Chapitre VII : Arthur.

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Je rêve !

Il m'a planté comme une vieille chaussette, alors que j'avais encore un million de questions à lui poser. Il ne perd rien pour attendre, ce vieux roublard.

Énervé plus qu'autre chose, je me rends aux écuries au pas de course. Mon chemin est éclairé par des flammeroles bleues s'élevant et disparaissant pour reparaître un peu plus loin. Dotées d'un petit corps qui flotte à quelques centimètres du sol, elles effectuent des cabrioles pour avancer. Un rire d'enfant les accompagne.

Des feux follets.

Je le sais parce que ce n'est pas la première fois que j'en vois.

Je suis scotché.

Donc, je n'ai pas halluciné à l'époque.

Bref.

En contournant la fontaine de la forge, je croise une jeune femme brune dont la moitié inférieure se fond complètement dans l'eau du bassin. Elle rince ses cheveux sous le jet et me lance une œillade coquine en gloussant. J'ai l'impression d'être percuté par une vague de magie enjôleuse qui s'enroule autour de moi. J'ai chaud et je trébuche.

Bravo, mec. Comment ressembler à un bouffon en deux secondes...

Je reprends mon équilibre en même temps que ma route sous le rire clair de la créature. J'accélère, préférant fuir son regard et la caresse résiduelle de son enchantement sur ma peau qui m'attire vers elle.

Le ridicule ne tue plus, mais quand même.

Je suis plutôt timide avec les filles et je n'ai pas la facilité de Tristan pour flirter. Oh, j'ai mon petit succès malgré tout, hein ? N'allez pas croire que je suis un bourrin fini. Mais si j'écoute mon meilleur ami, je possède la sensibilité d'une huître et la subtilité émotionnelle d'un rocher lorsqu'il s'agit de faire le premier pas. Du coup, je préfère attendre qu'on vienne à moi.

Je secoue la tête pour éliminer les derniers relents magiques de la créature de la fontaine lorsque je parviens enfin aux écuries.

Vastes et bien entretenues, avec du monde qui court de partout, je remarque tout de suite l'empreinte de mon oncle. Ici, c'est son territoire. C'est clair. J'ai carrément l'impression d'être de retour aux Beaux Sabots.

Je pénètre un peu plus dans le bâtiment à la recherche de Sleipnir. Je m'apprête à interroger un garçon d'écurie lorsqu'Hector jaillit d'une stalle.

— Hector.

— Eh, Arthur ! me salue-t-il. Enfin. Je commençais à me dire que tu avais oublié ton vieil oncle.

Tout en parlant, il lâche contre un mur la fourche qu'il tient à la main. Il s'approche ensuite de moi et m'empoigne par la nuque dans un geste viril.

— J'étais en train de me demander si tu nous en voulais beaucoup.

Silence. Gêne. Colère.

Il pose son front contre le mien et resserre sa prise.

— Tu as le droit d'être en rogne, Arthur. Mais, cela ne peut pas durer éternellement. Il y a trop de choses en jeu. Tu comprends ?

Je ne suis pas de nature rancunière habituellement. D'autant que Flavila et Hector ont toujours été présents dans ma vie. Ils ont pris soin de moi. Ils sont aussi ma seule famille.

Alors, ce climat délétère entre nous m'est juste insupportable. Pour parler franc, ça me fait chier. Je ne peux pas être à la fois en conflit avec eux et Morgane.

Et puis, je l'entends dans sa voix, ce ton d'inquiétude persistant. Celui qui cherche à me prévenir de l'urgence de la situation. Je ne peux pas l'ignorer.

Les mondes perdus de Brocéliande (Terminée, en cours de réécriture )Where stories live. Discover now