12 | STARR

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« J'ai été presque amoureux de la mort apaisante. »
- John Keats -


En face du miroir de ma chambre, je scrute chaque parcelle de mon corps dans cette robe noire. Mes cheveux sont tirés vers l'arrière, plaqués en un chignon bas légèrement décoiffé, d'où je laisse quelques fines mèches ondulées dépasser depuis mes oreilles. J'ai opté pour un maquillage subtile, aux mêmes tons ternes que ma robe, un fin trait de liner, du mascara et du crayon à lèvres foncés. Avec quoi j'ai ajouté une paire de talons René Caovilla.

La sonnette résonne jusque dans ma chambre, faisant palpiter mon cœur. Ayden est là. Je coule une dernière œillade à mon reflet avant de subtiliser mon sac à la hâte et de sortir de mon cocon.

Peu habituée aux talons hauts, je descends chaque marche avec minutie afin d'éviter une chute qui me vaudrait des railleries de la part d'Ayden jusqu'à la fin de ma vie, et jusque dans mon cercueil, morte et enterrée six pieds sous terre.

Dans le vestibule, Ayden est en compagnie de ma mère. Il n'est pas trop tard pour simuler un malaise, pensé-je avant qu'il ne relève la tête dans ma direction.

Mes prunelles voguent sur son smoking noir et sa chemise à la teinte opposé, dénuée de cravate avant de remonter sur ses cheveux soigneusement peigner, et légèrement humide, qui lui retombent de part et d'autre de son front, lui octroyant ce charme magnétisant propre à lui. 

Il est attirant.

Il m'attire.

- Starr, s'exclame ma mère en bas des marches, m'ouvrant ses bras où je m'y réfugie tendrement. Tu es magnifique, me souffle-t-elle à l'oreille.

– Merci maman, murmuré-je, en avisant par-dessus son épaule l'intense regard d'Ayden sur moi.

Déstabilisée, je remercie intérieurement mon père de faire apparition dans l'entrée lorsque je me défais de l'étreinte. Mon cavalier d'un soir lui tend sa paume de main, qu'il empoigne vigoureusement.

– Bonsoir Monsieur Harrison.

– Bonsoir, lance-t-il le regard froid et analyseur. De quelle famille viens-tu ? 

– Dave ! le reprend maman.

J'ai honte que ça soit la première question qui ait éclos dans l'esprit de mon paternel à cet instant, mais Ayden ne semble pas s'en formaliser.

– Atkins. Ayden Atkins. Je suis nouveau à Trinity Hill, précise-t-il.

Il le considère un court laps de temps, l'air songeur, probablement à se demander si ce nom lui est familier ou non, avant de hocher la tête.

– Sois rentrée avant minuit, m'avertit-t-il, en reluquant ma tenue sans un quelconque commentaire.

Pourquoi de la déception m'envahit ?

– Bonne soirée Madame Harrison, déclare mon partenaire, les formalités et les présentations une fois à leurs termes.

– Pas besoin de tant de formalité voyons ! Appelle-moi Ayla, l'informe-t-elle, chaleureuse.

Il acquiesce cordialement.

– Monsieur, lance-t-il à l'égard de mon père en s'inclinant légèrement vers l'avant par respect.

Après quoi, Ayden m'adresse un sourire, tout en glissant tendrement sa main dans le creux de mes reins, si délicatement que chaque millimètres parcouru décuple par milliers les frissonnements galvanisant l'entièreté de mon corps, m'incitant à avancer vers la sortie.

EMPTYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant