CHAPITRE XXXIII : Décision expéditive

620 79 86
                                    


- 24 janvier 2029 - Pennsylvanie - proximité de Pittsburgh

Le fils Valdez jaugea son ainé d'un œil sombre, réalisant qu'il le repoussait vainement et surtout, qu'il l'envoyait sur les roses, alors même que son grand frère, sous ses airs insensibles, devait s'inquiéter pour lui.

— Je suis désolé, dit-il, je n'ai pas envie de parler.

— Sans blague. Je ne sais pas ce que t'as en ce moment, mais tu ne me dis plus rien et t'es hyper bizarre. (Zachary ne répondit pas, persistant à fixer le vide.) Bon allez, t'as quoi ? C'est Dayna ? T'as le cœur brisé et t'as honte de le dire ? C'est bon il n'y a que nous, parle.

Mais Zachary ne pouvait pas. Comment révéler la vérité à son frère ? Il était retombé dans ses vieux travers, Raphaël l'avait rendu faible et malléable, tel qu'il avait toujours été. Il s'était laissé piéger, oubliant qu'en ce monde, il fallait tuer ou être tué.

— Tu ne comprendras pas, finit-il par lâcher.

— T'as plus confiance en ton grand frère ? Je te rappelle que j'étais là, moi, quand t'as eu besoin. Donc redescends deux minutes, tu veux ?

Zachary souffla par le nez et baissa les yeux. « Je suis brisé », voulut-il dire, mais ça ne sortait pas. Il avait flirté avec la félicité et se l'était violemment faite arrachée, il avait effleuré tant de douceur, ressenti tant de bonheur, que le mal dans lequel il était tombé lui semblait plus amer qu'aucun autre. Son corps était un tombeau pour son âme.

— J'ai été con, Sullivan. J'aurais dû t'écouter.

L'ainé se redressa et se tourna vers lui, les mains jointes. Il attendit, mais Zachary ne prononça pas un mot. Il lui assena un petit coup d'épaule.

— Allez, dis-moi... Je ne te laisserai pas tomber, petit frère.

Zachary jeta un œil à Sullivan, puis prit une bonne inspiration.

— J'ai... j'ai eu...

Le regard bicolore et licencieux, fiché dans le sien, s'imposa à son esprit. Le torse sculptural, les lèvres pleines ornées d'un demi sourire, le corps désiré qui ondulait au-dessus de lui, en lui... comment dire ça à son frère ? Il bafouilla :

— Ne te fous pas de ma gueule.

— Qu'est-ce que t'as fait, Zach ? demanda Sullivan, de plus en plus curieux.

— J'ai... tu te souviens du gars qu'était là, dimanche dernier ?

— Ah ! Le basse lignée. Ouais, je m'en souviens.

— On a baisé.

Sullivan avala sa salive de travers et toussa bruyamment, s'étranglant presque. Quand il se fut remis de sa quinte de toux, il posa sur son cadet un regard écarquillé et abasourdi.

— T'as baisé avec un gars ?

— Oui. (Il fronça les sourcils.) Tu peux fermer la bouche, Sullivan.

Son frère recula le menton, levant très haut les sourcils.

— Tu l'as baisé ou il t'a baisé ?

— Putain, t'es débile !

— OK, il t'a baisé.

Zachary plongea son visage dans ses mains, submergé par la honte.

— J'aurais dû me taire...

Son frère lui tapota l'épaule en hochant silencieusement la tête, affectant une mimique à mi-chemin entre l'hébétude et l'amusement.

— T'as dû avoir sacrément mal au cul pour être dans cet état. (Zachary lui jeta un regard assassin et il explosa de rire.) Je rigole petit frère ! Bon, je suppose que c'est lui, le problème ? Il t'a largué ? Attends, vous étiez ensemble ?

RivalitéWhere stories live. Discover now