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La musique qui se jouait ravissait les oreilles de Changbin, qui slalomait entre les danseurs et les invités tout en leur proposant des verres de vin, pris sans un remerciement ou même un regard. Habitué à être invisible, il pouvait en profiter pour épier la famille ducale et celle royale, invitée dans le château à l'occasion des vingt-et-un ans du fils aîné du duc. Son regard revenait régulièrement, trop souvent, se poser sur le roi Lee, nouvellement couronné. Même de loin, il se dégageait de lui une incroyable prestance et une aura d'autorité, renforcée par son visage aux traits affutés et aux yeux félins. Il semblait s'ennuyer ferme, n'avait pris part à aucune danse, et avait à peine souri à la duchesse lorsque celle-ci lui avait proposé un peu de vin, alors qu'elle était une vieille amie de sa mère.

Une noble prit le dernier verre sur son plateau, alors il quitta la foule de la salle de réception pour gagner tranquillement les cuisines, sans se presser. Il avait mal aux pieds, comme d'habitude, au dos, aux épaules ainsi qu'aux poignets, mais un bon massage de Chan y remédierait. Il avait des doigts de fée. Changbin s'arrêta un instant, dans un couloir désert, pour rajuster son pantalon, resserrant la ceinture autour de sa taille.

« - Toi. »

Il eut à peine le temps de se retourner qu'il était déjà plaqué contre le mur par un corps plus grand que le sien, deux mains attrapèrent son visage et une bouche s'écrasa sur la sienne. Changbin lâcha le plateau qu'il tenait pour mieux agripper le manteau richement brodé et il gémit presque sous l'agressivité des baisers :

« - Min... »

Le roi relâcha ses lèvres, les yeux scintillants d'adoration, et il caressa ses pommettes en soufflant :

« - Tes cheveux ont poussé, je ne t'avais pas reconnu, tu es devenu si musclé...

- Je comptais les jours jusqu'à ce qu'on annonce ta venue, avoua Changbin en l'attirant de nouveau à lui pour l'embrasser. »

Les mains de Minho glissèrent de son visage jusqu'à ses hanches, malicieuses, et le domestique secoua la tête en essayant faiblement de le repousser :

« - Tu devrais retourner là-bas-

- Au diable ce gamin pourri gâté et totalement imbécile, ronchonna le plus vieux en attaquant son cou de baisers brûlants, tu es plus important que cette stupide réception. »

Changbin sentit son cœur s'emballer stupidement et il s'autorisa quelques secondes, il ferma les yeux en mordant sa lèvre pour retenir un gémissement, le corps de Minho tout contre le sien. Mais trop rapidement des voix se firent entendre, qui approchaient, et il le repoussa en chuchotant, les yeux écarquillés :

« - Je dois- »

Le roi plaqua une main sur sa bouche en regardant autour d'eux, et il eut un rictus victorieux en attrapant sa main pour le tirer dans un renfoncement, à l'abri d'un pilier, en récupérant au passage le plateau abandonné au sol. Il colla le dos de Changbin contre la pierre avant de se mouler contre lui, un sourire espiègle au visage :

« - Ne fais aucun bruit. »

Le domestique savait pertinemment que si quiconque les apercevait ensemble, il prendrait tout le blâme, il serait accusé d'avoir séduit le roi en espérant profiter de ses faveurs. La vérité était que c'était Minho qui l'avait charmé, qui lui avait fait la cour pendant de longs mois alors qu'il n'était encore qu'un prince, recherchant sa présence dès qu'il venait chez le duc. Et Changbin, malgré tous les risques encourus, avait cédé à l'amour du roi. Comment aurait-il pu faire autrement ?

Les voix se rapprochèrent et le plus vieux se colla encore plus à lui, son souffle s'échouant sur son visage. Ils se fixèrent en silence, un regard débordant d'amour plongé dans des prunelles d'adoration, et le domestique ferma lentement les yeux quand il se fit embrasser avec toute la tendresse du monde. Rien ne valait ces baisers qui faisaient battre son cœur et trembler ses jambes.

« - Rejoins-moi dans ma chambre cette nuit, murmura Minho contre sa bouche, s'il te plaît... Mes gardes te laisseront passer.

- Comme toujours, sourit Changbin. »

Un sourire identique se peignit sur le visage du roi, qui répéta comme une promesse :

« - Comme toujours... »

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