T.2 | Chapitre 1

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Hillmore University, Angleterre

Lundi 8 janvier

[Kate]

Emmitouflée dans ma doudoune, je renifle bruyamment. Bon sang, j'avais oublié qu'il faisait si froid dans le nord de l'Angleterre.

Pour la dixième fois en quinze minutes, je regarde mon téléphone, ma valise posée à côté de moi, en espérant avoir reçu un message de Rebekka.

Après avoir découvert que je n'étais rien d'autre pour elle qu'un défi et une distraction dans son couple tordu, j'ai immédiatement envoyé un mail au service administratif pour annuler mon voyage. Je n'ai pas reçu de réponses ; en plus d'être en période de fête, j'ai appris sur Hillpage que la Silver House avait brûlé, ce qui a déclenché un véritable bordel logistique, le secrétariat était donc débordé. Face à cette nouvelle, j'ai ri nerveusement. Ma chambre se trouvait dans la Silver House.

Finalement, j'ai appelé mon père pour le prévenir de mon retour. Puisqu'il travaille à Hillmore, il s'est chargé de prévenir le directeur. Il m'a également tiré les vers du nez pour savoir pourquoi je voulais revenir, alors que je n'arrêtais pas de lui vanter mon bonheur. C'est donc d'une voix honteuse et avec les joues baignées de larmes que je lui ai raconté la fin tragique de mon histoire d'amour que je croyais parfaite.

Comme toujours, il n'a rien dit et s'est contenté d'un « rentre à la maison ». Même à des milliers de kilomètres de lui, je sentais le poids de sa protection asphyxiante peser sur moi. Mon père, depuis la mort de ma sœur, est incapable de me considérer comme une adulte. Pour lui, je serai à jamais une petite fille.

Réservé des transports pour rentrer en Angleterre à la dernière minute a été un enfer. Je n'ai pas réussi à trouver un billet d'avion, alors j'ai dû prendre de nombreux trains et bus avant d'arriver au Ferry qui m'a fait traverser la manche. Mon voyage a duré des jours. De longues journées à contempler le paysage hivernal de différents pays, le cœur brisé, avec pour seule pensée la bouche de Rebekka sur celle de Dave. J'ai lutté pour ne pas pleurer en public, mais dans les motels et auberges où j'ai logé durant mon périple, je n'ai pas su me retenir. Je ne compte plus le nombre d'oreillers qui ont dû absorber mes larmes.

Et me voilà de retour à Hillmore, le jour même de la rentrée du deuxième semestre, les yeux rougis et des cernes de deux kilomètres de long.

Franchement, je ne suis pas plus présentable qu'une loque. Je ne pensais pas un jour toucher le fond comme ça.

Je finis par ranger mon portable, résignée à l'idée de recevoir le moindre message. Parfois, j'espère encore qu'elle m'envoie un texto pour me dire que c'était une mauvaise blague. Je dois arrêter de me leurrer, ça n'arrivera pas.

Je suis désolée, m'a-t-elle dit. Je n'aurais pas droit à plus que ça.

Je renifle une nouvelle fois, observant le campus. Je suis près du bâtiment principal, aux abords de l'allée centrale. Plusieurs élèves ont défilé devant moi sans me voir. Tant mieux, je n'ai envie de parler à personne.

Bon, il faut que je me dépêche, sinon je vais être en retard.

J'allais me mettre en marche quand j'aperçois un groupe s'avancer. Il y a deux filles et deux garçons, je connais de réputation deux d'entre eux : Soren Halmberg et Zayn Weston, alias les Untouchables.

Je ricane intérieurement. J'ai toujours trouvé le mythe autour de ces deux étudiants complètement ridicule. Ils sont convoités par les trois-quarts des filles de l'université parce qu'ils sont inapprochables. Certes, ils sont plutôt agréables à regarder, mais ce sont loin d'être les seuls beaux mecs du campus. Pourquoi vouer un culte à deux garçons asociaux ? Cela m'échappe.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant