17 l STARR

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« Les yeux trahissent ce que les lèvres retiennent. »
- John Joos -


Au crépuscule, par derrière l'hôpital psychiatrique, Ayden m'a demandé de le rejoindre par message la veille pour me faire part de sa découverte assez troublante.

Angoissée par ce que l'on s'apprête à commettre, je me craque les doigts avec insistance, le stress rongeant mon estomac.

Ayden jette un coup d'œil vers mes mains, le sourcil arqué.

– Arrête de te faire du mal.

Je cesse une demi-seconde avant de rapidement reprendre ayant le besoin d'évacuer mon anxiété. Si je ne me craque pas les doigts, ça sera mes lèvres. Et si je m'abstiens, ce sera mes membres entiers qui trembleront d'un stress débordant, mon corps cherchant tant bien que mal à l'expulser.

En le remarquant, il retire sa chevalière en argent vissée à son annulaire avant de me la tendre. Interloquée, je l'interroge du regard.

– Tu te craques les doigts depuis tout à l'heure, se justifie-t-il. Epargne tes mains avec ça plutôt.

Malgré ses défauts, innombrables défauts, Ayden est attentionné et prévenant comme personne ne l'a jamais été avec moi. Mais est-ce que c'est justement parce que personne ne l'a été que je flanche pour la seule figure masculine qui m'offre un minimum d'attention ?

Je le gratifie et récupère la bague, la glissant à mon pouce, trop large pour les autres doigts et la tourne sur elle-même, dissipant mes mauvaises habitudes liées à l'anxiété, faisant office d'anti-stress.

J'observe la grille de l'hôpital camouflée par des arbustes, elle doit faire pas moins de deux mètres de hauteur. Ayden me fait la courte échelle et j'attéris de l'autre côté, les mains égratignées par la chute tandis que lui échoue adroitement. C'est vrai que l'escalade, ça le connaît.

A pas feutrés, je le suis de près, et par une porte du jardin extérieur, on parvient à pénétrer dans l'établissement. La mère de Keith est internée ici, je ne sais pas pour quelles raisons mais cela permet à Ayden d'avoir connaissance des plans.

Suis-je vraiment en train d'entrer par effraction dans un hôpital psychiatrique ? Moi ? Starr Harrison ? C'est impensable.

On évite minutieusement les infirmiers et le garde de nuit qui longent parfois les couloirs, dont leurs parcelles de voix transpercent le calme. Une tranquillité à laquelle on ne s'attend pas en comparaison à la diabolisation de ce lieu dans la cinématographie.

Après un temps en quête de la salle des archives, on arrive finalement à la trouver. Mission passed, respect +, pensais-je, me faisant rire seule.

Une chambre lugubre, dont un relent de poussière encombre l'air, s'offre à nous. Les dossiers sont répertoriés dans des cartons sur des étagères en métal, rouillés par le temps et organisés par ordre alphabétique.

– Occupe toi de ce côté, je fais l'autre, m'intime Ayden.

J'opine du menton et me mets à la tâche. Les dossiers des patients en milieu médical sont normalement conservés pour une durée de vingt ans à compter de la dernière date à laquelle celui-ci y a séjourné, avant d'être détruit.

EMPTYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant