Chapitre 32 : Laelynn

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Les heures passent, mais le sommeil refuse de me prendre. Mes pensées tourbillonnent, enflammées par la révélation de la soirée. Comment puis-je continuer comme si de rien n'était après avoir appris une telle vérité ? Mon esprit pèse les implications, mais mon cœur bat à un rythme effréné, me ramenant sans cesse à l'instant où il a planté ses yeux dans les miens.

  Incapable de rester allongée, je me lève lentement et sors de ma chambre, mes pieds effleurant à peine le sol froid du couloir faiblement éclairé par la lumière de la lune filtrant à travers les rideaux. Sans presque m'en rendre compte, je me dirige vers sa chambre, comme si un fil invisible m'attire irrésistiblement.

  Je m'arrête devant sa porte, hésitante. Une partie de moi sait que je dois tourner les talons, mais une autre partie, guidée par un besoin profond de réconfort et de proximité, me pousse à entrer. Je tourne délicatement la poignée, la porte s'ouvrant sans un bruit.

  Il dort déjà, allongé sur le côté, une couverture tirée à moitié sur son corps nu. Son torse, sculpté et puissant, se soulève et s'abaisse doucement sous la respiration régulière du sommeil. Ses traits, d'ordinaire marqués de tension, semblent étrangement apaisés.

Je m'avance lentement vers son lit, prenant soin de ne perturber ni le silence de la chambre ni le sommeil de cet homme qui a longtemps alterné entre être mon refuge et mon tourment. Chaque pas, à peine perceptible, résonne pourtant en moi comme un appel lancinant à me rapprocher de lui. Mon cœur, insoumis, martèle une cadence frénétique qui semble ne se calmer qu'à la promesse de sa chaleur.

L'air de la pièce est dense, imprégné de cette fragrance complexe qui est la sienne, mélange de bois de santal et de cuir mêlés à une note épicée indéfinissable, rappelant les moments où son côté tendre transparaissait malgré ses éclats colériques. Cette odeur entoure mes souvenirs comme un cocon, évoquant les rares instants de tendresse qui contrastent avec les tourments récents.

Je m'immobilise un instant, laissant les réminiscences m'envahir : ses gestes doux lorsqu'il abaissait sa garde, son regard porté sur moi comme si j'étais son ancre dans un monde dévasté. En ce moment suspendu, je repense à ces occasions où il a été capable de vulnérabilité et de douceur, et où ma solitude semblait s'évanouir.

Une lutte sourde s'anime en moi, entre le désir de céder à son appel silencieux et la crainte de troubler la quiétude de cette nuit. Ce n'est pas simplement son apparence qui me tire vers lui, mais une promesse implicite de sécurité qu'il a inconsciemment semée en moi. Sous sa surface rude, une partie de moi croit en ce potentiel d'apaisement qu'il pourrait incarner.

Les doutes tourbillonnent autour de moi, mais une force plus intense, celle de mes émotions complexes — tissées d'espoir naïf, mais tenace, d'amour fragile, mais persistant — me pousse vers lui. Je me rappelle l'écho de son rire, un souvenir précieux parmi le chaos, qui ranime en moi l'idée que tout n'est pas perdu.

Peut-être est-ce la fatigue de lutter contre mes propres incertitudes, ou cette voix silencieuse en moi qui murmure que le changement est possible. Peut-être est-ce simplement la volonté de croire qu'en cet instant, il représente un îlot de sérénité. Un fil invisible, tissé de moments de grâce passée, m'incite à m'approcher. Je m'abandonne alors à cette impulsion irrépressible, espérant qu'en lui, je trouverai un bout de paix.

Il ouvre brusquement les yeux, comme s'il avait perçu ma présence dans l'obscurité. Son regard croise le mien, mais cette fois, au lieu de le détourner, il m'adresse un sourire discret, teinté d'une curiosité que je ne lui avais jamais vue jusque-là. Un bref instant, rien n'est dit, mais une compréhension tacite semble s'installer entre nous.

— Tu ne dors pas ? murmure-t-il d'une voix rauque, à peine éclaircie par le demi-sommeil.

Les mots peinent à sortir. Mes pensées sont confuses, brouillées par l'agitation de la nuit.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant