Chapitre 2 : Vieux Souvenirs

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J'étais particulièrement fatigué ce jour-là, ayant passé ma soirée à poursuivre une voleuse aussi agile que rapide, avec une chance insolente qui avait été en ma défaveur, combien même j'ai pu lui retirer le fruit de son cambriolage. Tandis que le reste de la soirée fut accordée à proposer une nouvelle série de clichés pour le Daily Bugle, dont le temps, les problèmes d'anticipation du flash et mon désir de proposer les meilleures photographies visibles et esthétiques s'étaient terminés en une nuit blanche exaspérante.

Je me suis rendu au Daily Bugle avec ma nouvelle série de photographies pour les proposer à mon patron mais, alors que j'étais encore dans l'ascenseur, j'entendais J.Jonah Jameson crier et se plaindre. Ce ne fut que lorsque les portes mécaniques de l'ascenseur s'ouvrit que je pu voir la victime de son courroux, le tout jeune Dimitri Smerdyakov, et que j'ai pu comprendre ce qu'il lui aboyait :


" C'est quoi ces phrases à l'alambiqués ! Vous voulez que personne ne puisse comprendre vos articles ? Les gens ne lisent pas pour être instruits mais juste pour avoir l'information, tu mets en gras le plus gros et ça suffit, t'as fait ton travail ! Tu écris pour le Daily Bugle, pas pour le prix Pulitzer, fous-moi le camp avec ton torchon ! "


Le jeune débutant voulait se défendre mais le chef furieux avait anticipé tous ces arguments et les contrait avec la même véhémence, le forçant à se taire et à se laisser faire, baissant la tête, intimidé par les rugissements de son patron, et quittant son bureau dans un silence embarrassant, les lèvres et les yeux tremblants pour ne pas céder aux larmes devant tout les autres qui avaient les yeux rivés sur lui. Par chance ironique, ce fut Jameson qui mit un terme à tout cela :


" Il est nouveau, il apprendra le métier à la dure. On reprend son travail ! "


Tout aussitôt, les employés reprenaient leurs boulots tandis que Dimitri se dirigeait vers son bureau qui, par chance pour lui, se trouvait loin de la foule, en retrait du monde, où il se sentait plus libre de verser ces larmes. Je m'approcha tout de même de son bureau, pour l'aider à sa première engueulade.
En le revoyant ainsi, je repense à la première fois que j'ai fait face à lui et à ces premières injures devant mes photographies. Cela m'avait fait si mal que j'ai voulu abandonner mon poste mais, j'avais vraiment besoin de cet argent, et on finit par s'y habituer avec le temps. On comprend que c'est dans son tempérament et on commence même à différencier les nombreuses intonations dans ses colères pour discerner les vrais colères des simples reproches exprimés avec ardeur. Pour son cas, malgré sa rude réponse, en "langage Jameson-esque", c'était un gentil rappel à l'ordre sur la façon d'écrire simple et accessible du Daily Bugle.

C'était pour ça d'ailleurs que j'étais venu le voir, lui venir en aide pour adopter au plus vite la rédaction des environs. Je le retrouvais dans son bureau, les yeux rougis par les larmes, et essayant de regarder les tournures de phrases qu'il pouvait changer, mais avec les yeux vides d'un homme qui s'efforce à travailler alors qu'il n'en a pas le moral, et encore moins l'envie.


" Ne t'en fais pas, on finit par s'y habituer, il est toujours comme ça ! Lançais-je pour briser la glace

- Même avec toi ?

- Encore plus avec moi, n'oublie pas que je suis LE photographe de Spider-Man, Répondis-je en riant

- Sous ce point de vue-là

- Je peux lire ? Peut-être que je peux t'aider ...


Avant même qu'il ne me réponde à l'affirmative, je m'étais approché de son ordinateur et je lisais son article qui portait sur les manifestations de la semaine dernière contre les interventions policières en Irak. Sa plume était belle, littéraire, et son article le plus neutre possible, malgré une position idéologique flagrante en faveur des manifestants ; On avait l'impression de lire à la fois un roman et une revue sociologique, tout en gardant la fluidité de lecture que se doit d'avoir un article de presse.

Spider-Man : New-York's SaviorWhere stories live. Discover now