Chapitre 49

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Une fois dans l'habitacle, je m'attends à ce que la tension entre nous grimpe en flèche, mais elle n'en a pas l'occasion car Marlon m'interroge sur mon devoir le concernant et sur son avancée.

— Quand il sera fini, pourrai-je le lire ?

— Non.

Marlon détourne les yeux du volant quelques secondes pour me fusiller du regard, je lui retourne un grand sourire en retour.

— Aurais-tu peur que je voie à quel point tu es fan de mon art ? me taquine-t-il.

Pas seulement de ton art ... songé-je.

Je préfère garder le silence, plutôt que de prendre le risque de me trahir. Malheureusement, mon corps n'est pas dans mon camp et je sens mes joues s'échauffer, ce que Marlon ne manque pas de remarquer, si je me fie au petit rictus moqueur qui s'invite au coin de ses lèvres.

Même si je n'y crois pas trop, je fais une piètre tentative pour détourner la conversation en demandant :

— C'est encore loin ?

— Tu es pressée de quitter cette voiture ? réplique Marlon avec un grand sourire. Redouterais-tu de céder à mon charme ?

— Tu es en forme, ce soir, dis-moi !

— Que veux-tu, c'est le fait de te revoir après tant de temps qui me donne la patate.

Après une pause, il ajoute d'une voix charmeuse :

— À moins que l'humour soit la seule solution que j'aie trouvé pour lutter contre l'envie de trouver un petit coin tranquille pour garer la voiture afin de t'embrasser comme je le souhaite vraiment.

D'acooooooooord

Comme s'il ne venait pas de faire une remarque qui vient de mettre le feu à mon corps, Marlon ajoute d'une voix plus neutre en revenant à ma question initiale :

— Nous arrivons d'ici cinq petites minutes.

Je ne parviens pas à masquer ma surprise en découvrant que nous nous rendons dans un quartier qui appartient plutôt à mon monde, car clairement tout ce qui se trouve à moins de cinq minutes d'ici entre dans la catégorie "huppée".

Comme s'il pouvait lire mes pensées, Marlon précise :

— Stanislas, mon pote chez qui nous allons, est un avocat à la renommée assez redoutable.

Autant l'avouer, je suis encore plus surprise que Marlon soit ami avec un avocat ayant les moyens de vivre dans le coin.

Je m'en veux aussitôt pour mon préjugé et me sens honteuse de l'avoir eu. Je déteste que certaines de mes pensées soient influencées par les mentalités mesquines et étriquées de mes parents. J'essaie de lutter contre ce phénomène, mais il arrive parfois que je me fasse avoir.

Inconsciente de mon trouble, Marlon continue son explication :

— Nous avons passé pas mal d'années ensemble à l'orphelinat, jusqu'à ce qu'un parent éloigné et riche apprenne l'existence de Stanislas et vienne le chercher. Du jour au lendemain, sa vie a radicalement changé, mais il est resté le même. Il insistait même pour venir nous rendre visite.

L'orphelinat ?

Sans le vouloir, Marlon vient de me dévoiler une partie de passé et pas des plus réjouissants. S'il s'est retrouvé à l'orphelinat, c'est qu'il n'avait plus de parents pour veiller sur lui. Il n'a jamais évoqué son père, mais en l'entendant parler de sa mère, il ne fait aucun doute qu'il tenait beaucoup à elle. D'après ce qu'il vient de dire, j'en déduis qu'elle est morte quand il n'était qu'un enfant. Cela explique sa réaction vive de la dernière fois lorsque j'ai fait une remarque à son sujet. Sans le vouloir, j'ai mis les pieds dans le plat et touché un point sensible.

Stolen lifeWhere stories live. Discover now