T.2 | Chapitre 18

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Hillmore University, Angleterre

Jeudi 7 mars

[Kate]

Je suis assise sur une chaise et attends mon tour. Aujourd'hui a lieu la collecte de sang à Hillmore. Chaque année, une ONG passe sur le campus pour prélever des dons. Au premier abord, ça peut être étonnant qu'une école universitaire remplie d'enfants de criminels aux mœurs douteuses puisse participer à un tel mouvement. Si le directeur Harrow accepte cette récolte, c'est pour renforcer la couverture de l'université auprès des autorités officielles. L'ONG passe dans plusieurs établissements scolaires, refuser pourrait attirer l'attention. Puis, notre directeur prône certaines valeurs humanistes malgré son appartenance au monde du crime. J'espère seulement que les poches de sang ne finissent pas sur le marché noir.

Chaque année, je me porte volontaire comme donneuse. Tous les volontaires font une prise de sang la semaine d'avant afin de s'assurer que leur hémoglobine est suffisamment saine pour être transféré à un autre individu. Ça permet également de faire un check-up complet. J'ai reçu mes résultats il y a quelques jours. Rien à signaler. J'ai donc été autorisée à me rendre dans l'aile aménagée pour la collecte.

Le décès de ma sœur causé par sa leucémie m'a rendue très sensible à ce genre de cause. Alors, dès ma première année ici, je me suis investie dans cette collecte de don. Étant de groupe sanguin O+, je ne suis pas donneuse universelle, néanmoins, c'est un groupe sanguin très répandu, alors j'espère qu'ajouter ma pierre à l'édifice, aussi petite soit-elle, peut sauver des vies.

Une infirmière passe la porte et cite mon nom. Je me lève, mon sac dans les bras, et la suite dans l'une des nombreuses pièces aménagées pour l'occasion. D'un sourire chaleureux, elle m'invite à m'asseoir sur la chaise longue et me demande de lever l'une de mes manches. Puisque je suis droitière, je préfère présenter mon bras gauche. Elle serre une lanière autour de mon bras, au-dessus du coude, et cherche une veine dans laquelle me piquer. Une fois sa cible choisie, elle saisit l'aiguille du cathéter.

— Attention, je vais y aller. Tu es prête ? me lance-t-elle.

J'acquiesce et détourne les yeux. Je ne crains pas ce genre de manœuvre, mais je suis plus à l'aise de regarder ailleurs, sinon mon instinct primitif reprend le dessus en m'ordonnant de fuir loin. Un léger pincement aigu m'informe que l'aiguille a percé ma peau. La soignante me relie ensuite à une petite poche à l'aide d'un tuyau et celle-ci se remplit progressivement d'un liquide rouge. Je me renfonce dans mon siège et laisse mes pensées divaguer. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire après ? Ma journée de cours est terminée et je n'ai pas très envie de retourner dans ma chambre. La natation, quant à elle, est déconseillée après un prélèvement de sang, comme toute activité sportive. Je pourrais peut-être aller à la bibliothèque pour mettre en ordre mes notes de cours ?

Oui, ça ne me semble pas mal comme programme.

— C'est terminé, m'annonce l'infirmière.

Elle fait le nécessaire pour le libérer et m'ôte le cathéter. Avec un coton, elle perce l'endroit de mon épiderme qui a été trouvé avant de me coller un pansement.

— Comment te sens-tu ? me questionne-t-elle ensuite.

— Ça va, dis-je en me redressant légèrement.

Je me sens un peu affaiblie, rien d'anormal quand le corps vient d'être drainé de presque cinq-cents millilitres de sang, mais globalement, tout va bien.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Where stories live. Discover now