𝟑| 𝐄𝐓𝐀𝐓 𝐒𝐄𝐂𝐎𝐍𝐃...

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Lila

Je me noie.

Je noie mon chagrin dans l'eau chaude du bain qui consume l'entièreté de mon corps.

Je tente de noyer mes pensées qui me cause de la nausée.

La tête sous l'eau, je suis en apnée, tentant de faire taire mes pensées en me privant de ce dont j'ai le plus besoin. Mes doigts s'accrochent désespérément au rebord froid de la baignoire, comme si ma raison voulait encore me sauver. Mes sens s'alertent à mesure que l'oxygène me manque, mon cœur s'accélère sous le coup de la peur, tellement que je peux sentir mon pouls cogner dans mes oreilles.

Je suis privée de toute source d'oxygène, de mon plein gré.

Je tente de m'échapper du poid appuyé sur mon corps et plus précisément sur mon cœur mais ma tristesse m'en empêche. Je ne contrôle plus mes faits et gestes, c'est désormais la colère, la tristesse, ainsi que la frustration qui à l'emprise sur mon corps.

Je ne bouge plus, me laissant aller. Les lents battements de mon cœur se font entendre contre mes tympans. Lentement, la noirceur est la seule chose que je parviens à voir. Mes doigts lâchent doucement le rebord du bain, s'engouffrant dans l'eau brûlante.

Mes yeux se ferment de moi-même, quel est l'intérêt de les laisser ouverts alors que je ne vois plus rien ? Je perd connaissance.

Je n'ai plus la notion du temps, et c'est bien mieux comme ça.

J'ai réussi à noyer mon chagrin, mais il n'y a pas que celui-ci qui a tenté désespérément de s'accrocher à la vie.

Mon coeur, lui, souffre.

Je me noie.

Je suis désolée.

Je suis morte.

Soudain, mon corps se relève sans que je ne sache pourquoi. Ma bouche s'ouvre en grand pour accueillir l'air qui me manquait, tandis que je sens mon rythme cardiaque reprendre un rythme plus normal à mesure que les secondes défilent et que je reprends connaissance.

Mon cœur hurle mais mes lèvres restent scellées. Je m'accroche aux rebords, par peur de couler à nouveau.

Qu'ai je tenté de faire...?

Je suis dans un état second quand je tente de réaliser ce qui vient de se passer. Mes yeux dérivent partout sur la pièce qui m'entoure, détaillant chaque meubles qui se trouvent à ma disposition. J'essaye d'assembler mes pensées pour ne plus être chamboulé quand l'homme m'ayant sauvé refait surface dans mon esprit.

Ses bras réconfortants s'entourant autour de mon corps frêle pour me réconforter, son odeur qui fait légèrement accélérer mon battement cardiaque. Ses yeux vairons qui ont le don de me faire tourner la tête car je n'avais encore jamais vu ça en vrai, et de si près.

Sans que je m'en rende compte, mon angoisse est devenue plus faible, ne se montrant quasiment plus grâce à la pensée qui avait surgi dans mes pensées. Le simple fait d'avoir pensé à son action m'a permis de ne plus me focaliser sur la boule logée dans ma gorge ainsi que celle dans mon ventre qui prenait de l'ampleur à chacune de mes respirations.

Mon souffle est devenu régulier, me rassurant. Une larme solitaire se dessine sur l'un de mes yeux, celle-ci ne tardant pas à se frayer un chemin sur ma joue rosâtre à cause de la chaleur de l'eau.

De la force qu'il me reste, je me relève avec délicatesse et prudence avant d'attraper une serviette entre mes doigts puis l'enroule autour de mon corps brûlant et remplis de plaques rouges.

Un hiver avec toi Where stories live. Discover now