CHAPITRE L : Coupable mystère

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- 14 février 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Zachary avait passé une journée désagréable, peuplée de regards en coin, chuchotements inquisiteurs et ricanements dédaigneux. Il était sorti de son dernier cours en pressant le pas, pour rejoindre la bibliothèque où il devait continuer à nettoyer les étagères durant son heure de colle quotidienne. Il était occupé à la tâche quand il entendit le bruissement léger de conversations chuchotées. Il se rendit au bout de la rangée et jeta un œil à l'espace central, où avaient été disposées les tables d'étude. Non loin de lui se trouvait le groupe d'amis de Raphaël, occupé à réviser. Il vit Brook, assise près de Cameron, qui la regardait en souriant. Tous deux murmuraient. L'idée qu'elle ait lancé la rumeur le tenait fermement et il avait envie d'aller la voir, pour en avoir le cœur net. Qu'avait-il à perdre, après tout ? Le fils Valdez traversa la place à grandes enjambées puis arriva à leur niveau. Lorsqu'il s'arrêta devant leur table, l'entièreté du groupe se tut et lui jeta un regard interrogatif. Deepali le scrutait intensément. Un malaise étrange s'instigua dans l'air et il se sentit immédiatement embarrassé. Mais il prit sur lui, se tourna vers Brook et demanda :

— C'est toi, pas vrai ?

La jeune femme plissa les yeux et demanda :

— C'est moi quoi ?

— Qui a balancé la rumeur, c'est toi ?

Elle lâcha un gros soupir.

— Je n'ai rien dit du tout, je ne sais pas d'où vient cette rumeur.

— Brook, sérieux. Il n'y a que toi qui étais au courant.

— Tiens, je ne m'appelle plus « la naine » maintenant ?

Il perdit patience.

— Raphaël n'en a parlé qu'à toi, il te faisait confiance.

— Donc c'est vrai ? intervint Deepali.

Zachary lui jeta un regard étonné, puis questionna Arabella des yeux. Cette dernière fit la moue et il comprit que les filles n'avaient rien dit. Il était étonné qu'elles se soient montrées si dignes de confiance.

— Ouais, répondit-il. C'est vrai.

Deepali haussa très haut les sourcils.

— Wow, ça a le mérite d'être franc. (Elle se détourna de lui pour toucher aux papiers éparpillés devant elle.) On se demande bien ce qu'il te trouve.

— Deepali, sermonna doucement Arabella, ce n'est pas très gentil.

L'indienne leva les yeux au ciel.

— Non je suis d'accord, lança Cameron, on se le demande vraiment.

Zachary se tourna vers lui et tomba dans son regard bleu, empli de rancune.

— Il faut croire que Raphaël veut voir de la beauté là où il n'y en a pas. J'espère qu'il finira par s'en rendre compte.

Son dédain fit mal à Zachary. Pas parce qu'il se souciait de ce que Cameron ou Deepali pouvaient penser, mais parce que c'était également ce qu'il pensait.

— Je suis désolé Cameron.

Le beau blond se figea, coupé dans son élan et élargit un regard stupéfait. Il s'était préparé à attaquer Zachary sans retenue, mais ne s'était pas attendu à une telle réaction, à la fois humble et résignée.

— Désolé pour quoi, Zachary ? articula-t-il froidement.

— Pour la façon dont on t'a traité, l'année dernière. Je ne te demande pas de me pardonner, ni d'être gentil avec moi. Je te le dis parce que je le pense. Je suis désolé.

RivalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant