Chapitre 27 : Laelynn

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Les murs de la chambre semblent dévorés par le temps. Le papier peint, décoloré en une palette de gris et de jaunes sales, déchiré par endroits, laisse apparaître des lambeaux disgracieux de plâtre. L'air stagnant porte les relents de moisissure et d'abandon, un mélange inéluctable de pourriture et de poussière. De lourds rideaux, peut-être jadis d'un rouge éclatant, pendent tristement aux fenêtres, leurs franges effilochées dansant comme des spectres à chaque rare courant d'air. Quelques rayons de lumière ténue se frayent un chemin à travers les toiles d'araignée, soulignant la poussière en suspension dans une atmosphère presque irréelle.

Le lit sur lequel je me trouve est aussi vieilli et usé que le reste de la pièce. Le bois du cadre, peut-on deviner, a jadis été poli et brillant, mais il est maintenant fendu par endroits et grince au moindre mouvement, un gémissement lugubre émanant de l'âme du bois. Mon cœur bat à tout rompre alors que mes poignets tirent en vain contre les liens fermement serrés. Les cordes, rugueuses et abrasives, mordent ma peau à chaque tentative de mouvement, laissant des marques rouges et profondes sur mes poignets.

Autour du lit, des meubles dépareillés semblent tout droit sortis d'une autre époque. Une commode bancale aux tiroirs mal ajustés craque sous le poids de son âge. Sur la table de chevet, une lampe à pétrole éteinte, ornée d'un abat-jour en verre dépoli, et une photographie noircie par le temps, les visages imprimés sur celle-ci étant méconnaissables, perdus dans l'oubli. L'ensemble crée une ambiance morne et sinistre, un testament à l'abandon.

Tentant de me calmer, j'observe tout ce que je peux, chaque détail devenant à la fois ma distraction et mon ancre. Je ne sais pas ce qui m'attend, mais une chose est claire : je dois m'échapper de cet endroit sinistre avant que l'indéfinissable terreur qui rôde ne fasse son apparition.

Chaque seconde s'étire, remplie d'une lourdeur insoutenable. Je prends une profonde inspiration, inspirant la poussière et la moisissure. Le goût amer de la peur se mêle à cela, marquant chaque respiration tandis que je m'abandonne à l'inéluctable réalité de ma situation, déterminé à trouver une échappatoire, aussi infime soit-elle.

Alors que je fixe la chambre lugubre où je suis enfermée depuis maintenant deux jours, quelqu'un toque à la porte. Je fais semblant de dormir.

— Je t'apporte le petit déjeuner.

Aucun geste, aucune parole, le néant. Il dépose mon repas sur la table de chevet qui éclaire légèrement la pièce avant de tourner les talons et de claquer la porte derrière lui.

Je finis par me retourner pour éclairer davantage la pièce. Au moment où j'atteins le bouton de la lampe, un visage apparaît devant moi. Il appartient à cet homme, ses traits ciselés et mâchoires carrée dessinant une expression de puissance et de contrôle. Ses yeux, d'un bleu intense et envoûtant, me fixent d'une manière perçante que je n'ai jamais éprouvée auparavant. Ses cheveux noirs comme le jais sont coupés à la perfection, mais légèrement décoiffés.

Il est vêtu d'un débardeur noir qui épouse parfaitement ses muscles ciselés, révélant des épaules larges et un torse sculpté. Un jogging noir souligne la puissance de ses jambes, et sa démarche est étrangement féline malgré la rudesse apparente. Un tatouage serpente le long de son bras droit, s'achevant sur son poignet avec une minutie quasi artistique. Un sursaut et un cri de peur s'échappent de ma gorge alors que je prends conscience de sa présence.

— Non, mais vous êtes vraiment psychopathe.

Mon corps crispé et mes yeux écarquillés expriment la tension insoutenable de la scène.

— Je savais très bien que tu faisais semblant de dormir. Maintenant que tu es réveillée, tu vas pouvoir enfin manger, non ? Cela fait depuis ton arrivée que tu ne t'es pas nourrie.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant