PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

T.2| Chapitre 14

Hillmore University, Angleterre

Vendredi 16 février

[Kate]

C'est en poussant une longue expiration que je quitte la boutique aux articles temporaires du campus. L'idée d'y trouver différents objets ou accessoires en fonction de la période de l'année est une idée assez brillante. En ce moment, le thème mis en avant est celui de la Saint-Valentin. Je m'y suis rendue dans l'espoir de trouver une tenue pour la fête de ce soir. Le code vestimentaire pour les femmes peut se résumer en un mot : rouge. Malheureusement pour moi, j'ai oublié mon seul vêtement de soirée de cette couleur chez ma mère lorsque je suis allée chez elle en été.

Bordel.

Et maintenant, voilà que je sors bredouille du seul magasin de l'université où j'étais susceptible de me dégoter quelque chose. C'est ma faute, nous sommes déjà vendredi, je m'y prends trop tard. Ça m'apprendra. En même temps, j'étais tellement ailleurs ces derniers jours que j'avais oublié cette fête qui revient pourtant chaque année.

Peut-être que c'est un signe qui m'indique que je ne dois pas y aller ?

— Voilà ! Exactement ce qu'il me manquait ! crie une voix suraiguë derrière moi.

— Tu as eu de la chance, c'était le dernier.

Le timbre familier de la seconde personne m'intrigue. Je me retourne et découvre Evelyna accompagnée d'une blonde. Cette dernière lève un pot de vernis rouge vers le plafond comme Rafiki lève Simba vers le ciel dans le roi Lion.

— La chance n'a rien à voir là-dedans, ma petite Evy. Ce pot m'attendait, réplique la fille.

Shirley Goodwin. Je l'avais déjà croisée lorsque je me suis rendue à la fête dans le réfectoire de l'internat.

— Tu en as déjà plein.

— Faux, j'ai du rouge écarlate, du rouge framboise et du rouge pivoine. Je n'avais plus de rouge carmin.

— Comme fais-tu pour voir la différence ?

— Des années d'expérience, répond la blonde en détaillant ses ongles.

J'observe les deux jeunes femmes avec une certaine fascination. Tout les oppose, pourtant, le feeling à l'air de bien passer en elles. Alors, elles sont vraiment amies ?

Soudain, les prunelles bicolores d'Evelyna croisent les miennes. Son expression détachée qu'elle aborde la plupart du temps s'envole un instant pour laisser place à un sourire.

Grillée.

— Kate, m'interpelle-t-elle, ce qui attire l'attention de son amie.

L'une des nanas les plus populaires de l'université a désormais son regard braqué sur moi.

— Salut, dis-je en levant la main.

Elles s'approchent toutes les deux.

— Vous vous connaissez ? demande-t-elle sans aucun tact, mais sans aucune méchanceté non plus.

— Nous nous sommes déjà croisées à plusieurs reprises. Kate fait partie du club de natation.

Shirley m'inspecte de haut en bas en hochant la tête.

— Tu as trouvé ton bonheur ? me questionne Evy en jetant un coup d'œil à l'entrée de la boutique.

— Pas vraiment. J'étais venue chercher une robe pour ce soir, car je n'ai aucune tenue correspondant au thème de la fête, mais comme tu peux le voir, je sors bredouille.