Chapitre 9 Héna

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J'émerge de mon sommeil avec ce corps qui s'étouffe lui-même. Je n'ai qu'un vague souvenir de ce qui s'est passé hier soir, enfin je me doute puisque la situation ne m'est pas inconnu.

J'ai mal dans tout le corps, j'ai les yeux sec et ma poitrine est douloureuse quand je respire. Mon ventre, lui, gargouille mais je n'ai pas la force de me lever de mon lit pour descendre en bas et manger quelque chose. Et vu que je suis seule...

Je reste planté ici pendant plusieurs secondes, voire des minutes et peut-être même des heures. Mon corps est ici et mon esprit ailleurs. Tout ce que je voudrais c'est sentir ses bras autour de moi et entendre dire que ça va aller qu'elle sera toujours près de moi. Mais la réalité est bien plus dure. Elle est morte. Moi je ne veux pas de toute une vie sans elle. Assise au bord de mon lit, je prends ma tête entre les mains en posant les coudes sur mes genoux et tente de me ressaisir. Ce n'est pas comme ça que tu vas avancer. Je ravale mes larmes tout en observant autour de moi.

Il est treize heures bordel. Mais toujours zéro envie de faire quoique ce soit à part d'écrire. Ai-je la force d'écrire même ? Mais l'écriture me semble indispensable aujourd'hui.

Je pense sans cesse à la présence de ton absence dans ma vie. Il y a des jours où je me sens vides, sans objectifs, sans buts. Parfois j'en viens à me demander quand je suis seule dans le noir tard le soir et que je n'arrive pas à dormir : Où va t'on sans mère ? Inconsciemment, et ça peut paraître ridicule mais je supplie le ciel de pouvoir te serrer une dernière fois dans mes bras. Quand je m'imagine dans les tiens, j'ai cette boule dans mon ventre, cette angoisse, qui me rappelle que c'était avant que je pouvais t'enlacer et donner l'amour d'une fille pour une mère comme toi : capable de tout, même de ça.

C'était il y a tellement longtemps les sourires et les rires avec toi. Je ne sais plus quoi faire maman, lutter et avancer sans toi c'est épuisant, je n'ai que dix-sept ans.

Mon téléphone vibre, c'est Baptiste. Oh bon sang, c'est vrai. Je ferme les yeux et répond :

- Héna ? Je suis désolé, Jane m'a prévenu et je ...

Je me passe la main dans les cheveux, je ne me suis pas loupé cette fois apparemment, si Jane avait tout vu... Oh bordel ? J'étais avec Elio quand c'est arrivé !

- Baptiste tout va bien ne t'inquiète pas, il faut que je te laisse là. Tu es pardonné. Me-précipite-je.

- T'es sur que tout va bien ? Tu veux que je vienne ?

- Non, non c'est bon. Merci.

Et je raccroche, si Elio a tout vu ? Oh non pas ça, tout sauf ça. Je ne gère plus rien.

Je me tourne brusquement vers ma porte, quelqu'un vient de frapper. Génial et en plus je ne suis pas seule. Je ferme mon carnet et saute de mon lit pour l'ouvrir. J'entre baille la porte et qui vois-je ? Le Elio, quelle surprise !

- Bonjour, dit-il

Je ne me donne pas la peine de lui répondre et me contente d'aller droit au but :

- Quoi ?

Il se rapproche dangereusement de moi, et me souffle :

- Je viens voir comment tu vas.

- Pourquoi n'irais-je pas bien ? Mente-je. Je veux qu'il doute de ce qu'il a vu hier soir.

- Ne fais pas semblant. Ordonne t-il d'un ton sec qui me met hors de moi.

Je me rapproche de lui les mouchoirs serrées et l'interroge sur la défensive :

- Qu'est ce que tu sais ?

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant