Flashback - Aleksander

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Note de l'autrice : Merci infiniment pour les 36 k vus, ainsi que les 2.1 k d'étoiles, sur le tome 1. Vous y avez contribué et même si ce n'est pas grand-chose — comparé à d'autres histoires qui pète les scores — pour moi, c'est comme gagner à l'euro million 🤭❤️

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Vingt-quatre ans plus tôt.

J'ignore l'heure qu'il est en ce moment. Dans cette chambre, il n'y a ni télé, ni réveil ou horloge accrochée aux murs. Si je me fie au soleil qui montre le bout de son nez, avant de se coucher pour laisser place à la lune, il est tôt. Ça doit bien faire trois semaines que nous sommes enfermés ici. Dès l'instant où on nous a ramenés dans ces lieux – sans nous laisser le temps de dire au revoir à nos parents qui étaient sur le sol froid de la maison – nous avons su que notre quotidien allé changer. Je revois encore leurs corps sans vie, leurs yeux ouverts, la tache de sang qui peignait une forme autour d'eux. Daniel fait des crises nocturnes, incapable de passer un sommeil complet. Moi, c'est difficile de fermer les paupières, hanté par des cauchemars qui vont me suivre longtemps.

Lors de notre premier repas, dans une pièce vide — ou du moins presque si on ne compte pas la table et les deux chaises, qui ont décoré le centre — je me suis saisis d'un couteau, afin de m'en servir à la première occasion. Les vêtements qu'on nous avait obligé à porter, étaient des tee-shirts blancs à manches longues et un pantalon noir en laine. Pratique pour faire passer une arme le long de mon bras. À la fin du dîner, un homme assez grand et très costaud est venu nous chercher. Il a attrapé fermement le poignet de mon petit frère, lui faisant mal par la même occasion. J'ai vu rouge à ce moment précis. Sans réfléchir une seconde de plus, je me suis jeté sur lui, enfonçant la lame dans l'avant-bras de ce connard. Du sang a giclé un instant, alors qu'il poussait un cri de douleur. Nous avons pris nos jambes à notre cou et nous avons galopé le plus vite possible. À force de courir, je ne sais où, nous avons fini par atterrir dans cette chambre, dans laquelle nous nous sommes enfermés.

Personne n'est venu nous réclamer ou punir. Une dame passe régulièrement pour déposer, sur le sol, deux plateaux-repas. Elle n'avance jamais plus loin, ayant probablement peur d'être attaquée à son tour. Car, même si mon arme est restée dans la chair de cet homme, Daniel a eu l'intelligence de prendre le sien dans notre cavale. Je le tiens sans relâche dans la paume de ma main, prêt à égorger celui qui osera franchir la limite autorisée dans notre chambre.

Assis dans le lit, les genoux ramenés vers la poitrine, je regarde mon petit frère à ma droite qui dort paisiblement. Mais cela risque d'être de courte durée. Je compte chaque nuit le nombre de secondes qui passe entre chaque réveil brutal. D'ici quelques minutes, il va hurler à la mort, suppliant ces gens invisibles de l'épargner. Il n'a pas vu ces hommes comme je l'ai eu vu et entendu, toutefois, il a pu découvrir le sort auquel ont eu droit papa, ainsi que maman.

Je quitte le lit, puis rejoins la fenêtre sur ma gauche, au fond de la pièce. Je garde tout de même un œil sur la porte d'entrée face à notre couchette, ne voulant pas que quelqu'un nous prenne par surprise. Le soleil se lève lentement sur l'horizon, tandis que mes pensées se perdent sur Maria qui a été transportée par une femme dans un étage supérieur. Bientôt, je vais entendre les pas sur le plafond, et les pleurs de ma petite sœur vont suivre. Le fait de l'écouter me procure un soulagement, car, je sais qu'elle est toujours vivante.

— Non, pitié, souffle soudainement Daniel.

Je détourne mon attention de l'extérieur, pour le porter sur mon petit frère qui gigote de plus en plus.

— Trois... Deux... Un...

Son horrible cri fait du bruit dans la pièce, dès l'instant où j'arrive à zéro. Je me précipite sur le matelas, le serrant de toutes mes forces, afin qu'il sache que tout va bien.

— Il n'y a que nous, petit frère, le rassuré-je. Rien que toi et moi.

Ses pleurs viennent faire mal dans mon cœur. Je n'ai que six ans, et je suis totalement impuissant face à la détresse qu'il ressort de lui chaque jour que nous passons ici.

— Je veux qu'on rentre à la maison, s'il te plait, sanglote-t-il.

— Je... Daniel, soufflé-je en retour. Je le voudrais aussi, mais on ne peut pas partir comme ça, tu le sais bien.

Il n'a pas le temps de lui répondre, que la porte s'ouvre rapidement. L'homme blond, aux yeux gris, m'observe d'un air cruel. Je me redresse, pointe mon couteau dans sa direction, le défiant d'oser nous toucher. C'est la même personne qui est entrée dans notre maison quand les méchants ont pris la fuite. En découvrant la scène, il a ordonné à ses chiens de nous embarquer, dans un polonais parfait. Je me suis demandé si sa présence miraculeuse était un pur hasard ou non. Il n'a pas été plus choqué que cela de voir deux amoureux tués sauvagement, et au lieu d'appeler la police, il a kidnappé leurs enfants. Drôle de coïncidence.

— Tu comptes faire quoi avec ça, fiston ? m'interroge-t-il d'un rictus malsain.

— Je ne suis pas votre fils, sifflé-je, tout en serrant le manche de l'arme avec toute ma force.

D'un mouvement de tête, il impose à quatre clébards de nous saisir. Je n'ai pas le temps de blesser qui que ce soit, qu'un coup m'est porté au bras, procurant une intense douleur, afin de me faire lâcher mon couteau. Daniel supplie qu'on le laisse tranquille, tandis que je crache des insultes que je connais. Le rire de l'homme résonne dans mes oreilles, il se moque ouvertement de deux mômes qui n'ont pas la force adaptée à la situation.

Nous descendons les escaliers, puis un second jusqu'à atteindre une cave. La peur m'envahit tout à coup. Il va nous tuer de la même manière que, potentiellement, nos parents. Sans prévenir, nous sommes balancés comme de pauvres torchons, sur le sol bétonné, dans une immense pièce. Je me redresse rapidement la tête, puis me lève afin d'être prêt à contre-attaquer. Je suis surpris en découvrant ce qui s'y trouve. Une salle de sport sur la droite, un stand de tir sur la gauche et une zone de combat au fond. Plusieurs armes sont disposées sur une table près de nous. Ni une, ni deux, je me jette sur l'une d'elles et vise vers ce connard. Mon petit frère reproduit le même geste, avec une soudaine confiance qui se dégage de son corps. Mon regard noir est vissé sur lui, alors qu'il lève un sourcil, surpris par une telle volonté de l'abattre. Nous sommes deux enfants, face à cinq adultes, dont certains qui s'entrainent près de nous. Je suis prêt à décéder pour m'éviter une mort humiliante de ses mains. Je ne suis pas faible.

— Tire ! m'ordonne l'homme d'une voix sévère.

Je n'ai jamais manié une arme, ou du moins pas complètement. À part la tenir, je n'ai jamais su m'en servir, mais ce sera le moment d'apprendre. J'inspire un grand coup, le monte afin de viser sa tête, appuie sur la gâchette. Un léger clic retentit, hélas, pas la détonation. L'individu sourit au point où le coin de ses yeux se plisse dans d'affreuses rides. Mon cœur rate un battement, et malgré la peur que je chasse, mes mains deviennent moites. Je viens probablement de commettre une erreur. Il s'avance à une vitesse folle, lève le bras, puis d'un mouvement sec, rapproche sa paume de ma joue. Il s'arrête tout près sans la toucher. Je garde mes yeux plantés dans son regard, ne voulant pas lui donner satisfaction. Il espère que je pleurniche, mais jamais de la vie, je ne le ferais.

— Voyez-vous ça, une vraie petite terreur, ricane-t-il.

Ses pupilles passent de moi à mon frère, qui tient toujours le pistolet avec colère. L'homme se redresse, nous surplombant par sa grandeur. Il tourne la tête vers ses chiens, puis ajoute :

— Je savais que j'avais bien fait de les prendre avec nous. Ces deux garçons sont l'avenir de notre famille.

— Q-Quoi ?

Il se saisit, doucement de l'arme que tient Daniel, puis se reconcentre sur nous.

— Je vais faire de vous des machines de guerre. De véritables mercenaires redoutables qui n'auront pas peur de faire couler le sang, annonce-t-il.

Il arrête de parler quelques secondes, avant d'ajouter :

— Votre vie est sur le point de changer, mes enfants.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant