CHAPITRE LI : Trop bien pour moi

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- 15 février 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Zachary, allongé dans l'obscurité de sa chambre, son kit mains libres dans les oreilles et son portable près de lui, discutait avec Raphaël depuis une heure. Il n'avait pas vu le temps passer et repoussait sans vergogne le moment où il devrait aller se coucher. Finalement, c'est son Némésis qui prit les devants, arguant qu'il devait se reposer et qu'il n'avait pas suffisamment dormi ce weekend. Le fils Valdez sourit doucement dans le noir, fixant son portable qu'il avait posé près de lui, sur son oreiller.

— T'es vraiment trop bien pour moi.

Raphaël tiqua. Il était assis sur son lit, adossé au mur, sous la lumière chaude de son plafonnier.

— Bonne nuit mon cœur.

— Non, non, non, s'empressa-t-il, une seconde. Ne raccroche pas. Pourquoi tu dis ça ?

— Quoi ? demanda Zachary.

— Que je suis trop bien pour toi.

Zachary se mordit la lèvre. Il revoyait Cameron et Deepali, il les entendait et leurs propos qui s'étaient ancrés dans son esprit le parasitaient en permanence. « On se demande bien ce qu'il te trouve », « beaucoup de filles doivent t'envier maintenant » ; « Il faut croire que Raphaël veut voir de la beauté là où il n'y en a pas » ; « C'est pour ça que tu l'as harcelé ? ».

— C'est ce que tout le monde pense, répondit-il finalement.

Raphaël s'attrista et soupira :

— On t'a dit quelque chose ? (Silence.) Mon amour, qui t'a dit ça ?

Zachary hésita longuement, puis sourit et répondit :

— Je sens qu'on va retrouver un nouveau cadavre dans des chiottes, mieux vaut que je me taise.

Son petit ami rit.

— Je croyais que tu t'en foutais de l'avis des gens, reprit-il. Tu n'arrêtes pas de le dire et tu n'arrêtes pas de t'en soucier. Je sais que c'est facile à dire, mais ne les écoute pas, OK ? Ils ne savent pas de quoi ils parlent.

Le fils Valdez pinça un sourire réconforté.

— OK, mon cœur.

— Ma mère répète toujours que ce que te disent les gens pour te blesser en dit plus sur eux que sur toi. Et je pense qu'on devrait tous les deux l'écouter.

Il s'allongea complètement. Chaque fois qu'il parlait avec son Némésis, le souvenir de la nuit fatidique remontait le flot de ses pensées, une émotion désagréable l'accompagnait et le happait, lui donnant la sensation de couler. De la détresse, de la douleur, de la folie. Il fallait qu'il détourne son attention. Son regard tomba sur le montant de son lit.

— Au fait, petit chat... j'ai des barreaux à mon lit. Je t'attacherai quand tu viendras ce weekend.

Zachary tomba des nues et son esprit papillonna, complètement halluciné. L'esprit déplacé de Raphaël ne cessait jamais de le surprendre, il débarquait à l'improviste dans tout type de situation, à tel point qu'il se montrait parfois très inapproprié. C'était une facette de lui qu'il ne montrait pas et Zachary savait qu'il en était le seul témoin. Il lâcha platement :

— T'es hors sujet.

Raphaël sourit.

— J'ai envie de te montrer à quel point je ne suis pas gentil. Ça t'évitera de penser que je suis trop bien pour toi.

Le fils Valdez ouvrit la bouche sans produire un son. La promesse de l'éros faisait danser le désir dans son bas ventre, la voix de Raphaël courait sur son corps comme une caresse, mais ses projets de domination le laissaient perplexe.

RivalitéWhere stories live. Discover now