Arthur.

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Je suis surpris que la forgeronne ne sache pas qui je suis. À croire qu'elle vit H24 dans sa grotte.

— Heu ouais...

— Et tu as besoin d'une épée ?

Non, je suis venu pour un bavarois à la fraise.

Je ne verbalise pas ma pensée, hein ? Je suis courageux, mais pas suicidaire. Et m'est avis qu'avec son marteau, la forgeronne serait tout à fait capable de me faire avaler mes dents si loin et si profond, que pour me les laver je devrais m'enfoncer ma brosse à dents dans le cul.

Merci, mais... non merci.

Elle et moi, on a, comme qui dirait, un vrai problème de communication.

Nous nous affrontons du regard et, brusquement, elle va fermer les portes de son antre. Puis, elle revient vers moi d'un pas si décidé que j'ai bien envie de me mettre en position de défense, poings levés.

— Assieds-toi, il faut qu'on parle, m'intime-t-elle.

Okayyy...

N'osant pas contredire un ordre direct, je me perche sur le petit tabouret à trois pieds qui n'attend que moi.

Dauphine de La Rivière, elle, commence à arpenter sa forge de long en large. Elle marmonne dans sa barbe. Je suis perplexe.

C'est moi ou cette meuf est complètement ravagée du bocal ? Remarquez : à respirer de la fumée toxique tous les jours...

Elle s'arrête et fronce les sourcils. Puis, elle se retourne vers moi et me scrute, l'air vachement déterminé.

— Tu n'as pas besoin d'une épée, m'annonce-t-elle. Normalement, tu devrais avoir Excalibur.

Waouh. Direct là où ça fait mal.

Je me renfrogne.

— Ouais, ben pour le moment, elle ne vient que quand je suis en danger ou quand elle en a envie, alors il faut bien que je m'en trouve une en attendant.

Dauphine acquiesce et murmure plus pour elle-même et les meubles que pour moi.

— Excalibur réapparaîtra bientôt. Je la sens. Brocéliande est en péril et tu es le seul qui peut nous aider.

Quoi? Encore?

— J'ai déjà entendu ce refrain-là. Vous n'auriez pas une autre chanson à me servir ? J'sais pas, un truc clair que je puisse comprendre ? J'ai pas mon Google Translate avec moi, là.

Je sais, je sais. Je me transforme en petit con sarcastique dès que quelque chose ou quelqu'un me soûle. Ce n'est pas nouveau. Et ce n'est pas près de changer. On se rappelle : moi, ado bourré d'hormones en ébullition, et eux, adultes truffés de convictions psychorigides. Inutile donc de me faire la morale.

— Ton quoi ?

— Mon Google... commencé-je. Laissez tomber, marmonné-je en réalisant qu'elle ignore probablement tout d'Internet.

Dauphine me toise avec l'envie manifeste de vouloir me sortir le cerveau par les narines à l'aide de sa pince. Je ne me démonte pas pour autant et affiche mon plus beau rictus de merdeux. Elle croise les bras, l'air de dire : « Tu penses sérieusement m'impressionner ? »

— Je suis la fille de Goibniu, le forgeron des dieux.

Je déglutis et ravale aussi sec mon sourire.

Un point pour elle, la balle au centre.

— J'ai tout appris de mon père, poursuit-elle, je peux sentir la trace d'Excalibur sur toi. Tout comme je sais, qu'elle est en route pour te revenir encore une fois. Pour le moment, elle teste ta valeur au combat et patiente pour que tu te révèles. Mais, je peux t'assurer qu'elle n'est pas loin. Elle attend son heure et la tienne.

Les mondes perdus de Brocéliande (Terminée, en cours de réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant