Le maître ( Russian Mafia )

Chapitre 23

Assise sur le banc qui donnait sur le lac, Alena avait enfilé un pull en laine et un short pour profiter de ce spectacle d'un calme presque inquiétant. Tout au long de sa vie, elle s'était toujours demandée si un jour elle finirait par connaîtra le bonheur, même le plus infime. Bien qu'elle mettait tout en œuvre pour mettre des barrières autour de son cœur, elle n'en demeurait pas moins inquiète de succomber aux battements de son cœur trop rapides.

Avec une profonde inspiration elle déporta son regard sur le bateau puis sur le petit pont qui menait vers lui.

Cela faisait à peine deux semaines qu'elle connaissait cet homme et elle redoutait bien plus de tomber amoureuse de lui que de se soumettre à ses volontés.

C'est avec prudence qu'elle se mit à envisager cette relation sur le long terme et elle ne put s'empêcher d'être effrayée à l'idée que tout s'arrête brutalement. Après tout rien ne lui permettait de savoir si Sergueï Azarov possédait un cœur capable de battre pour une femme. De ce qu'elle savait c'est qu'il avait eu des soumises qui n'avaient pas réussi à combler ses désirs de dominant. À aucun moment il avait laissé entendre que l'une d'elle était parvenue à lui faire éprouver des sentiments.

- Alena ? Est-ce que tout va bien ?

Elle sursauta, posant une main sur son cœur.

Le mafieux contourna le banc pour venir s'asseoir à côté d'elle, la mine inquiète et sombre.

- Je ne voulais pas te faire peur.

- J'étais plongée dans une drôle de...torpeur, expliqua-t-elle d'une voix bredouillante en forçant un sourire.

Il remit une mèche derrière son oreille en la dévisageant.

- Je croyais que tu te reposais dans la chambre.

Dans sa voix il y avait des teintes assez mécontentes et elle ne put s'empêcher de lui sourire.

- Heureusement que tu as des caméras pour me retrouver, plaisanta-t-elle en regardant les tatouages sur sa main quand il la rabaissa.

- Heureusement en effet, confirma-t-il en tournant la tête en direction du lac.

- Je n'avais pas envie de dormir, et comme tu étais occupé je me suis dit pourquoi pas prendre un peu l'air. C'est vraiment magnifique.

- J'aime cette tranquillité, lui dit-il en reportant son attention sur elle.

Dans ses yeux, il régnait un profond mystère qu'elle brûlait sans cesse de résoudre.

- Il y a encore des questions que tu souhaites me poser ? Demanda-t-il d'une voix qui laissait entendre qu'il était prêt à l'écouter.

Alena accepta sa main qu'il venait de lui tendre et il referma ses doigts sur les siens. Il se leva et l'entraîna dans l'escalier qui menait à la terrasse.

Alena avait des questions, mais ne savait pas par où commencer. Elle ne voulait pas parler de sentiments car il était beaucoup trop tôt et l'univers de la mafia lui était fermée parce qu'il craignait qu'elle ait davantage peur de lui.

Dans le fond, Alena voulait continuer sa formation et apprendre encore d'elle-même. Sergueï avait raison. Elle apprenait à écouter les besoins de son corps, et voulait encore éprouver cette sensation indescriptible chaque fois qu'elle lisait dans ses yeux métalliques qu'il était comblé.

- Je veux encore apprendre, seulement je me demande ce qu'il me reste à savoir et qui prendra une semaine.

Il se retourna brusquement, resserrant ses doigts autour de sa main. Son visage durement ciselé la fit frémir.