Chapitre 17

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Je n'ai pas besoin d'un miroir pour savoir que je suis rouge pivoine. Je vais vraiment étrangler ma meilleure amie !

— C'est un sacré numéro, commente Marlon avec ce sourire à fossette qui me trouble tant.

Je décide de prendre à mon tour la situation avec humour pour éviter une vague de gêne.

— Ne t'attache pas trop à elle, c'était la dernière fois que tu la voyais en vie.

Ma plaisanterie (enfin, je crois que c'en est une ...) arrache un nouveau sourire à Marlon.

Je dois vraiment me sauver de là, tant que j'en suis capable. Je lui tends donc son dessin en disant :

— Il est vraiment très beau. Merci pour cette exclu. Elle valait le déplacement.

Pour de vrai.

— Tu peux le garder, répond Marlon qui ne fait pas mine d'attraper la feuille.

— Quoi ? Non, c'est ton dessin ! m'exclamé-je. Il mérite d'être exposé dans la galerie avec les autres.

— Rose ne me regarde pas comme si elle avait envie de me faire des choses classées X, me taquine Marlon, pas sûr que Jack et elle aient leur place là-bas.

Il se passe ensuite une main dans la nuque, signe de nervosité et avoue de manière plus réservée :

— En réalité, je l'ai fait pour toi. Donc, ça me fait plaisir de te l'offrir. Enfin, je ne veux pas que tu te sentes obligée de ...

— Je le garde ! le coupé-je en ramenant le dessin contre ma poitrine.

Mon enthousiasme le fait sourire.

Le silence s'installe entre nous et devient vite pesant. Je regarde autour de moi, cherchant comment le briser. Marlon s'en charge en déclarant :

— Bon, eh bien, peut-être à une prochaine, Baylee.

Je réalise alors une vérité sur laquelle je ne m'étais pas encore attardée : c'est la dernière fois que je le vois. Nos routes n'auront plus jamais l'occasion de se croiser. Cela ne devrait pas, mais cette perspective me donne soudain envie de me rouler en boule.

— Si un jour, tu as envie de sauter le pas et que tu souhaites te faire tatouer, pense à moi.

— Promis.

Mais nous savons tous les deux que cela n'arrivera jamais.

— Encore merci pour le dessin. Il est vraiment magnifique.

— De rien. Je suis content qu'il te plaise.

Je tourne ensuite les talons, la feuille toujours posée contre mon cœur. Je rejoins Helen à l'accueil et lui dédie un regard assassin pour la remarque qu'elle a lancée juste avant.

Elle jette un coup d'œil curieux à ce que je tiens, mais elle peut toujours se gratter ! Je ne vais pas le lui montrer tout de suite, histoire de me venger. Je vais aussi attendre pour lui raconter – en partie – ce qui s'est passé après qu'elle nous a laissés seuls.

Après avoir salué Sonia – qui semble toujours avoir une dent contre moi – nous regagnons la voiture d'Helen. Cette dernière patiente le temps que je m'installe pour lancer :

— Alors, tu me montres ?

Entre nous, je ne pensais pas qu'elle attendrait aussi longtemps !

Je tourne la tête dans sa direction, la fixe avec un grand sourire (qui lui fait plisser les yeux) et lâche :

— Non.

— Montre-moi ce que tu tiens ! insiste-t-elle.

— Alors là, tu peux toujours courir ma vieille ! Après tous les sales coups que tu m'as joués ces deux dernières heures, tu peux t'estimer heureuse si tu vois un jour ce dessin.

Stolen lifeWhere stories live. Discover now