fabre....

.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang