Gabin - Promenons dans les bois 1/2

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Comment ça, « c'est d'accord » ?! C'est quoi ce guet-apens ?!

J'inspecte immédiatement les alentours, à la recherche de journalistes, l'angoisse au ventre, tandis qu'Aymeric se réjouit ouvertement. J'ai passé toute la matinée jusqu'à maintenant à assurer à Léon que le scoop sur ma nouvelle « conquête » n'était qu'un ramassis de conneries... Si là, de nouvelles photos paraissent, la rupture ne sera plus un doute, mais une certitude !

Azzedine, ce lâche, murmure « had saiid », remet en route la radio, et part en un crissement de pneus. La boule de poils qui tourne autour de mes pieds m'oblige à fixer la brune au bout de la laisse, qui sourit de toutes ses dents :

— Je ne me suis pas présentée ! s'exclame-t-elle comme si elle avait commis le pire des impairs. Stéphanie Delamare, enchantée également.

Elle plante ses pupilles dans les miennes et semble deviner ma question car elle poursuit :

— Je suis sa cousine.

Elle a l'air bien moins... sage que Victoire. Plus excentrique, moins distinguée. Elle ne fréquente assurément pas la haute. Elle doit être plus intéressante que sa binôme, donc. M'enfin, elle est bien étrange à me fixer tel un merlan frit...

Ah, elle attend que je me présente aussi...

Gabin.

Et je suis son frère, Aymeric. Toujours dans son ombre.

Je réalise m'être placé devant mon aîné, en barrière humaine. Je me racle la gorge, me recule pour être à sa droite. Je vais le laisser se déplacer sans mon aide... Car vu comment il contemple ladite Stéphanie, je comprends bien que ce projet de promenade commune ne tombera pas à l'eau...

Je serre les poings. Je ne veux pas qu'il s'attache et j'ai énormément de mal à tolérer qu'une femme s'approche. Peut-être devrais-je le pousser –au sens propre du terme-, finalement et endiguer ses tentatives de séduction.

L'amour, ça fait juste mal. Je me dois de lui épargner ça.

J'ai beau être le cadet, j'ai très vite compris qu'il était de ma responsabilité d'endosser le rôle que lui ne pouvait pas assurer vis-à-vis de moi. Celui de l'aîné qui met la raclée s'il le faut.

Paradoxalement, je tente par tous les moyens de l'exposer au moins. On me demandait de ne pas parler de lui, faire comme si j'étais enfant unique, et ça n'a fait que me rendre très pudique sur ma vie privée. Peu sont les personnes qui ont rencontré Aymeric. Son existence est la partie la plus intime de la mienne. J'avoue que d'avoir fait ce pas, involontairement, avec la blonde, me met en tension. Je n'aime pas quand les gens me volent cette proximité, je me sens privé de ma liberté de choisir, de trier.

Pendant que je me ronge les nerfs, Aymeric et les filles se sont mis en route. Je les suis, les poings lourdement enfoncés dans mes poches. Mon frère a commencé la causette et la brune tient tant bien que mal son mini-monstre en laisse, qui désormais court à côté du fauteuil, amusé par le mouvement des roues.

— Si j'ai bien compris, vous êtes bijoutière ? demande mon aîné à la petite fille Cottin.

— Gemmologue, pour être exacte, corrige Victoire.

— C'est une spécialiste aguerrie des pierres ! assure sa cousine.

La blonde rigole, complète :

— Il s'agit même là de la définition de mon métier. Mais il y a longtemps que je ne travaille plus en laboratoire. Je n'y fais que des bonds de temps à autre pour vérifier la qualité de nos arrivages avant les assemblages. Je m'occupe... Je m'occupais de plusieurs pôles au siège de l'entreprise familiale. Mes tâches avaient gagné en polyvalence.

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