7 | STARR

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« La solitude [...] c'est comme avoir faim ou soif. C'est une sensation que le corps nous envoie quand quelque chose nous manque pour survivre. »
- Dr. Vivek Murthy-


16:22, 14 novembre 2016.

- Monte.

Ayden m'a demandé de le rejoindre par message dans un parking près de l'école. Il cherche un deuxième casque dans le coffre de sa moto noire, que je reconnais être une Yamaha YZF-R.

– Je peux savoir où tu m'emmènes ?

– Monte et tu le sauras, répond-il taquin.

Je roule des yeux mais accepte le casque qu'il me tend. Une fois installée, Ayden démarre, le moteur ronronne et les phares s'allument éclairant le sol à nos pieds.

– C'est la première fois que tu montes ?

– Oui.

- Quand tu sens que je tourne à droite, penche ton corps légèrement vers la droite. Pareil pour la gauche. Compris ?

J'acquiesce d'un hochement de tête avant de lâcher un « oui » véhément, en réalisant que son regard est braqué droit devant.

Il roule vite et slalome entre les véhicules. J'aperçois le compteur de vitesse à l'avant, affichant un nombre bien au-delà de la limite de vitesse autorisée. Mes doigts s'agrippent fermement aux poignées arrière comme si ma vie en dépendait pourtant ce n'est pas de la peur que je ressens, c'est un sentiment inexplicable, un sentiment de liberté, d'adrénaline.

Le vent fait virevolter les quelques mèches de cheveux hors de mon casque et l'air froid parvient tout de même à pénétrer à l'intérieur de celui-ci. Le soleil a décliné vers l'ouest laissant place à son opposé indispensable. Malgré le bruit des klaxons et les vrombissements automobiles, ses éléments mêlés à la nuit créent une atmosphère harmonieuse.

Dans une ruelle étroite en arcades, à sens unique et à la visibilité réduite, à l'approche d'un passage piéton, Ayden klaxonne sans pour autant ralentir afin de, je suppose, signaler sa présence au cas où quelqu'un traverserait.

Après avoir roulé une vingtaine de minutes, ou peut-être plus je ne sais pas, le temps s'est écoulé si rapidement, on s'arrête enfin. Une fois à l'arrêt, les pieds à nouveau sur la Terre ferme, mon casque ne coopère pas et ça commence sérieusement à m'énerver. Ayden me voit galérer mais ne propose aucune aide, se contentant de me fixer, un sourire moqueur scotché aux lèvres.

Je le déteste, je l'ai déjà dit ?

Je déclare forfait et en mettant toute ma fierté de côté, me résigne à lui réclamer un coup de main. Il me fait signe d'approcher de son index avant que ses doigts chauds dénudés de ses gants, se faufilent dans mon cou. Un objet froid me fait frissonner et je remarque la chevalière en argent orné son index gauche. Nos visages sont proches et mes yeux dérivent spontanément vers le sien mais je perds rapidement mes moyens lorsqu'un cliquetis éclate et que sa voix grave brise le cours de mon observation.

– T'admires la vue ?

Ayden est indéniablement beau et je hais l'avouer tant il m'agace.

– Oui j'admirais ton bouton juste là, déments-je en pointant son nez du doigt.

– Bien tenté, mais dommage pour toi ma peau n'a aucun défaut.

– Par contre, ton manque d'humilité en est un, je réponds du tac au tac.

EMPTYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant