57| Ton chère oncle Junior

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Elisabeth

Le flash de l'appareil photo m'aveugle un instant.

Mes bras se resserrent autour de Rania dont le corps tremble comme une feuille.

— Quel magnifique portrait de famille, gloussa Juice en regardant la photo. Voilà, c'est envoyé. Il ne reste plus qu'à attendre la réponse de Damon.

L'enfoiré. Je sais que Damon va laisser parler sa rage lorsqu'il recevra cette photo de nous.

— Comment tu peux nous faire un truc pareil ?

Juice se baisse à notre hauteur et penche la tête sur le côté, me regardant avec un regard que je ne lui connaissais pas. C'est comme si une autre personne avait pris possession de lui.

— Je n'ai jamais été de votre côté, explique-t-il calmement. Toutes ces années, mon seul but était de gagner la confiance du club.

Il laisse échapper un rire avant de reprendre :

— Faut croire que j'ai été sacrément bon. Je suis même devenu VP.

Je secoue la tête, une expression de dégoût barrant mon visage.

— On te faisait confiance, sale traître.

Son sourire disparaît subitement et Juice attrape mon menton entre ses doigts brutalement, m'approchant de son visage.

— Venant de ta part, je vais le prendre pour un compliment.

Il me relâche aussi brusquement et se redresse.

— J'espère que tu es prête à devenir orpheline de père, petite, dit Juice un sourire mesquin sur les lèvres.

Je passe Rania derrière moi, l'empêchant de voir ma fille. Sur ces mots, il s'en va, sans un regard en arrière, refermant la porte derrière lui, à double tour. Lorsque je suis certaine qu'il n'est plus là, je me tourne vers Rania, dont le regard paniqué et débordant de larmes, me supplie de la sortir de là.

— Hé, tout va bien, petit ange.

Ses petits poings sont fermés sur mon pull, de chaque côté de mon corps.

— Pourquoi il fait ça ? Je veux rentrer, sanglote-t-elle.

Je la prends dans mes bras, la serrant aussi fort que possible, tentant tant bien que mal de la rassurer.

— On va sortir d'ici, je te le promets.

Je ferme les yeux, tentant à mon tour de garder mon calme face à une telle situation. Nous sommes enfermés dans une espèce de trou à rats à plusieurs minutes, si ce n'est heures de l'hôpital. Nos yeux étaient bandés à la minute où Juice nous a fait monter à l'arrière du van qui nous attendait derrière l'hôpital. La panique n'a demandé qu'à sortir à cet instant : je me faisais de nouveau enlever et ce n'était pas avec mes sœurs mais avec ma fille cette fois-ci.

Ce n'est qu'après plusieurs heures, je dirais, que nous sommes arrivées à destination. Les yeux toujours bandés, nous avons été sorties de la voiture et conduites dans cet endroit. La pièce dans laquelle nous nous trouvons est petite et délabrée. Une table est renversée à ma droite, un canapé déchiré à ma gauche et des débris jonchant le sol nous entourent.

La fenêtre derrière nous donne sur une étendue de désert et plus je regarde, plus je pourrais jurer qu'au loin j'aperçois un mur sur des kilomètres. C'est ainsi que je comprends qu'on est à la frontière mexicaine, à plus de trois heures d'Austin.

Je passe ma main sur mon visage en essayant d'empêcher la seule chose que je combats depuis des années : l'abandon. Je n'ai pas le droit d'abandonner, pas maintenant en tout cas, pas quand la vie de ma fille est entre mes mains. Mais la pression grandissante dans ma poitrine est sur le point de me faire défaillir.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant