Stolen life

Chapitre 12

Devinez où je me trouve deux jours plus tard ?

Bingo !

Dans la voiture d'Helen.

Est-ce que l'appât du dessin en exclu de Marlon a fonctionné ? Je pense que la réponse est plutôt évidente ! La perspective d'être la première à le voir était trop tentante pour la férue d'art que je suis.

Ce n'est peut-être pas la seule raison, mais c'est la seule acceptable, donc je m'en tiendrai à celle-ci !

— Je suis fière de toi.

La remarque d'Helen me prend de court. Fière ? De quoi ?

Elle a les yeux rivés sur la route (pour une fois !), mais elle doit sentir mon regard interrogateur, car elle précise :

— Que tu m'accompagnes une nouvelle fois ici.

Je marmonne une réponse incompréhensible.

— Avoue, c'est surtout la perspective de revoir un certain tatoueur qui t'a motivée, me taquine-t-elle.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire.

Oui, je mens honteusement. Et non, je ne souhaite pas m'attarder sur ce point !

— Mais bien sûr. À d'autres !

— Concentre-toi donc sur la route !

— Je suis une fille, je peux faire plusieurs choses à la fois, réplique Helen.

Après quelques minutes de silence, elle ajoute :

— J'aimerais bien savoir ce qu'il t'a dit pour te convaincre ? Je sais que tu ne m'as pas tout raconté ! Cette histoire de dessin n'est que la pointe émergée de l'iceberg.

Grr, pourquoi faut-il justement qu'elle choisisse cette métaphore ?

— Je sais qu'il y a plus. Et tu sais comment je le sais ?

— Dis-moi. Je suis toute ouïe de découvrir comment tu te fais des films dans ta tête !

Mon ton est clairement ironique, mais il en faut plus pour vexer Helen.

— Tes joues deviennent rouges dès que je prononce son prénom. Ce type t'a tapé dans l'œil, admets-le !

— Le seul truc qui me tape, c'est toi et sur le système, pas dans l'œil ! répliqué-je

— Je ne te juge pas, tu sais ? s'entête-t-elle. S'il ne t'avait pas tapé dans l'œil, j'aurais tenté ma chance.

— Si tu redis une nouvelle fois cette expression, c'est moi qui vais te taper, la menacé-je. Dans l'œil ou ailleurs !

— Pff, marmonne-t-elle. On est meilleures amies, normalement, on est censées tout se dire. Moi, je te raconte tous les détails croustillants de ma vie.

Et voilà, en une phrase, Helen a réussi à me donner mauvaise conscience, d'autant que les messages que j'ai échangés avec Marlon ne constituent pas la chose la plus "croustillante" qui me soit arrivée ces dernières quarante-huit heures !

Je pousse un soupir de défaite avant de lui rapporter dans les grandes lignes ce que l'on s'est écrit.

— Oh là, là, Bay, ce type est raide dingue de toi, conclut-elle.

— C'est toi qui est dingue tout court.

— Tu m'énerves à reprendre mes expressions pour les tourner en dérision. Tu vas devoir perdre cette sale manie.

Elle agite un doigt devant mon visage.

Pour la provoquer, je réponds :

— Et tu vas devoir perdre cette sale manie de ne pas garder les mains sur le volant et les yeux sur la route !