Épilogue

1K 95 125
                                    


24 juin 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Le soleil dardait ses rayons d'or sur les toitures de Veritas. C'était le dernier jour de cours avant les grandes vacances scolaires et, pour l'après-midi, l'établissement avait comme chaque année organisé un grand pique-nique dans la cour. Raphaël s'était adossé au tronc d'un arbre, à l'ombre de son feuillage et Zachary s'était assis entre ses bras, appuyé contre son torse. Le reste du groupe leur faisait face, en cercle autour de leur pique-nique qu'ils avaient déposé sur une natte à carreaux, ramenée expressément par Gail, qui n'arrêtait jamais de répéter que, sans elle, ils auraient mangé par terre. La jeune femme était comme à son habitude, assise près de sa meilleure amie, Arabella, qui avait détaché ses longs cheveux chocolat. Brook était allongée dans l'herbe et laissait reposer sa tête sur les genoux de Cameron. Ce dernier se trouvait absorbé dans une conversation interminable avec Ajay, concernant une histoire d'archives perdues en 1854. Deepali avalait une quantité déraisonnable de chips de banane en expliquant à Garry comment elle était parvenue à transmuter pendant vingt-quatre heures, un soir où elle s'était trompé d'un ingrédient dans une recette de « philtre de beauté », censé donner un teint lumineux et des cheveux soyeux.

— Les racines de Grussick, disait-elle, ce n'est vraiment pas un truc à faire. J'avais des écailles partout, c'était horrible. J'ai cru que ça ne partirait jamais, je te jure, je ne voulais plus sortir de ma chambre.

— Non, ce n'était pas Joshua Villarreal, poursuivit Ajay, c'était forcément son frère, qui en avait après cette archive. Joshua n'avait aucun intérêt à la récupérer, il voulait la détruire, mais leur oncle par alliance avait déjà la main mise dessus à ce moment-là.

— Ne les avait-il pas détournés de leur famille ? lui demanda Cameron.

— J'ai parlé avec mon arrière-grand-mère hier, confia Arabella à Gail. Elle m'a dit qu'il faisait très froid, de l'autre côté du voile. Je vais essayer de la faire passer ce soir.

— Arabella, tu sais très bien que les invocations d'esprit sont interdites !

Raphaël observait ses amis d'un œil plein d'affection, sous l'ombre du grand arbre qui déployaient ses branches protectrices au-dessus de leurs têtes. L'odeur de l'herbe et de l'écorce sèche emplissait la légèreté de l'air tiède qui souffletait en faisant bruisser les feuilles. Une pression sur sa main l'arracha à sa rêverie.

— Fais apparaître un truc, lui dit Zachary, je m'ennuis.

Raphaël haussa les sourcils et sourit, amusé par tant de culot. Il tourna vers le ciel sa main qui reposait sur le ventre de son petit ami et fit naître l'illusion scintillante d'une fleur en train de pousser. Elle grandit, grandit encore, bourgeonna, éclot puis fana, avant de disparaître dans une minuscule et silencieuse explosion de petites lucioles.

— Mouais pas mal.

Zachary se retenait de sourire. Dans le fond, il avait obtenu exactement ce qu'il voulait, à savoir, l'attention de Raphaël. Il reprit ses deux mains dans les siennes et les tira de chaque côté de manière à ce qu'il l'enlace.

— T'es vraiment un trou du cul, lui fit remarquer Raphaël.

— Il y en a au moins un qui a du talent.

— Zach, gronda son petit ami, arrête de te rabaisser. Je te rappelle que tes dons de voyance m'ont sauvé la vie.

Quelques mois auparavant, ils avaient pu discuter des visions qu'avait eues Zachary et qui lui avaient permis de retrouver Raphaël, le soir où il avait attenté à ses jours. Ses dons médiumniques s'étaient énormément développés depuis.

RivalitéWhere stories live. Discover now