Chapitre 44 Héna

68 3 0
                                    



La petite me fait signe de la main au loin alors qu'Elio lui pose sûrement pleins de questions à propos de cette grande découverte d'enfant. Il la regarde avec cet amour si paternel. Pourtant il ne devrait pas être comme ça, il ne devrait pas avoir ce rôle. Si il y a bien une chose qui m'impression chez lui c'est sa capacité d'aller de l'avant tous les jours de la semaine et tous les mois de l'année.

- Salut Juliette. Dis-je lorsqu'ils sont assez proches de moi.

Elle me regarde avec ces grands yeux verts, encore agrippés à l'index de son grand frère. Puis elle regarde Elio du coin de l'œil, et je me rend compte que je l'impression car elle fait sa timide en ne répondant pas à mon bonjour. Mais il n'y a jamais rien de méchant dans l'innocence d'un enfant. Elio sourit à sa petite sœur et cela semble être un signal pour elle, car elle se jette dans mes jambes. Je me raidis quand je sens ses petites mains serrer le derrière de mes cuisses. Elio nous observe et lorsque j'aperçois son sourire je m'aperçois de la délicatesse de cette enfant qui ne demande que le retour de son étreint. Alors je me détends, et me place à son niveau pour la serrer contre moi.

- Tu es revenue. Dit-elle simplement.

Cette simple phrase sortit d'une bouche d'enfant m'indique que son frère lui a parlé de moi. Je ressens un petit pincement au cœur en entendant cette petite voix me souffler ces quelques mots. Je relève mes yeux vers Elio qui se gratte la nuque. Je hausse un sourcil le sourire au lèvre qui veut dire " tu parles de moi à ta sœur, hum étonnant". Il lève les yeux et s'adresse à sa soeur qui ne m'a pas encore libéré de ses petits bras :

- Tu viens même pas raconter ta journée à ton frère ?

Elle court maintenant vers son frère qui lui prend son sac à dos pour la soulager. Et elle commence par dire une chose qui fait froncer les sourcils à son frère.

- La maîtresse a dit que je faisais plus grande. Je parle bien et comprends tout. Elle veut te voir.

Elle nous confie cela le sourire au lèvre, sûrement contente qu'on la prenne pour une enfant plus âgé. Mais en vérité derrière cet aveu se cache un réel plus sombre. Il est vrai que pour une enfant de trois ans, elle comprend et parle très bien pour son âge mais peut-être est-ce lié à son vécu. J'observe Elio mais il tente de cacher son inquiétude en se penchant pour la chatouiller :

- Me voir ? Tu as déjà fait des bêtises ? T'es une sacré petite canaille.

La petite se tord de rire, certaines mamans dévisagent Elio et Juliette car ils font sûrement trop de bruits. Mais ce qu'elles ont oublié c'est que ce son est un pur bonheur pour le cœur. Alors j'oublie les rageuses qui nous entourent et me retrouve à sourire pour le simple fait de les voir tous les deux rire et s'amuser. Mais cette sensation redescend très vite : mon téléphone sonne. Je regarde Elio en voyant de qui provient l'appelle, son air à lui aussi descend d'un seul coup :

- C'est mon père. Dis-je. Il a dû être prévenu de mon absence.

La réalité me rattrape. Je vais devoir expliquer à mes parents ce qui se passe au lycée depuis 1 an maintenant. Le téléphone cesse de sonner et Elio m'interroge :

- Tu veux que je te ramène ?

Mon regard se pose sur Juliette. Je hoche la tête pour répondre à Elio. Son sourire enfantin disparaît, elle demande alors en regardant son grand frère les sourcils froncés :

- Qu'est ce qu'il y a ?

- On va passer à la boulangerie et prendre un croissant, et puis on va déposer Héna chez elle.

- D'accord. Dit-elle.

Cette gamine comprend vraiment vite l'ambiance car elle ne pose plus de question et commence à avancer sans nous en direction de l'appartement. On se retrouve alors tous les deux un peu à l'arrière et Elio demande avec la plus grande des finesses :

Nous deux à travers la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant