CHAPITRE IV : Copinage à la bibliothèque

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- 16 septembre 2028 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Brook passa devant Raphaël, serrant contre elle trois énormes grimoires, tout en promenant sur la somptueuse bibliothèque un regard émerveillé. Les pièces circulaires se succédaient, hautes de plusieurs mètres et outrageusement vastes. Les livres encastrés les uns contre les autres au cœur d'immenses étagères acajou, tapissaient les murs. Au sol, c'était un labyrinthe de rayonnages qui s'élevait bien au-dessus des têtes, créant des couloirs d'ouvrages où lévitaient des lampes astrales. En longeant les murs, il était possible d'accéder à d'étroits escaliers de bois menant directement à des paliers semblables à des balcons qui faisaient le tour des salles, sur trois étages consécutifs. Bien qu'ils n'en aient pas exactement l'allure, les bibliothécaires les appelaient « les triforiums ». Brook et Raphaël n'avaient jamais rien vu de tel. Les salles culminaient sur des dômes translucides qui permettaient l'entrée de la lumière extérieure, mais la distance qui les séparaient du sol et l'ombre des meubles de rangement faisait du rez-de-chaussée un lieu obscur, où les lampes astrales éventraient le noir.

Les pas étouffés dans la pierre, les doux murmures des conversations, tout était absorbé dans l'aura silencieuse de ce sanctuaire d'étude. Dans chaque section se trouvait des espaces dédiés à l'agencement de longues tables, où les élèves venaient travailler. Au loin, à la lueur d'une lampe astrale, Raphaël reconnut Gail et Arabella, penchées l'une vers l'autre au-dessus d'un livre. Il se dirigea vers elles et surprit leur conversation.

— Tu penses qu'il pourrait être ici ? demanda Arabella.

— Sûrement, répondit Gail, c'est la section nécromancie. Il utilise toujours son philtre d'invisibilité pour venir étudier.

— On devrait voir les livres qu'il prend, dans ce cas, comme un truc en train de léviter...

Silence. Les deux jeunes femmes jetèrent une œillade discrète autour d'elles, cherchant un quelconque objet volant, mais ne trouvèrent que la carrure musculeuse de Raphaël qui venait dans leur direction.

— On peut s'asseoir ? demanda-t-il tout bas en désignant la chaise près de Gail.

— Oui, si vous voulez.

Brook prit place en face de lui, près d'Arabella et détailla discrètement l'allure étonnante de la jeune femme. Des yeux énormes qui semblaient toujours écarquillés, deux nattes serrées et une robe à fleurs semblable à celles que l'on portait en campagne, dans les années cinquante. Son amie Gail n'était pas en reste, avec son épaisse chevelure lisse tenue dans un serre tête et son visage oblongue, au front immense et au long menton.

— Vous venez étudier la nécromancie ? leur demanda-t-elle.

— Hum... non, on s'est un peu perdus, avoua Brook. Vous pourrez nous aider à ressortir ?

— Oui, si vous voulez, répondit Arabella en fixant sur elle son expression perturbante.

Brook détourna le regard, puis revint à elle, puis se détourna à nouveau et revint à elle. Son interlocutrice la fixait.

— Tu es belle, lâcha-t-elle.

— Ah ! Merci.

— Vous êtes tous les deux très beaux. C'est étonnant que tu n'aies pas choisi le clan des rapaces, Raphaël.

— Tu parles de Zach et les autres ? demanda-t-il.

— Tu as tout résumé, dit-elle en lissant ses tresses. Zachary Valdez et les autres. Le roi et sa cour... il est on ne peut plus désagréable, mais personne n'ose trop rien lui dire, parce que sa famille est très puissante. Les Valdez sont spécialisés dans la fabrication et la vente d'objets magiques depuis plusieurs générations, ils ont une influence à l'échelle internationale.

RivalitéWhere stories live. Discover now