Prologue

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Février 2013, dix ans plus tôt:

Ma mère me tire à travers les couloirs de cette grande maison. Il fait nuit, ce qui a pour conséquence de rendre le lieu encore plus effrayant.

Où allons-nous et pourquoi devons-nous partir à cette heure-ci ? lui demandé-je entre deux respirations, peinant à maintenir le rythme effréné de ses pas.

Dépêche toi, il va nous trouver, me dit-elle, pour seule réponse.

Elle accélère la cadence et j'ai de plus en plus de mal à la suivre.

Cette nuit-là, maman était venue me trouver dans ma chambre, celle que j'occupe chez Juan, son amoureux. Elle m'avait dit que nous devions partir immédiatement. Je suis donc sortie du lit et elle m'a tout de suite incitée à la suivre, sans même me laisser le temps d'enlever mon pyjama.

Fatiguée de courir, je tombe à terre.

Debout sombre idiote ! m'ordonne-t-elle.

Voyant que je ne me relève pas, ma mère soupire et m'attrape par le bras d'un geste brusque. Nous reprenons notre course.

Elle s'est toujours montrée agressive avec moi. Pour une raison qui m'échappe, elle me voue une haine viscérale.

Après quelques mètres à courir, nous arrivons enfin dehors, dans le jardin.

Le contact de mes pieds sur l'herbe mouillée et fraîche de la nuit me procure des frissons.

Nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle et maman en profite pour plier les documents qu'elle tient dans les mains.

De quoi s'agit-il ?

Ne nous attardons pas plus longtemps ici et partons, me dit ma mère qui venait de finir son pliage.

Vous n'irez nulle part, j'entends derrière moi.

Je me retourne instantanément et constate que celui qui vient de parler n'est autre que le petit copain de ma mère, accompagné de deux hommes.

Ces derniers pointent des pistolets vers nous.

Un pistolet ? Mais pourquoi ?

Apeurée, je me tourne vers maman pour me rassurer, mais cette dernière se contente de m'ignorer et se place derrière moi, pour se protéger.

- Comment oses-tu me trahir de la sorte Maria ? reprit Juan. D'abord, j'apprends que tu travailles pour une mafia ennemie, ensuite tu me voles, et maintenant tu t'enfuis ? Tu vas découvrir ce que c'est de me défier. Florentin, tire lui dessus.

Avant même que ma mère n'ait le temps de réagir, un bruit retentit et son corps, sans vie, s'effondre au sol.

Je m'agenouille aussitôt auprès d'elle et des larmes me coulent sur le visage. Même si nous n'étions pas très proches toutes les deux, elle reste néanmoins ma maman, celle qui m'a porté pendant neuf mois, qui m'a donné la vie. Alors la voir ainsi, allongée et inerte, me chamboule et je suis d'un coup parcourue de tremblement.

- Maman ? Maman, ré...veille toi s'il... te plaît. Si... si tu te... réveilles, je te promets d'arrêter de te... te dé...cevoir tout le temps, je ne peux m'empêcher de dire, d'une voix chevrotante, alors que je sais pertinemment qu'elle ne m'entend pas.

Comment Juan a-t-il pu ordonner qu'on la tue ? Devant sa propre fille ?

Une fillette de six ans ne devrait jamais avoir à vivre cela. Une fillette de sept ans ne devrait jamais être traumatisée de la sorte, ne devrait jamais être marquée d'une cicatrice interne et indélébile à vie.

J'ai toujours su que Juan était quelqu'un de dangereux. Après tout, il est le chef d'une mafia, et même si je ne sais pas réellement ce que ce mot signifie, je ne pense pas que cela soit quelque chose de très bien.

Mais, malgré son métier, il s'est toujours montré gentil avec moi et maman. Il me faisait des cadeaux, et c'est lui qui m'a appris à faire du vélo. Juan m'a toujours gâté et traité comme une princesse.

N'ayant jamais connu mon père, je l'ai tout de suite vu comme une figure paternelle, quand ma mère s'est installée chez lui, lorsque j'avais trois ans. Et en dépit du fait que son fils, Pedro, et moi ne nous soyons jamais vraiment entendus, je nous voyais, tous les quatre, comme une famille.

Qu'est-ce que l'on fait de la petite ? On la tue ? demande l'homme qui venait de tirer sur ma mère, ce qui me fait sortir de mes pensées et stoppe net mes sanglots.

Je vais mourrir, moi aussi ?

Non, pas elle, répond Juan.

Il s'approche de moi, s'agenouille et place sa main dans mes cheveux noirs. Avec un calme qui contraste avec son attitude d'il y a même pas deux minutes, il me chuchote:

Je vais bien m'occuper de toi Stella, ne t'inquiètes pas. Tu vas payer l'affront de ta chère petite mère.

Sans que je ne le sache, Juan me condamnait à un sort bien pire que celui de la mort...

***

Octobre 2022, retour au présent:

Je me suis toujours demandée ce que ce serait d'avoir une vie normale. Je m'imagine vivre avec un père, une mère, et une petite-sœur qui s'appellerait Luna. On résiderait dans une maison, pas trop petite mais pas trop grande non plus. Il m'arriverait de me chamailler avec ma sœur pour des choses futiles, comme pour un pain au chocolat ou une sucette, mais au fond on s'aimerait profondément. J'irais aussi au lycée et j'aurais tout juste quelques amis: je serais la fille timide qui s'avère être drôle quand on la connait mieux. Je sortirais même avec le gars le plus populaire de l'école. Notre couple aurait été surprenant au début, mais après, tout le monde nous trouverait trop mignons.

Ça, c'est la vie que j'aurais souhaité avoir. C'est la vie que j'aurais dû avoir.

Au lieu de cela, ma mère est morte lorsque j'avais sept ans, et parfois, j'ai l'impression que je suis morte avec elle. Depuis ce jour, je ne vis plus: je survis.

Mon père étant inconnu et en l'absence de quelconque famille, lorsque ma maman est décédée, je me suis retrouvée seule. J'ai donc dû vivre avec le copain de ma mère, un certain Juan Marlano, ainsi qu'avec son fils, Pedro. Sans le savoir, j'étais condamnée à un destin des plus funestes...

Le fameux copain de ma mère n'était autre que le parrain de la célèbre mafia brésilienne: La Joia. C'était un homme sans cœur et cruel qui, avec son horrible fils, n'a cessé de me maltraiter, de me contraindre à faire des choses qu'une jeune fille ne devrait jamais avoir à faire. Depuis maintenant dix ans, je suis condamnée à être l'esclave de la mafia, et depuis dix ans, j'ai perdu toute once d'humanité.

Au début, en raison de mon jeune âge, je n'étais pas envoyée en mission. Alors pendant ce temps, j'ai été formée à devenir une tueuse, une manipulatrice et séductrice d'exception. J'ai été éduquée pour toujours parvenir à mes fins.

Ensuite, j'ai commencé à aller sur le terrain, à voler ceux qui se permettait de défier mon patron, à tuer ses ennemis.

C'est une vie difficile à laquelle j'ai déjà tenté d'échapper. Mais à chaque fois que je m'enfuyais, Juan finissait toujours par me retrouver, et les sentences de mes fuites s'avéreraient à chaque fois plus terribles les unes que les autres.

J'ai dû donc me résigner. Je ne pourrai un jour échapper à ce monde. Je suis destinée à être l'esclave de La Joia. Je suis destinée à survivre.

« Il n'y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment de compter pour quelqu'un »

C'était une chose à laquelle je n'aurai jamais droit.

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Voila,c'est la fin de ce prologue! J'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à voter et à commenter pour me donner plus de visibilité

Gros kiss ^^

Mafia CollegeWhere stories live. Discover now