24. Paroles illusoires

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(TW : suicide)

PDV d'Isis Moretti





La peur me nouait complètement le ventre. J'étais dans une phase où je n'arrivai plus à discerner mon mauvais pressentiment de ma paranoïa.

J'avais beau être entourée par les bras d'Aslan, je n'arrivai pas à dormir. Pourtant je me sentais en sécurité avec lui, mais la petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter qu'il pourrait partir.

Ma réaction paraissait peut-être abusive, mais quand je l'avais vu refermer cette porte, et qu'il ne revenait pas, j'avais été envahie par mon angoisse.

Mon corps s'était braqué, paralysé, juste éteint. Mes oreilles s'étaient comme bouchées, me plongeant dans un silence complet qui ne faisait qu'amplifier ma sensation de solitude.

D'abandon.

Je suis cassée.

Certains devaient penser que j'en faisais tout un plat pour pas grand chose, mais en vérité, je ne le faisais pas exprès.

Ma vie avait été rythmée par trop de déceptions, trop de solitude et trop de brides d'espoir inutiles pour que ma santé mentale soit normale et relationnelle.

Car depuis que j'étais petite, pendant que mes copines passaient du temps avec leurs mères, moi je cherchai à recevoir son amour.

J'avais passé mon enfance à envier celle des autres.

Le temps était passé, j'avais grandi, et j'avais fini par comprendre que ma mère ne serait jamais capable de m'aimer comme elle aimait ma petite sœur.

Et ce constat me déchirait de l'intérieur.

Je rêvai d'être aimée, de connaître ce qu'était que l'amour d'une mère pour sa fille, de savoir ce que ça faisait que d'être aimée corps, cœur et âme.

Mais comme un mirage, à chaque fois que je pensais pourvoir l'atteindre, cette utopie disparaissait, ne laissant derrière elle que d'autres brisures.

Alors oui.

Quand Aslan était parti, me laissant seule avec moi même, je m'étais senti trahie, abandonnée.

À force, j'avais fini par me convaincre que l'attention des garçons pourrait combler mon manque d'affection.

Si naïve.

Tout ce que je faisais c'était m'offrir à eux, et ils m'utilisaient, me leurrant par de belles promesses, pour obtenir ce qu'ils voulaient, puis ils finissaient par me jeter, comme la sombre merde que j'étais.

Pendant longtemps, j'avais entendu les mêmes promesses en boucle, « je ne te laisserai jamais », « tu es parfaite pour moi », « jamais je ne te quitterai ».

Tous des menteurs.

Pourtant, au fond de moi, je savais qu'ils ne tiendraient jamais leur promesse.

Mais malgré tout, à chaque fois, j'avais eu envi d'y croire, j'avais voulu y croire.

Et le pire était qu'ils savaient parfaitement comment s'y prendre pour m'avoir. Ils n'avaient qu'à prononcer cette simple phrase pour que je leur appartienne.

« Je t'aime. »

Le piège se refermait systématiquement sur moi, m'enfermant dans l'idylle que je souhaitai connaître depuis toujours, emprisonnant mon cœur dans ce rêve qui paraissait si réel mais qui ne l'était pas.

L'ange déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant