Liam

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Greenwich, Hudson

Mes parents sont morts.

Il ne reste que Cassy, Pearl et moi.

Je crois que je suis encore en état de choc, incapable de réagir.

Ma petite sœur a failli y passer aussi.

— Je ne sais pas si je serais capable de payer le loyer de tes parents, il est assez élevé, fait mon oncle Steve autour de notre table.

Il est venu s'installer ici quand il a su pour l'accident, il est notre seule famille restante et même si nous ne sommes pas très proche de lui je suis rassuré qu'il soit là.

— Je travaillerais à côté, menté-je.

Mes valises sont prêtes, je ne resterais pas.

Je n'aurais pas la force de confronter les filles tous les jours. J'ai trop mal.

Je sais que Steve s'occupera bien de mes sœurs, il trouvera une solution pour le loyer. Je peux partir serein.

— Tu devrais aller te coucher, il se fait tard, suggère mon oncle.

J'acquiesce et monte à l'étage.

Les filles sont enfermées dans leur chambre depuis que nous sommes rentrés de l'enterrement. Je sais que je devrais aller parler avec elle mais pour leur dire quoi ?

« Ne vous inquiétez pas, ça va aller ! », ça serait un mensonge.

J'entre dans ma chambre, referme derrière moi et m'écroule sur mon lit.

À quelle heure est mon avion déjà ? J'enfonce ma main dans la poche de mon jean et en sort mon portable.

J'ai pris un vol de nuit pour faciliter le départ, les filles dorment, elles n'entendront rien.

J'attends un bon moment avant que la porte de la chambre d'ami claque dans le couloir. Mon oncle est parti dormir.

Je prends la valise que j'ai préparée avec mes affaires et la sors de ma chambre.

La première à qui je vais dire au revoir est Pearl, allongé dans ce lit encore trop grand pour elle, elle sert fort son doudou contre son buste. Je dépose un baiser contre ses cheveux et lui murmure :

— Sois forte ma Pearly, je t'aime.

Plongée dans un sommeil profond, elle ne bouge même pas un peu.

Je referme derrière moi et entre dans la chambre de Cassy.

Recroquevillé en boule contre ses draps, elle ne s'est même pas mise sous la couette. Je la borde et m'assois à ses côtés.

Je sais qu'elle s'en veut, qu'elle croit être responsable pourtant elle n'y est pour rien ... c'était un accident.

— Je penserais à vous, je reviendrais. Je t'aime plus que tout Sissi.

Je lui remets bien ses cheveux qui tombent le long de son visage et sors de la maison avant de regretter ma décision.

C'est la bonne, je dois le faire, pour moi.

*

Je n'avais pas réfléchi à ce que je ferais en arrivant ici.

Je n'ai pas beaucoup d'argent mis de côté, le quart est déjà parti dans mon billet d'avion alors il faut que je trouve une solution, rapidement.

Il me faut : un job et un logement.

Los Angeles était une évidence. Mes parents en ont toujours dit du bien, c'était leur ville. Alors, à moi de la découvrir et de me soigner.

Mais ...

Pourquoi mes mains tremblent ?

Pourquoi j'ai l'impression que ma gorge se sert ?

Pourquoi je ne peux plus respirer ?

J'aurais voulu mourir avec eux.

Je n'arriverais jamais à vivre sans mes parents, sans ma famille.

Les filles me manquent déjà.

Mes idées sombres me recouvrent l'esprit et je perds pied.

Je suis lâche.

Je me noie dans la douleur mais je n'ai rien d'autre pour aller mieux. C'est trop récent. Je sais que c'est normal ce que je ressens quand on perd un proche, mais je ne m'en remettrais pas. Ça m'a l'air insurmontable.

— Eh toi ! S'exclame une voix.

Je tourne la tête vers la source du bruit.

— Descends de là !

Assis les jambes qui pendent dans le vide, j'ai l'air d'inquiéter cette personne.

— Je vais bien, laché-je.

La silhouette se rapproche.

— Vu comment tu regardes en bas, on ne dirait pas.

Le garçon semble avoir mon âge.

Marqué par de nombreux tatouages, son apparence évoque celle d'un détenu fraîchement libéré.

— Allez, descends ! Insiste-t-il.

Je fais ce qu'il me dit pour éviter qu'il ne m'emmerde encore longtemps.

Je souffle d'exaspération avant de me rassoir sur le sol, dos au murée.

— Tu fous quoi ici à cette heure-là ?

À cause du décalage horaire, il fait encore nuit à Los Angeles.

— Mes parents sont mort, laché-je.

— Je suis pas psy, réplique-t-il.

— Dans ce cas, ne me demande pas.

Il s'assoit à mes côtés et allume une cigarette.

— T'en veux une ? Me demande-t-il.

— Je ne fume pas.

Il lève les épaules et prend une première latte.

— En fait, oui je veux bien.

Il me tend son paquet et j'en attrape une. Un sourire en coin, il me l'allume.

Pas habitué à cette fumée toxique, je tousse plusieurs fois ce qui fait rire mon voisin. Enfoiré.

— J'ai cru que tu allais sauter, me dit-il.

— Non, ça va. J'étais juste dans mes pensées.

— Tu es sûr ? Insiste-t-il.

— Oui.

Un silence s'installe entre nous.

J'ai le temps de finir ma première cigarette avant qu'il ne dise quelque chose :

— Pourquoi tu as une valise avec toi ?

— Parce que je viens d'arriver.

Il se lève, nettoie son jean et jette un coup d'oeil derrière lui.

— Je peux te proposer quelque chose.

Tout ouïe, je l'incite à continuer d'un hochement de tête.

— Tu viens avec moi, on discutera.

N'ayant aucun endroit où aller, je le suis bêtement dans sa voiture et le laisse me conduire à ce qu'il appelle « son repère ».

Et c'est comme ça que débutera ma vie chez les Reapers's.

Par le sauvetage de Cameron.

Car ce jour-là, s'il n'était pas venu, je lui ai mentis en disant que je ne sauterais pas.

L'idée avait traversé mon esprit.

Et je me suis détesté longtemps de l'avoir eu. 

Tell me whyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant