II.

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Un matelas confortable, une couverture épaisse qui gardait son corps au chaud... Ô quelle sensation exquise de se réveiller sans geindre de douleur. Lorsque les paupières du jeune hobbit s'ouvrirent, ses prunelles bleues légèrement affaiblies par la lumière du soleil ont balayé la pièce dans laquelle il se trouvait. Il avait l'impression d'être dans un rêve, comme si ces dernières années n'avaient jamais existé. Pourtant, lorsqu'il frôla du bout de ses doigts sa joue droite, il sentit sous la pulpe des blessures qui avaient séchés. Il n'était pas dans un rêve et il se redressa davantage sur ses coudes, le corps finalement toujours aussi faible et la réalité lui revenant peu à peu en mémoire.

Il avait été transporté à la Cité Blanche par Gandalf, son vieil ami qu'il n'avait pas vu depuis des années, croyant qu'il avait perdu la vie à la Moria, sombrant dans les abysses juste sous ses yeux. Mais Gandalf était bel et bien vivant et Frodon n'en croyait pas ses yeux, lorsqu'il le vit là, en train de franchir la porte de sa petite chambre. Ils se regardèrent dans les yeux et les larmes, bien vite, grimpèrent dans les yeux du jeune garçon aux cheveux bruns. Le vieillard se mit à sourire et voilà que le reste de la compagnie venue lui rendre visite. Un à un, ils pénétrèrent dans sa chambre, le saluant avec émotion, l'enlaçant. Il était si heureux de revoir ses cousins, de revoir ses amis qu'il n'avait pas vu depuis des lustres. Boromir était mort, mais les autres étaient là, vivants, en bonne santé et Frodon ne pouvait s'empêcher de sourire, de les regarder et d'écouter ce qu'ils avaient à dire. Seulement, la compagnie n'était toujours pas au complet et son regard bleuté devint soudainement plus triste, se posant sur le vieillard qui comprit son jeune ami sans qu'il n'ait besoin de prononcer quoi que ce soit.

- Il a envoyé les aigles, mais il n'y avait personne.

Prononça Merry, assis sur le bord du matelas auprès de son cousin. Frodon ne répondit rien, tout comme Gandalf. Ses yeux fixaient la couverture blanche qui recouvrait ses jambes, perdu dans des pensées lointaines, ne voulant accepter cette triste réalité. Un silence s'était installé durant quelques minutes, puis il prit la parole ;

- Il faut y retourner.

- Les Terres du Mordor se noient sous la lave depuis quatre jours maintenant, Sam n'a pu survivre.

- Quatre jours ?

- Oui, tu as dormi profondément. termina Pippin en venant à son tour s'asseoir près de son cousin au bord du lit. Gandalf a survolé les Terres du Mordor plusieurs fois avec l'espoir de le retrouver.

Une question trottait dans la tête du cousin de Frodon, Merry le sentait bien alors d'un regard en biais il tenta de lui faire comprendre de ne pas la poser pour le moment, sauf que la question était sur le bout de sa langue et qu'il ne pu s'en empêcher plus longtemps ;

- Vous n'étiez pas ensemble lorsque vous avez... Lorsque vous avez détruit l'anneau ?

Un coup dans les côtes de Pippin, Merry fronçant les sourcils et le silence de nouveau s'installa dans la petite chambre où la communauté observait le jeune garçon. Les remords le rongeaient tant qu'il savait qu'il allait fondre en larmes s'il se risquait à prononcer le moindre mot pour tenter d'expliquer ce qu'il s'était passé. Tout était de sa faute car Sam ne l'aurait jamais laissé s'il ne lui avait pas ordonné. Jamais Sam n'aurait pris le chemin inverse, il serait resté à ses côtés et alors tout aurait été différent. Sûrement n'aurait-il pas été trahi par Gollum de cette façon, du moins, avec lui à ses côtés, il aurait réussi à combattre cette immonde araignée et il n'aurait pas été emmené dans cette tour maudite, laissant son ami seul porter son fardeau. Oui, c'était de sa faute et c'était un poid bien lourd à porter sur ses épaules fragiles.

Sous les paroles de Gandalf, la communauté laissa Frodon seul pour se reposer. Le cœur au bord des abîmes, il avait la sensation qu'il ne serait plus jamais heureux. Il avait durant ce long voyage perdu tant espoir de rentrer à la maison, il s'était fait à l'idée qu'il n'y aurait jamais de voyage de retour, et jamais il n'aurait pu imaginer qu'il y en ait un sans Sam. C'est alors tristement qu'il s'allongea contre son oreiller, ses doigts crispés contre le tissu bientôt humidifié par le flot de ses larmes.

Une grande table était soigneusement préparée malgré que la Cité était encore abîmée par la dernière guerre. Certains jouaient de la musique, d'autres continuaient d'apporter quelques plats. C'était un jour de fête autant qu'un jour de deuil. Le monde connaissait enfin la paix, le Seigneur des ténèbres avait péri, l'Anneau avait été détruit et le roi du Gondor allait reprendre son trône. C'était un jour de fête pour nombreux, et un jour de deuil pour les autres.

Frodon se baladait lentement, la faim qui le faisait tant souffrir quelques jours plus tôt complètement partie. Le regard perdu, il s'était arrêté pour observer les paysages au loin. La vue d'ici était sublime. L'automne allait bientôt tomber sur le monde, recouvrir les paysages peu à peu de jolies couleurs.

Il n'avait pas la tête à partager un grand repas, et il se demandait bien si quelqu'un avait réellement la tête à cela, pourtant ils étaient tous là-bas, en train de se servir et de parler entre eux.

- Vous ne voulez pas vous joindre à nous ?

- Oh Gandalf, je n'en ai pas le cœur.

- La perte de ce cher Sam nous affecte tous. Mon petit...

Sa main se tendit sur la joue de Frodon pour essuyer une larme qui tenta de fuir pour chuter le long de son menton et il le laissa seul, retrouvant le reste de la communauté. Dans quelques jours Aragorn devait prendre la couronne, c'était le retour du roi, tout un peuple l'attendait. Ce même peuple attendait également de montrer reconnaissance aux jeunes hobbits, chose que Frodon ne pouvait accepter. Aucun remerciement ne pouvait l'atteindre, il n'en était pas digne, il n'avait rien fait pour mériter cela. Pippin et Merry le méritaient, lui non. Alors, lorsqu'il entendit la communauté parler de tout cela, il cessa d'observer le paysage et retourna dans sa chambre. Il trouva un sac en fouillant et le déposa sur son matelas en prenant une grande inspiration ; il ne pouvait pas se rendre à une quelconque cérémonie, mais était-il capable de reprendre la route pour tenter de retrouver son ami ? Sam, mon cher Sam, pensait-il.

J'ai fait une promesse monsieur Frodon, une promesse... Ne le perdez pas Sam Gamgie, alors j'veux pas vous perdre, j'veux pas vous perdre...

Fixant un point fixe inexistant, les yeux humides, Frodon ressentit soudainement un élan. Il récupéra des affaires qui étaient soigneusement pliées sur une chaise et il rangea tout dans le fond du sac. Il devait partir, même si dans le fond de son cœur, reprendre la route pour aller en terre du Mordor ne le rassurait guère, il ne pouvait reprendre le cours d'une vie normale.

J'ai fait une promesse. [LOTR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant