Chapitre 19

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En se précipitant sur Harry Potter, Voldemort se préparait déjà à lutter pour s'imposer dans l'esprit du garçon. Il avait remarqué à quel point le gamin était déterminé et il savait qu'il aurait à batailler longuement et durement avec lui pour prendre le dessus.

Cependant, il avait oublié un élément majeur. Crucial, même.

Harry Potter semblait avoir la capacité de modifier à sa guise les règles du monde magique.

À l'instant où sa forme spirituelle entra en contact avec le garçon, le temps sembla se figer autour d'eux.

L'espace d'un bref instant, Voldemort essaya de reculer, d'éviter le contact. Mais il était bien trop tard, et il eut l'impression d'être aspiré dans l'esprit du garçon sans avoir le moindre contrôle.

Ce fut le noir, au début. Il n'y avait rien, comme si Voldemort avait été annihilé.

Ensuite, il commença à voir les souvenirs de l'enfant.

Des éclats de couleur, d'abord, probablement ses premiers pas dans le monde. Ce n'étaient que des sensations, rien de palpable.

L'enfant était en sécurité. Aimé. Nourri. Au chaud.

Heureux et satisfait.

Puis, il y eut les souvenirs de ce sinistre soir d'Halloween.

La seule chose que l'enfant avait retenue était les cris de sa mère, déchirants, suppliant de la prendre elle et de laisser son fils en vie. Le prénom hurlé, à la toute fin, le « Harry » désespéré alors que la lueur verte l'entourait et mettait fin à la vie de Lily Potter.

Les années suivantes étaient de plus en plus précises, au fur et à mesure que l'enfant grandissait. Elles étaient également beaucoup plus sombres, pleines de maltraitances et de brimades.

Loin d'être choyé comme il aurait dû l'être — il avait après tout défait le plus grand mage noir du monde magique — le petit Harry Potter avait eu l'enfance d'un elfe de maison... à condition d'être chez les sorciers les plus durs qui soient.

Voldemort aurait dû se réjouir du malheur de l'enfant de la prophétie. Il aurait dû être satisfait de voir qu'il avait souffert.

Cependant, quelque chose en lui le comprenait instinctivement.

C'était peut-être dû à sa propre enfance, bien malheureuse dans cet orphelinat dur. Pour s'en sortir sans trop de mal, il était devenu le chef de meute, terrorisant les autres enfants, les dominant sans peine... contrairement au jeune Potter qui ne pouvait qu'obéir et baisser la tête face à sa famille si intolérante.

Cependant, ce n'était pas seulement sa propre expérience. C'était bien plus viscéral.

Quelque chose le poussait à vouloir agresser les moldus encore plus, après avoir vu la souffrance de Harry Potter. Quelque chose voulait qu'il le protège, d'une façon ou d'une autre.

Bien que cette idée le répugne, il ne pouvait pas nier qu'une parcelle de son esprit avait envie d'essayer.

Il s'était juré à l'orphelinat qu'il n'aurait jamais d'enfants, qu'il ne voulait surtout pas d'un être aussi dépendant attaché à lui. Mais le jeune Potter était indépendant. Il serait probablement avide d'apprendre. Avide d'attention.

Il pourrait en faire un sorcier puissant, son égal même. Un héritier, qui briserait la carapace de sa solitude...

Horrifié, il repoussa cette idée, alors qu'il se souvenait que l'Histoire regorgeait d'hommes puissants trahis par leur propre progéniture...

Enfin, il arriva à la fin des souvenirs de l'enfant.

Les lettres de Poudlard et la fuite ridicule des moldus pour le priver de ce qui lui revenait de droit.

A travers ses yeuxWhere stories live. Discover now