XV - But we can't forget

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(-L-)

Dès lors que Rosé fut partie, je me laissai glisser le long de la porte et enfouis mon visage entre mes mains.

Je n'aurais jamais du aller à cette soirée.

Pourquoi fallait-il toujours que je complique les choses ?

D'un autre côté, c'était grâce à ce qui s'était passé hier soir que Rosé et moi avions pu nous réconcilier. J'avais du mal à l'admettre, bien évidemment, mais cela me faisait du bien de nous savoir en bon terme.
Je ne voulais pas entretenir avec elle une relation aussi compliquée que celle que nous avions.

Plus le temps passait, plus jamais du mal à trouver un mot qui pouvait définir notre lien. Dire que nous étions de simples connaissances ou des camarades de classe serait bien trop réducteur mais prétendre que nous étions seulement amies sonnait faux et incohérent. Ce que je ressentais en pensant à elle m'apportait autant de douleur que de chaleur.

Mais par dessus tout, j'avais peur. Terriblement peur des sentiments qui s'immisçaient dans mon cœur lorsqu'elle me souriait, lorsqu'elle riait aux éclats, lorsque mon regard se posait sur elle, lorsqu'elle me prenait dans ses bras ou lorsque je sentais la douceur de ses lèvres contre les miennes.

Je n'avais pas le droit de ressentir tout ça.
Je ne pouvais pas et je le savais. Pourtant, j'étais complétement impuissante face à cette tension insoutenable, face à cette situation qui devenait toxique pour mon cœur déçu et brisé en mille morceaux que je tentais de soutenir entre mes faibles bras.

Tandis que je me morfondais depuis 10 bonnes minutes, trois coups résonnèrent contre l'épaisse porte en bois. Je me levai, poussai la poignée en recouvrant mon éternelle expression neutre et découvris, sur le seuil de l'entrée, une jeune fille qui devait être plus âgée que moi de quelques années.

Son visage me semblait affreusement familier et cela eut le mérite d'éveiller mon attention. Ses cheveux châtains tombaient en cascade sur ses épaules, son visage aux traits fins avait l'air préoccupé et ses yeux noisettes me détaillaient, accompagnés d'un mince sourire qui se dessinait sur ses lèvres rosés.

Puisqu'elle ne disait rien, ce fut à moi d'engager la conversation.

- Bonjour, hasardai-je sans savoir réellement à qui je m'adressais.

- Alors c'est toi Lisa, répliqua-t-elle d'un ton enjoué.

Je fronçai les sourcils, perplexe. Elle me tendit aussitôt sa main et, par réflexe, je la serrai sans même comprendre pourquoi.

- Je suis Alice, la grande sœur de Roseanne.

Elle dut voir à mon expression que j'étais pour le moins surprise de la trouver ici.

- Je sais que ce n'est pas terrible pour une première rencontre, s'excusa-t-elle. Mais je voulais te parler en face.

Sa manière de m'observer était quelque peu étrange. La prétendue Alice paraissait scruter chacun des détails de mon visage avec curiosité, comme si elle y cherchait quelque chose sur lequel elle ne parvenait pas à mettre le doigt.
Ses mimiques me semblaient d'autant plus familières, peut-être à cause de sa ressemblance avec Rosé.

Alice jeta un coup d'œil par dessus mon épaule avant de questionner avec assurance :

- Tu es seule ?

- Mes parents ne sont pas souvent là.

Elle hocha la tête, l'air de me dire qu'elle comprenait. Puis dans la foulée, Alice proposa :

To our Lonely HeartsWhere stories live. Discover now