chapitre 38

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( PDV Yaniss )

J'entre en classe et m'assoie à côté de Lorenzo. Pour une fois, ça ne me dérange même pas. Je suis littéralement absorbée par mes pensées.

- Bah alors, Johannsen, t'étais où ? me demande Alvarez d'un air détaché.

Je fais un petit sourire et répond :

- Je posais mes affaires dans mon casier.

Lorenzo fronce les sourcils mais ne relève pas. Il détourne le regard. Nous avions finalement fini notre exposé d'art plastique il y a plusieurs semaines et notre prestation était minable. On s'est littéralement disputé devant tout le monde.

Le cours commence. On doit peindre un auto-portrait en essayant d'y représenter notre émotions du jour. Je me lève et vais m'assoir à un chevalet un peu écarté de tous les autres et comme à tracer les premiers traits. Pour cacher les apparences ainsi que les potentielles questions des autres élèves, je me peind avec un grand sourire, les yeux fermés, comme si je riais aux éclats.

- C'est beau, dit une voix derrière moi.

Je me retourne et vois Alonso qui regarde mon tableau avec attention.

- Le contraste est parfait, en les couleurs sont presque les mêmes que sur la version originale de Yaniss Johanssen, dit-il avec un petit sourire. Mais il y a un truc qui va pas...

Je fronce les sourcils et me tourne vers mon tableau. Il est très bien pourtant. Nan ?

- La prof a dit de représenter ton humeur du jour, explique Alonso. Sauf que tu vois, tu es tout sauf d'excellentes humeur aujourd'hui.

Je rougis un peu mais ne relève pas. Alonso soupir.

- Qu'est ce qu'il y a, Yaniss ? demande-t-il en s'asseyant à côté de moi. Je suis ton ami, tu sais, tu peux tout me dire.

Non, malheureusement. Il me prendrait pour une faible, une pauvre petite chose. Ou dans le pire des cas, Anthony lui fera du mal. J'en suis persuadée. J'affiche mon plus grand sourire et répond :

- Ne t'en fais pas Alonso, je suis juste fatiguée. J'ai veillé tard pour regarder la fin d'un film hier soir.

Je lève les yeux au ciel pour montrer la futilité de la raison de ma fatigue. Alonso n'a pas l'air convaincu mais n'insiste pas et retourne à son propre chevalet après un dernier petit sourire.

Je continue ma peinture et la sonnerie retentit une nouvelle fois. Avec un petit soupir, je rejoins mes amis. Tant que je serai avec eux, Anthony ne pourra pas m'atteindre. Du moins, il y aura quelqu'un pour m'aider...

On se dirige vers le hall pour la pause. On a après un cours de mathématiques. Deux heures pour être exact. C'est super. Achevez moi...

- Au fait, t'étais où ce matin ? me demande Anaïs.

Je lui fais un sourire et répond :

- J'étais à mon casier, je devais poser des cahiers.

Anaïs ne répond rien, puis se tourne vers Mathias. Au fond, je crois que j'aurais aimé qu'elle insiste un tout petit peu. Mon sourire s'efface quand je croise le regard d'Alvarez. J'ai l'impression qu'il ne croit pas du tout à mon histoire. Ce n'est pas un mensonge pourtant ! J'étais vraiment allé à mon casier ! J'ai juste omis quelques détails...





Après le très long cours de maths, je suis mes amis vers le self. Je n'arrive pas à manger quoi que ce soit. Je suis angoissée. Et j'ai l'impression que personne ne le voit. Ils sont tous en train de rire et de manger tranquillement, sans se soucier de mes états d'âme. Je ne peux pas leur en vouloir ! Si je ne leur dis rien, ils ne peuvent pas savoir.

Lilia se penche alors vers moi et chuchote :

- Il faut que j'aille au toilettes, tu m'accompagne, s'il te plaît ?

J'approuve et on se lève. On traverse les couloirs et Lil's entre dans les toilettes tandis que j'attends dehors, appuyée contre le mur.

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors et lis le message.

Inconnu :

Coucou petite Yaniss ! C'est Antho ! Je voulais te dire que tu as bien fait de ne rien dire à tes amis... Il aurait pû leur arriver quelque chose. Au fait pour la robe : c'est rouge. Fais ce que je te dis et n'oublie pas ; je te surveille...

Je réprime un haut le cœur et chasse mes larmes. Mon dieu. Ce connard me fait chanter. Il va s'en prendre à mes amis si je ne lui donne pas ce qu'il veut. En l'occurrence, moi.

Mon estomac se compresse et ma respiration se coupe. Je crois que pour la première fois de ma vie, je suis réellement en danger...

Lilia sort des toilettes et je me reprends rapidement. Un petit sourire sur les lèvres, je me redresse et calme ma respiration. Mon amie fronce les sourcils.

- Tu es sure que ça va ? me demande-t-elle. Tu es bizarre depuis ce matin.

- Je suis fatiguée, c'est tout.

Lilia souffle.

- Tu pense à ton frère c'est ça ?

Surprise, je passe un main dans mes cheveux chocolats et rigole nerveusement.

- C'est ça ! dis-je d'un air coupable. Il me manque, c'est tout...

Lilia me jette un regard désolé et me serre dans ses bras.

- T'inquiètes pas, ma belle, ça va lui passer, ça petite crise d'ado...

Je m'écarte en souriant et on rejoint les autres, assis contre les casiers en train de discuter. De loin, j'aperçois Anthony, qui me fait un petit sourire vainqueur, auquel je me detourne et m'assoie à mon tour. Là, je suis vraiment dans la merde...

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