Chapitre VI : Arthur

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Tout en déjeunant au réfectoire entouré des autres étudiants, je réfléchis. Maesyn a toujours cet air suspicieux en me dévisageant. Comme si elle attendait de moi une révélation cosmique quelconque.

Je suis dérouté, je le reconnais.

Autant par l'accueil qui m'a été réservé, que par l'atmosphère pesante qui règne dans Petit Camelot. Ici, l'ambiance n'est pas franche du collier. Je ressens comme une impression persistante de menace.

Et tout cet aspect martial n'est pas pour me rassurer : les uniformes, les armes, les entraînements, les « Maître, oui, Maître » ou « Madame, oui, Madame » criés à pleins poumons dans tous les coins comme si nous nous trouvions dans une école paramilitaire pour ados rebelles...

Est-ce que je vous parle du fracas des épées ou de celui des lances se brisant contre les cuirasses en kevlar ?

Ici, la guerre n'est pas une notion abstraite. Mais bel et bien la réalité.

Et je suis supposé devenir un combattant moi aussi ?

En toute franchise, j'ai du mal à comprendre comment et pourquoi. Tout ça m'est complètement étranger. Et puis Tristan me manque là tout de suite. J'aurais bien besoin de lui pour tenter d'y voir plus clair.

— Tu réfléchis trop, Arthur, soupire Maesyn en me fixant par-dessus son verre.

Je repose bruyamment ma fourchette et mon couteau.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? répliqué-je durement. Pourquoi ai-je comme l'impression que je ne sais pas tout encore ?

Maesyn jette un œil autour d'elle pour vérifier que personne ne peut nous écouter. Je suis la cible de nombreuses attentions. Pour autant, les étudiants restent assez éloignés de nous pour que nous puissions discuter tranquillement en baissant la voix.

— Depuis la mort de ton père et de ta mère, les mondes perdus de Brocéliande sont en guerre, finit-elle par me révéler.

Je me fige. Ma paupière tressaute nerveusement.

— Comment ça ?

Maes hausse les épaules.

— Je parle Poulpikan ? Il faut que je t'explique ?

Ton agacé.

— Oui, Maesyn, il faut que sois plus précise, martelé-je en posant mes coudes sur la table, parce que jusqu'à présent, moi je vivais de l'autre côté du miroir si tu vois ce que je veux dire.

Elle pince les lèvres.

— Désolée. C'est juste que...

Je hausse un sourcil.

— C'est comme ça ici. Nous, les enfants des chevaliers, n'avons jamais connu que ça à Brocéliande. Tu penses bien que les adultes se gardent bien de nous expliquer quoi que ce soit. Qui a commencé ? Pourquoi ? Pour nous, c'est un mystère.

— Pourquoi obéissez-vous dans ce cas ? m'étonné-je. Tu es assez informée sur l'autre monde pour savoir que les gamins comme nous ne devraient jamais à avoir à se battre.

— Ça ne se passe pas comme ça. Tu es à côté de tes pompes si c'est ce que tu crois.

— Explique-moi alors ! J'ai besoin de comprendre.

Elle baisse les yeux sur son assiette et soupire. Derrière elle, j'aperçois au loin Flavila, accompagnée de drôles de nains vêtus de tenues militaires kaki. Voyant mon expression, Maesyn se retourne à son tour. Puis, elle reporte son attention sur moi.

Les mondes perdus de Brocéliande (Terminée, en cours de réécriture )Where stories live. Discover now