Chapitre 7 : trop c'est trop

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~Sandrine, sept mois plus tard (Juillet)~

J'attends Côme ici. Trop c'est trop, vraiment trop c'est trop ! On parle de se marier depuis septembre de l'année dernière, huit mois plus tard et toujours rien de concret. Aucun geste, aucune initiative, rien de chez rien. Que de belles paroles.

Pire encore, ça fait un an que Monsieur a soit disant commencé des travaux de construction. Si on m'a emmenée quelque part pour que je puisse ne serait-ce qu'apercevoir quelque chose. RIEN ! Je suis dans la maison c'est moi qui fais tout, absolument tout. Je me disais qu'il s'occupait de ses filles, mais je viens d'apprendre que non. Pourtant il chante partout que la pension des filles lui revient cher, la scolarité de ses enfants le ruine.

La semaine dernière il fallait cotiser pour le mariage de ma petite sœur, Côme n'a même pas pu sortir 10.000f. J'ai été obligée de constituer moi-même l'enveloppe et mentir que ça venait de Côme. 50.000f j'ai dépensé.

Mais là y en a marre ! Y en a plus que marre ! Côme va me dire ce qu'il fait de son argent. Je veux bien être une aide pour mon homme, le soutenir, mais il y a des limites. Je veux savoir où l'on va surtout que je suis enceinte. Et j'espère que ça sera un garçon pour définitivement assoir ma place dans mon foyer.

Qu'on ne se mente pas, en Afrique donner à son mari un garçon vaut mieux que dix filles. Son ex a été incapable de lui donner des mâles, j'ai l'intention de ne pas suivre son chemin. Pour cela on m'a conseillé de me faire une ficelle que je mettrai à mes reins jusqu'à l'accouchement. Cette ficelle devrait provenir d'un pagne de quelqu'un qui vient de faire un garçon où qui a eu beaucoup de garçon. Ça ne me coûte rien d'essayer. Après tout, c'est la foi qui amène à l'existence.

[Bruit de portail]

Très bien. J'ai arrangé ma robe avant de sortir de la chambre. Ma maman m'a toujours dit que quel que soit le degré de colère, il faut laisser à la personne le temps d'entrer dans la maison et s'assoir. Raison pour laquelle je ne suis pas sortie directement pour la bagarre, et heureusement. Monsieur était avec des collègues et deux de ses beaux-frères. Voilà huit hommes dans ma maison que je dois nourrir tout de suite. Ma marmite ne peut suffire que pour quatre estomacs maximums et même là... on connaît l'appétit de nos hommes africains.

Ça lui aurait coûté quoi de me faire un SMS pour me prévenir ? Mais s'il retourne chez eux sans manger, c'est mon nom qu'on ira manger dans toutes les sauces gabonaises. C'est mon éducation et mon caractère qui seront remis en question. Quand on dit que le foyer n'est pas facile. Pour mes parents, pour mon honneur et celui de mon homme, je suis obligée de me plier en quatre pour les accueillir quitte à faire la réflexion à Côme plus tard.

J'ai servi des atangas (prunes au Cameroun, Safou en Kikongo) avec du sel, piment en poudre et manioc (tubercule de manioc préparé et emballé dans des feuilles). Côme s'est chargé de la boisson.

J'achète des cartons de cotis, dindons et poulets que je donne à maman pour qu'elle les fasse fumer. C'est donc cotis fumés à mettre dans des lentilles et riz rouge pour tout le monde. Je me suis affairée à faire le plus vite possible. Ensuite j'ai dressé la table et je les ai laissés entre hommes à parler de choses qui intéressent la testostérone. J'étais épuisée, sachant que je rentrais à peine du boulot.

A 23h il y avait encore deux invités dans la maison. J'ai préféré aller dormir, on parlera demain.

Au milieu de la nuit j'ai senti ses caresses, je me suis laissée faire malgré la fatigue.

Côme : tu es enceinte ?

Moi : oui.

Il y a eu un long silence. Je me suis assise sur le lit et j'ai mis la lumière, je voulais voir ce qui le rendait aussi silencieux.

Female 1 (merci de ne pas spoil svp)Where stories live. Discover now