Chapitre 13

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Sa proie était juste devant lui, s'abreuvant dans un creux au milieu de la clairière, calme et confiante. Son pelage d'un blanc immaculé, paraissant presque lumineux malgré l'obscurité ambiante, en faisait une cible de choix.

Pourtant, malgré la présence de nombreux prédateurs dans la forêt interdite, elle allait librement, sans crainte. Aucun animal sauvage, qu'il soit d'origine moldue ou magique, ne s'en prendrait à elle, comme s'ils arrivaient à sentir qu'elle était un être pur, créé par la magie.

Voldemort se moquait bien de la pureté de la licorne ou de son caractère sacré. Il avait conscience que l'animal était beau, mais il était surtout très intéressé par ses propriétés sanguines. Ce précieux sang, argenté, qui lui permettrait de devenir plus fort et de rester en vie plus longtemps.

La vie de cet animal n'avait pas plus de valeur que la sienne après tout et il pouvait bien la sacrifier pour gagner un peu de temps, jusqu'au moment où il parviendrait à obtenir la pierre philosophale jalousement gardée par Dumbledore.

Il connaissait les légendes au sujet des licornes et ce qui était habituellement précisé : celui qui tuait une licorne était maudit et il serait condamné à vivre une demi-vie.

À une époque, il se serait probablement méfié. Cependant, il était déjà maudit, depuis la nuit où il avait attaqué les Potter. Toutes ces années où il avait erré sous forme d'esprit, il se serait satisfait d'une demi-vie... plutôt que cet ersatz d'existence.

Dorénavant, il ne s'inquiétait plus des malédictions ou des conséquences : le mal était déjà fait.

Il n'envisagea pas un seul instant d'approcher l'animal pour lui demander d'offrir librement son sang. Il était convaincu qu'il devait arracher ce qu'il convoitait, puisque la vie ne l'avait jamais favorisé... Son enfance à l'orphelinat en était la preuve.

Il laissa la licorne boire tout son saoul sans la quitter des yeux, puis il fondit subitement sur sa proie, glissant dans l'air, presque au ras du sol, jusqu'à s'agripper à son cou avec violence.

La licorne se cabra brusquement, affolée, mais avant qu'elle n'ait eu le temps de produire le moindre son, il avait planté ses dents dans la carotide palpitante et il buvait son sang directement à la source sans se soucier des mouvements désordonnés de l'animal agonisant.

Voldemort vida soigneusement l'animal de son fluide vital avant de la lâcher, satisfait. Il se sentait déjà plus fort, plus... consistant. Il abandonna le corps sur place, sans lui jeter un regard de plus. Repu, il laissa le cadavre sur place et fit demi-tour, retournant plus lentement près de son hôte, savourant la sensation de l'excitation qui résonnait encore dans son corps.

Quirrell n'avait pas bougé. Il somnolait, appuyé contre un arbre, un peu pâle, et l'espace d'un instant, Voldemort se demanda si l'homme avait besoin de lui pour vivre.

La potion qu'il avait bue les avait liés de façon imprévisible, mais Voldemort n'avait cessé de craindre que Quirrell tente de l'abandonner en arrière. Après tout, il était une sorte de parasite et rien n'empêchait l'homme de le trahir à tout moment... Il n'était pas prêt à accorder sa confiance, malgré toutes les belles promesses du professeur.

Cependant, l'air maladif de Quirrell le poussa à envisager une autre hypothèse. Peut-être que leur dépendance était mutuelle... Ainsi, Quirrell aurait besoin de sa présence pour continuer à vivre.

Voldemort pensa immédiatement qu'à l'instant où il atteindrait son but — à savoir la récupération de son corps — Quirrell serait condamné.

Cette perspective ne l'attrista pas le moins du monde. Bien que l'homme soit utile, il serait un mauvais Mangemort, bien trop délicat pour se battre et pour faire couler le sang.

Ainsi donc, Quirrell ne vivrait que tant qu'il était utile...

Durant le repas dans la Grande Salle, après l'arrivée et la répartition des élèves, Quirrell garda le regard résolument fixé sur son assiette.

Il avait assisté à la répartition de Potter et sans surprise, le gamin avait été envoyé à Gryffondor, bien que le choixpeau ait pris son temps pour annoncer sa maison. Il avait noté le froncement de sourcils de Dumbledore, alors que ce dernier avait le regard fixé sur sa montre à gousset. Cependant, le jeune Potter avait été réparti quelques secondes seulement avant d'être déclaré Choixpeauflou.

Il avait affiché un vague intérêt, comme pour le reste des élèves, sous le regard suspicieux de Rogue. Ils étaient placés côte à côte à la grande table des professeurs et Voldemort s'interrogeait de plus en plus sur l'allégeance de son ancien Mangemort. L'homme semblait mépriser le gamin tout en se montrant très attentif à ce qui se passait autour de lui.

À travers les yeux de Quirrell, Voldemort avait également remarqué que la cicatrice si particulière de l'enfant semblait le gêner lorsqu'il était proche de lui.

Il n'avait pas manqué la grimace du garçon alors qu'il le fixait avec intérêt. En dehors de cet incident, l'enfant de la prophétie n'avait rien de spécial.

Il semblait maladroit au milieu des autres enfants, un peu effrayé peut-être, mais également excité. Il n'était qu'un enfant ordinaire parmi les autres, mais ce qui le rendait spécial était la marque sur son front...

Les yeux de Voldemort étaient en permanence attirés par cette cicatrice, que le garçon essayait de masquer avec ses cheveux trop longs et indisciplinés. Il n'avait pas eu l'intention de provoquer cette blessure lors de cette lointaine nuit d'Halloween et l'Avada n'était pas censé laisser de traces.

La présence de cette vilaine cicatrice, d'un rouge presque violacé même après tant d'années, était un mystère.

L'attention de Voldemort fut détournée par Rogue, qui interrogeait Quirell avec une expression revêche. Il voulait tout savoir à propos de son voyage et l'homme si nerveux bégayait de plus en plus, essayant d'échapper à l'inquisition menée par le professeur de potions.

Voldemort prit le contrôle du corps du professeur et il se leva brusquement, prétextant une migraine soudaine. Son agitation passa inaperçue pour les élèves, mais Dumbledore lui adressa un bref sourire lorsqu'il passa à ses côtés.

Voldemort murmura une excuse vague, rappelant qu'il avait perdu l'habitude de côtoyer tant de monde et il se replia vers ses appartements, notant dans son esprit qu'il devait rester loin de Rogue tant qu'il n'aurait pas récupéré un corps physique.

Son Mangemort était un homme dangereux et Voldemort ne voulait pas lui laisser une occasion de le détrôner et de prendre sa place. Après tout, la plupart de ses Mangemorts avaient une soif de pouvoir intense et ils seraient prêts à saisir la moindre occasion de devenir plus puissants.

A travers ses yeuxWhere stories live. Discover now