Chapitre 36

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Je redresse la tête à une telle vitesse que mes cervicales m'insultent et pivote sur moi-même dans la seconde. Je me retrouve alors face au regard glacé de Marlon. Je ne rêve pas. Il se tient bien là, devant moi, plus beau que jamais, et mon cœur l'accueille en faisant une embardée.

— Bonjour, princesse, répète-t-il avec un petit air gêné en passant ses doigts dans son éternelle mèche rebelle pour la ramener contre son bunman.

J'ignore si c'est parce que je commençais à me faire à l'idée que je ne verrai plus Marlon, mais je n'ai jamais été autant chamboulée par sa présence. Je me retrouve à court de mots. Aucune pensée cohérente n'arrive à se former dans mon esprit.

Dis quelque chose, godiche ! finit par résonner une petite voix dans ma tête.
Au même moment, quelqu'un se racle la gorge dans mon dos.

Helen.

Plusieurs éléments se connectent dans mon cerveau : son air coupable il y a quelques secondes, sa demande de ne pas lui en vouloir et la présence de Marlon. À partir de là, la conclusion est évidente : elle n'est pas étrangère à la présence de Marlon !

La honte !

Et que lui a-t-elle dit pour le faire venir ?

Surtout, pourquoi a-t-il fait le déplacement ?

Alors que mon cerveau était aux abonnés absents, quelques secondes plus tôt, il tourne maintenant à plein régime. Mes pensées s'enchaînent à une vitesse folle, au point d'avoir le tournis. Et je n'ai toujours pas décroché un seul mot.

Marlon attend toujours une réaction de ma part. Ma langue se délie alors, mais pas forcément comme il s'y attendait.

— Tu m'accordes une minute ?

J'accompagne ma question d'un index levé.

Il hoche la tête, même s'il est visiblement décontenancé par ma requête. Je me tourne alors vers Helen, l'attrape par le poignet et l'entraîne à l'écart.

— Qu'as-tu fait ? l'accusé-je dès que je juge avoir mis assez de distance entre Marlon et nous.

Mon amie n'essaie même pas de me mentir ni de prétendre qu'elle ne sait pas de quoi je veux parler. Elle passe même aussitôt aux aveux.

— As-tu vu l'état dans lequel tu te trouvais, Bay ? contre-t-elle. Je ne pouvais pas te laisser ainsi. Marlon m'a écrit hier pour me demander de te dire d'allumer ton téléphone secret. Le simple fait que tu lui aies confié cet aspect de ta vie était révélateur, mais je voulais y réfléchir un peu avant de lui répondre. Et puis, il y a eu notre petite discussion de ce midi et j'ai su que tu avais besoin d'un coup de pouce, alors j'ai décidé de te le donner.

— Helen, je ...

— Je lui ai écrit juste après la pause déjeuner en lui disant de se pointer uniquement s'il avait des intentions sérieuses envers toi.

Je la fusille du regard pour avoir osé poser une telle condition, paie ta honte ! À en juger par son manque de réaction, j'en déduis que ma remontrance visuelle ne l'émeut pas.

— Et il est là, conclut-elle, toute fière.

— Cela ne change rien, Helen.

Du moins, j'essaie très fort de m'en convaincre.

— Ma situation est toujours aussi merdique, soupiré-je.

— Baylee, je t'aime comme une sœur, alors c'est pour ça que je vais te dire ce qui suit : aie des couilles, putain ! Ce gars te plaît, tu lui plais, alors prends le taureau par les cornes et envoie chier tes parents ! Tu es une grande fille, tu n'as pas à leur obéir au doigt et à l'œil.

D'une voix adoucie, elle ajoute :

— Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire et que ce que tu vis depuis ton enfance a...

— Tu as raison, la coupé-je soudain.

Son petit discours vient d'agir comme un bon coup de pied aux fesses dont j'avais sérieusement besoin. En quelques phrases, elle vient de me remonter à bloc !

— Mes parents m'ont assez pourri la vie comme ça. Il est temps que je fasse mes propres choix, que je suive mes envies.

Et c'est de Marlon dont j'ai envie.

— Voilà qui est bien dit ! se réjouit Helen.

Je viens brièvement l'enlacer et murmure un merci sincère.

— De rien, c'est à ça que servent les meilleures amies, me répond-elle en me rendant mon étreinte.

— Et tu es la meilleure des meilleures amies, conclus-je.

— Je sais, allez c'est pas le tout, mais y a un beau gosse qui t'attend sagement et moi j'ai un cours ennuyeux à suivre.

Elle brise notre étreinte et commence à s'éloigner.

— Tu pourras me prêter tes notes pour rattraper le cours ?

Helen me dédie un grand sourire.

— À ton avis ?

Avec malice, elle ajoute :

— Par contre, il va de soi que je veux tous les détails.

Je secoue la tête sans rien répondre et la regarde s'éloigner au petit trot. De mon côté, je rejoins Marlon qui n'a pas bougé de l'endroit où je l'ai abandonné.

Avec un sourire timide, je lance :

— Salut.

— Salut, répond-il en écho.

Il repasse une main dans sa mèche et ajoute :

— J'espère que tu ne l'as pas trop disputée. À sa décharge, j'ai été assez insistant.

Je suis touchée qu'il prenne ainsi la défense de ma meilleure amie.

— Non, je suis incapable d'être en colère contre elle.

Surtout quand elle ne pense ainsi qu'à mon bien.

J'espère ne pas trop m'avancer en ajoutant :

— Je lui ai  demandé si elle pouvait me filer ses notes pour notre cours qui débute dans quelques minutes.

— Ça veut dire que je peux te kidnapper pour la prochaine heure ? me demande Marlon avec son adorable sourire à fossettes.

Dieu que cela m'avait manqué.

— Deux, le corrigé-je.

Je m'empresse ensuite d'ajouter :

— Enfin, rien ne t'oblige à...

— Deux, c'est encore mieux, me coupe Marlon.

Et re-sourire à fossettes.

A-t-il la moindre idée de l'effet qu'il produit sur moi ? Je pense que oui.

— Heu, si tu es OK, je t'invite à prendre un truc dans le café que j'ai vu là-bas.

Il désigne un point derrière lui.

— Et tu pourras continuer ton interrogatoire. Cela te tente ?

Je hoche plusieurs fois la tête, avant de lancer un timide oui du bout des lèvres.
Marlon m'éblouit avec son sourire lumineux.

— Super.


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