Cela fait maintenant plusieurs semaines que je m'efforce de retrouver ma mobilité, aidée par Mirabelle, la kinésithérapeute qui me suit à l'hôpital. Le choc a été si intense qu'il m'a fait perdre une partie de ma motricité, et je me retrouve parfois avec des trous de mémoire. Tous les jours, elle m'encourage et me motive à me dépasser dans ces séances parfois douloureuses, mais nécessaires.
— Allez, tu peux le faire, Laelynn. Lève cette jambe un peu plus haut, me dit-elle, d'une voix douce, mais ferme.
Je grince des dents, la douleur irradiant ma cuisse.— C'est plus facile à dire qu'à faire, réponds-je, en essayant de ne pas laisser le découragement s'emparer de moi.
Elle ne se laisse pas attendrir.— Je sais que c'est difficile. Mais chaque effort te rapproche un peu plus de la guérison. Rappelle-toi de l'importance de chaque progrès, même minime.
Le gymnase de rééducation est grand et éclairé par des néons. Le sol est couvert de tapis de gymnastique multicolores, et chaque coin abrite divers équipements pour la rééducation. Les murs sont tapissés de posters motivants, mais aucun n'a réussi à apaiser la douleur qui persiste dans mon cœur et mon corps.
— Tu sais, depuis l'enlèvement, tout me parait comme dans une sorte de rêve distordu, dis-je, en tentant une autre série de levées de jambes sous son regard attentif.
Elle hoche la tête, consciente de mes traumatismes.— C'est normal, Laelynn. Ce que tu as vécu est inimaginable. Mais tu es en train de te reconstruire, petit à petit.
— Et mes trous de mémoire ? Quand je ne me souviens plus parfois de ce que j'ai fait le matin même ? Mon ton est le reflet de mon inquiétude.
Mirabelle me donne une petite tape sur l'épaule.— C'est pour ça qu'Adeline est là, pour t'aider. Elle veille sur toi. Ne t'inquiète pas trop, ces oublis sont probablement temporaires.
Adeline est la personne qui m'aide à gérer ces absences de mémoire, elle est devenue ma mémoire auxiliaire, me rappelant les petits détails du quotidien que j'oublie souvent. Elle est souriante et patiente, s'assurant que je prenne mes médicaments et que je respecte les rendez-vous importants.
Elle entre à cet instant dans la salle, un sourire bienveillant sur les lèvres.— Alors, comment ça va aujourd'hui, Laelynn ? Prête pour notre petite promenade après la séance de kiné ?
Je grogne légèrement en résistant à l'intensité de l'exercice.— Oui... enfin, si Mirabelle ne m'épuise pas avant, plaisanté-je, essayant de reprendre mon souffle.
Elle rit doucement.— Ne t'en fais pas, je suis sûre qu'elle a encore un peu de pitié en réserve.
Mirabelle sourit, mais ne lâche pas la pression.— Pitié ? Pas dans mon dictionnaire. Mais vous êtes presque prête pour la promenade. Un dernier effort, Laelynn.
Je continue l'exercice, renforcée par leur présence. Chaque mouvement est une victoire contre moi-même. Après la séance, je suis exténuée, mais satisfaite de mes progrès. Adeline et moi faisons le tour du petit jardin derrière l'hôpital, un lieu calme et apaisant avec des bancs de bois et des fleurs colorées qui apportent une touche de vie.
— Ça va ? Tu te sens mieux ?
Je hoche la tête, observant les pétales délicats des roses.— Oui, un peu. C'est toujours plus facile après les séances avec Mirabelle.
— Elle est vraiment bonne dans ce qu'elle fait, approuve Adeline.
Un silence confortable s'installe, interrompu seulement par le chant des oiseaux. Ces moments de calme sont précieux, une trêve dans le tumulte de mon esprit.
De temps en temps, Ziya, mon ami d'enfance, vient me rendre visite. Sa présence est une bouffée d'air frais, un lien avec ma vie d'avant. Durant ces visites, elle sourit toujours, essaie de me remonter le moral, et nous échangeons des souvenirs.
— Salut, Lae, lance-t-elle avec enthousiasme en me voyant.
— Ziya ! Tu es venue, m'exclamé-je, un sourire éclairant mon visage.
— Bien sûr que je suis venu. Je ne te laisserai pas toute seule ici, répond-elle en me prenant dans ses bras.
Elle m'emmène parfois marcher autour de l'hôpital, me racontant ses histoires de son quotidien, de son travail et de ses mésaventures. Ces moments partagés sont des bulles de légèreté.
— Tu te rappelles de ce vieux parc où on jouait quand on était enfants ? me demande-t-elle un jour, les yeux pétillants de nostalgie.
— Oui... bien sûr, réponds-je, une bouffée de douce tristesse me serrant la poitrine. J'aimerais tellement y retourner.
— Un jour, on ira, promet-elle avec un sourire confiant. Pour le moment, concentre-toi sur ta rééducation.
Le retour à ma chambre est toujours empreint d'une mélancolie sourde. Mes pensées sont souvent troubles, plombées par les souvenirs de l'enlèvement et de ce que j'ai enduré durant cette épreuve. Ce cauchemar revient sans cesse, perturbant mon sommeil déjà fragile.
Je vais aussi voir une psychologue, mais moins souvent que je ne le devrais. Ces sessions sont éprouvantes, comme si déterrer la douleur était essentiel pour guérir. Ma psychologue, Dr Léonie, est une femme douce, mais perspicace. Elle me pousse à parler, à relâcher mes pensées refoulées.
— Comment te sens-tu aujourd'hui, Laelynn ?
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Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]
RomanceDans la tumultueuse ville de Naples, Laelynn, une serveuse au cœur généreux, se retrouve malgré elle plongée dans les intrigues sombres de la mafia après le décès mystérieux de son père. De l'autre coté de la cité, Emrys De Rosa, l'héritier du puiss...