Chapitre 15

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Je fusille Helen du regard. Elle avait promis de ne plus aborder le sujet de cette soirée avec Dylan et non seulement elle vient de le faire, mais en plus en présence de Marlon. Elle n'aurait pas pu faire pire !

Je ne suis pas de nature violente, mais j'ai vraiment envie de la frapper pour ce qu'elle vient de faire. D'ailleurs, Helen doit se rendre compte qu'elle a dépassé les bornes et que je suis très en colère car elle adopte un air repentant. Je reporte mon attention sur Marlon qui me fixe de manière étrange.

— J'ai besoin de faire une pause clope.

Il pose son dermographe, enlève ses gants et quitte la pièce sans rien ajouter de plus.

Dès que nous sommes seules, je lance à destination d'Helen :

— Pourquoi ?

Mon ton est lourd de reproches. Comment a-t-elle pu me faire ce coup-là ? Je n'en reviens toujours pas. Cela ne lui ressemble tellement pas.

— Bay ... commence-t-elle.

— Pourquoi as-tu fait cette référence à ma mère et à mon poids ? la coupé-je. Et pourquoi as-tu abordé le sujet "Dylan", alors que tu avais promis de ne pas le faire ?

Je ne comprends vraiment pas. Depuis que l'on est amies, elle m'a jamais fait un coup bas. Elle est même toujours la première à prendre ma défense. Pourquoi me faire défaut maintenant ?

— Pour ta mère, se justifie-t-elle, Marlon était clairement en train de te traîter de fille à papa pourrie gâtée. Je ne pouvais pas le laisser dire et penser une chose pareille te concernant.

— C'est vrai qu'il est préférable qu'il me voie comme une pauvre fille, répliqué-je avec amertume.

Selon moi, aucune de ces deux visions n'est très glorieuse, mais la deuxième l'est clairement moins.

— Quant à cette remarque au sujet de Dylan, ajoute Helen, sans tenir compte de ma remarque, je plaide coupable. Je l'ai fait exprès.

Je n'en reviens pas qu'elle l'avoue !

— Pourquoi ? Et ta promesse ?

— Je sais et je m'excuse Bay, mais je voulais une preuve avant de m'emballer.

— Une preuve ? Mais de quoi ?

— Que tu plais à Marlon.

Sa réponse me prend tellement au dépourvue que je suis incapable de formuler une réponse.

— Depuis le début, il envoie des signaux, mais ils n'étaient pas totalement clairs. Je voulais donc voir si la référence à un autre homme dans ta vie allait le rendre jaloux et je crois que sa réaction parle d'elle-même, non ?!

Elle semble vraiment fière d'elle. De mon côté, je suis tellement abasourdie qu'il me faut quelques instants pour répliquer :

— C'est du grand n'importe quoi ! Il avait juste besoin d'une pause pour fumer.

— Oui et toi tu avais une envie pressante d'aller aux toilettes, tout à l'heure, réplique Helen.

— Tu sais quoi ? Je n'ai même pas envie de continuer cette discussion stupide et délirante.

— Je ...

— Si tu tiens à rester ma meilleure, je te conseille de t'arrêter là, la coupé-je en levant une main.

Je suis vraiment en colère après elle et ses hypothèses rocambolesques ne vont pas l'aider à remonter dans mon estime. Marlon jaloux du fait que je me rende à une soirée avec Dylan ? Et puis quoi encore ?! C'est du grand délire. S'il s'est arrêté au même moment, c'est une simple coïncidence. Rien de plus.

D'ailleurs, quand il revient, quelques minutes plus tard, il a l'air détendu et serein. Il n'a rien du type jaloux.

Il reprend une nouvelle paire de gants et lance à destination d'Helen :

— Prête à reprendre la séance ?

Elle hoche la tête. Il se réinstalle alors sur son tabouret et se remet à l'œuvre, le tout sans me lancer le moindre regard. Il n'y a pas à dire, Helen s'est fait tout un délire dans sa tête. Marlon n'en a clairement rien à faire de moi et de qui je fréquente.

Et moi, je ne suis qu'une pauvre fille stupide d'avoir cru, ne serait-ce que quelques minutes, que ma meilleure amie ait pu avoir raison au sujet de la réaction de Marlon.

De toute façon, même si elle avait vu juste et que Marlon était intéressé par moi, cela serait une voie sans issue. Mes parents ne pourront jamais cautionner une histoire entre lui et moi, même brève.

Helen et lui ont plaisanté au sujet du fait que je dois rester "immaculée", mais ils n'ont pas tort. Dans mon milieu, la vertue des filles est une chose prise très au sérieux, ce qui n'est évidemment pas le cas pour les garçons ! Ce n'est qu'une chose injuste de plus dans ma vie.

Le reste de la séance se déroule dans un silence que seule la musique rock et la vibration du dermographe viennent combler.

Une demi-heure plus tard, Marlon coupe définitivement sa machine. Il applique un essuie-tout généreusement humide sur la peau d'Helen et observe le rendu final de son travail, certainement à la recherche du moindre défaut. J'ai envie de m'approcher pour l'imiter, mais je préfère garder mes distances.

Satisfait, il prend son téléphone pour photographier le résultat et le montrer à Helen.

— Alors, verdict ?

— C'est encore mieux que je ne l'imaginais ! s'exclame mon amie après avoir détaillé la photo.

Elle se tourne vers moi (enfin, elle me montre sa nuque) et ajoute :

— Baylee, ton avis ?

Je prends le temps d'observer la délicatesse des traits, le jeu d'ombres et l'harmonie du rendu.

— C'est très beau, conclus-je.

Et c'est vrai. Le tatouage est plus qu'à la hauteur de ce que l'esquisse promettait, même si la peau autour de la zone est rouge et gonflée, ce qui ne met pas en valeur le rendu final.

— Content qu'il soit à votre goût, répond Marlon.

Il étale une dose généreuse d'une crème transparente avant de recouvrir la peau d'un film de cellophane.

— Garde ce pansement pendant une à deux heures, explique-t-il, puis rince-le à l'eau claire. Tu peux utiliser un peu de savon neutre, mais ne frotte pas. Ensuite, sèche-le bien et applique une crème cicatrisante que Sonia va te fournir. Mets-en plusieurs fois par jour, jusqu'à ce que le tatouage ait complètement cicatrisé. Dans les premiers jours, évite le plus possible le frottement des vêtements. Quand tu auras fini de peler, envoie-moi des photos, que je sache si des retouches doivent être faites. Si c'est le cas, nous fixerons un autre rendez-vous.

Le programme ne semble pas super réjouissant, surtout sur la partie "pelage", mais Helen ne scille pas. J'en déduis que ce doit être un processus classique.

— Ça marche, chef, répond mon amie.

Elle se lève ensuite de sa chaise et déclare :

— Je dois aller aux toilettes. On se rejoint à l'accueil, Bay ?

Sans me laisser le temps de répondre, elle ajoute :

— Marlon devait te faire voir un dessin, non ? Tu n'auras qu'à me rejoindre quand tu auras terminé. De toute façon, il faut que je paie Sonia et que je gère cette histoire de crème cicatrisante.

C'est définitif, Helen est vraiment en passe de devenir mon ancienne meilleure amie !

— Je peux t'attendre directement à l'accueil, répliqué-je aussitôt.

— Tu ne veux plus le voir ? intervient Marlon.


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