Désespoir

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À cet instant, cet instant où j'écris, il n'y a plus d'espoir. Je sais que je retrouverais le sourire, plus tard, et que je le perdrai à nouveau, et encore et encore car la vie est ainsi faite. Mais je me sens tellement inutile que je me demande comment je pourrais retrouver le goût du bonheur d'exister. Les larmes, qui venaient de sécher, sont sur le point de couler à nouveau. Je les retient, sur le bord de mes paupières, à cette limite où l'on peut voir les yeux briller, je les retiens parce que je ne veux pas qu'on m'entende. La douleur est cachée à l'intérieur, et de toute façon, qui pourrait comprendre ? Qui pourrait comprendre qu'il n'y a simplement rien en moi, rien devant moi ? 

Les larmes coulent, maintenant. Silencieusement, une perle salée roule sur ma peau pour venir s'écraser sur la table. Mes cils sont collés par l'humidité, mes yeux rougis. Il ne faut pas me regarder, je suis plus hideuse que jamais. J'évite avec soin de croiser mon image dans le miroir. Je lui tourne le dos. Je le hais. Non, pas le miroir, ni même mon image. C'est moi même que je méprise.

Le chat. Le chat assis sur le tapis à côté. Mon chat me fait sourire. Un frêle sourire, englouti par la tristesse gravée sur le reste du visage. J'aurai dû être un chat. J'aurai passé ma vie à dormir et manger, courir dehors ou me reposer dans les bras de mes maîtres. Mais je suis une humaine, et je dois en porter le poids. Les attentes de la société, les attentes de ma propre âme, les folies de mon imagination. Je dois me hisser pour suivre les autres, pour comprendre, pour continuer. Il faut sécher ses larmes, il faut réfléchir, il faut suer, il faut ruser, il faut faire semblant, il faut apprendre à réfléchir à leur manière, il faut se conformer, il faut anticiper, il faut faire des choix.




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Encore un texte que je publie longtemps après l'avoir écrit, mais j'en suis assez fière. Parce que c'est l'un des textes que j'ai écrit avec toute l'émotion que je ressentais.

Je sais que c'est triste, mais on passe tous par là. Je le savais aussi en l'écrivant que ça passerait, et je sais encore aujourd'hui que ça reviendra.

Je n'ai pas grand chose de plus à ajouter sur ce texte, car on n'a nul besoin de connaître les circonstances de ma tristesse à ce moment là (d'ailleurs je ne m'en souviens plus). Je suis simplement contente d'avoir pu écrire ce que je ressentais, ce désespoir.

Réflexions et pensées en vracМесто, где живут истории. Откройте их для себя