Chapitre 8

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Quirrell finit par trouver une potion, qui, une fois ingérée, donnerait à son hôte un corps physique. Voldemort le prévint que la magie noire avait toujours un coût et que le résultat pouvait parfois être décevant.

Cependant, il laissa le jeune professeur se débrouiller.

Il réitéra sa mise en garde lorsque la potion fut prête, mais Quirrell voulait se libérer. Il voulait récupérer le plein usage de son corps et il voulait que ses pensées les plus secrètes restent privées.

L'homme contempla un instant la fiole dont le contenu était cramoisi, et il hésita un instant. La couleur et l'aspect de la potion évoquaient le sang et l'idée de boire la mixture le répugnait. Cependant... il voulait être libéré du mage noir qui parasitait sa vie. Il avait déjà accepté de l'aider et il estimait ne pas lui en devoir plus.

Quirinus Quirrell but la potion avec une grimace, les yeux fermés. Les premières secondes, rien ne se produisit et il pensa que sa tentative avait échoué. Cependant, avant qu'il ne puisse bouger ou exprimer sa déception, une terrible douleur le faucha et il s'effondra en hurlant et en se tordant au sol.

Dans son crâne, Voldemort n'était pas mieux logé et il maudissait Quirrell de toutes ses forces. Il n'avait pas de corps physique, mais il avait l'impression de ressentir la douleur, lui rappelant la terrible nuit où il avait perdu son corps humain.

Après ce qui leur parut des heures, une forme humanoïde sembla s'extirper de Quirrell, étirant la peau de son crâne et de son dos au maximum. Avec un bruit de déchirure écœurant, la créature sombre fut libérée, reposant au sol, près de l'homme pâle et haletant.

La créature leva péniblement la tête, exposant un visage émacié et presque difforme. La chose avait deux bras, mais ce qui aurait dû être des jambes ne semblait pas assez solide pour lui permettre de marcher.

Elle ne semblait pas avoir d'épiderme, pas au sens humain du terme. Ses muscles et tendons étaient visibles sous une membrane brune, lui donnant une apparence cauchemardesque, un peu à la façon des momies antiques du cinéma moldu d'horreur qu'il avait pour habitude de présenter à ses élèves.

Quirrell se redressa légèrement et en voyant ce qui était près de lui, il rampa aussi loin que possible avec une expression de peur gravée sur le visage. En tremblant, il passa la main sur l'arrière de son crâne, soulagé de le découvrir intact.

Voyant Quirrell fuir, le visage se contracta de haine et la chose siffla « Stop ! ». Le son n'était à peine plus qu'un chuintement, mais la puissance magique contenue dans le mot suffit à figer Quirrell, qui regarda la chose approcher de lui, terrorisé.

La créature approcha lentement, moitié rampant, moitié flottant au-dessus du sol. Puis elle se pencha au-dessus de Quirrell avec un sourire effrayant, dévoilant des dents jaunies et trop pointues pour être naturelles.

— Nous sommes toujours liés, sorcier idiot.

Quirrell se figea, les yeux écarquillés, mais le bégaiement dont il avait souffert plus jeune et réussi à dépasser revint en force, l'empêchant de s'exprimer.

— Qu... qu... que ?

La créature gronda sourdement et plissa les yeux.

— Tu vas devoir me prouver ta loyauté. Je peux sortir de ton enveloppe corporelle sous cette forme incomplète, mais je sens le lien entre nous. Tant que je n'aurais pas retrouvé ma complète intégrité, je devrais me servir de toi pour préserver mon énergie.

Quirrell ne put masquer complètement son désespoir et il secoua doucement la tête, effaré.

— Comment ?

La créature ricana, semblant se délecter des émotions de l'homme, puis elle plongea vers lui avec un sourire cruel.

Quirrell ouvrit la bouche pour crier, se crispant pour faire face au choc, mais il n'y eut jamais de choc.

À la place, il eut l'impression d'être brûlé vif et il se tordit sur le sol, la bouche grande ouverte sur un cri muet. Lorsque la douleur cessa, il était haletant et il fixa le plafond, incapable de bouger.

En sentant la présence de Voldemort dans sa tête, il ferma les yeux, exténué. Il avait espéré se libérer du parasite qui contrôlait désormais sa vie, mais il semblait qu'il avait échoué...

Il se redressa lentement, avec l'impression que son crâne allait exploser. La douleur pulsait, mais il l'oublia totalement lorsqu'il se rendit compte que sa vision semblait se dédoubler. Il voyait à la fois ce qui était devant lui, mais également ce qui était derrière lui.

Choqué, il fit volte-face, sans pouvoir se défaire de cette sensation déplaisante. Une vague de nausée le secoua et il ferma les yeux, essayant de se calmer. Cependant, en fermant les yeux, il voyait nettement une partie de son appartement qui se trouvait dans son dos.

Il tendit une main tremblante pour toucher sa tête, mais lorsque sa main apparut dans ce champ de vision impossible, il la retira vivement et il se leva maladroitement.

Titubant, il se traîna jusqu'au miroir accroché dans l'entrée et il se regarda.

Son visage n'avait pas changé, en dehors du fait qu'il était terriblement pâle et que ses yeux étaient écarquillés. Le souffle court, il se tourna lentement, jusqu'à pouvoir observer le dos de son crâne.

Le visage de la créature monstrueuse ressortait, et c'était ses yeux qui lui permettaient de voir derrière lui.

Quirrell émit un gémissement de détresse avant de tomber à genoux sur le sol et de vomir.

Lorsqu'il avait possédé Quirrell en Albanie, Voldemort voulait se servir de lui pour rentrer en Angleterre et pour affronter son vieil ennemi Dumbledore.

Il n'avait pas vraiment de plan, puisque son hôte lui permettrait d'entrer dans l'école sans peine.

Il avait eu le temps de réfléchir posément à sa situation et il était parfaitement conscient qu'il devrait rapidement trouver un moyen de retrouver un corps humain. Il ne savait pas lesquels de ses Mangemorts étaient encore libres et vivants, aussi il devrait attendre d'être dans son pays natal pour les contacter et leur demander de l'aide...

Quirrell était pressé de se débarrasser de lui, mais Voldemort ne lui en voulait pas vraiment, puisqu'il était pressé de retrouver une totale autonomie. Aussi, il le laissa chercher une solution et brasser une potion censée lui redonner le corps qu'il avait perdu.

À défaut d'être efficace, les effets de la potion furent... inattendus.

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant