Chapitre 43 ☁️

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En l'espace d'un clignement de paupière, mon reflet, mon ombre, tout à disparu.

Ma personne.

Je ne sens plus rien.
Je ne suis plus rien
Je ne survie plus à rien.
Je sais plus rien.
Je ne comprends plus rien.

.

.

.

.

.

Une lumière éblouissante déchire le noir, qui jusque-là m'enveloppais.
Je prends une grande ispiration.
Au moins je ne suis pas morte.
Du moins pas encore.
Mais je manque de m'étouffer, et prise dans mon élan, je me relève, m'assoie et me cambre sur ce qui me semble être un lit.
Le souffle coupée, je tente de tousser.
Tentative qui échoue.
Je crache plus que je n'expulse de l'air de mes poumons.
J'ouvre mes yeux vivement.
Mais la lumière est telle, qu'ils se referment d'eux même.
J'ai l'impression que ma rétine brûle.
Je porte mes mains à mon visage, et frictionne mes paupières.
J'ai la sensation d'avoir une poussière énorme dans l'œil, et ne pas réussir à l'extirper.
C'est tout simplement horrible.
Je retire mes mains.
Puis, plus prudemment cette fois, je rouvre un œil, mais pas en entier.
La lumière est aveuglante mais j'arrive au bout de quelques instants à ouvrir mes deux yeux.
D'ailleurs ils ont du mal à s'accoutumer à la luminosité.

-"May."

La voix et ferme.
Dure.
Froide.
Sans émotions.
Profonde.

Elle me fait tellement peur, que les mots qui sortent de sa bouche n'ont aucuns sens pour moi.
Je ne vois toujours rien, la lumière s'intensifie de secondes en secondes.
Le monde n'est maintenant plus qu'un amas de toiles blanches étendues devant mes yeux.

Mais brusquement, la lumière s'éteint, aussi rapidement que lorsque l'on meurt.
Tout est lumineux, tout va bien, puis tout s'éteint.
Comme ça.
Et on n'est plus.
Le vide.
Le noir le néant.
Plus rien.
Un peu comme il vient de se passer.
Peut être que je suis morte.
Et que maintenant ma vie s'est figée.
En même temps que les choses inaccomplies.
Du haut de mes 16 ans, on ne pourra pas dire que je n'ai rien vécu.
J'ai rencontré des personnes incroyables.
Avec qui je me suis engueulée.
Je ne ressent même pas du regret.
Je dois être morte.

Je sens mes bras tomber, mes muscles se détendre.
Je tente un coup d'œil entre les nœuds de mes bras.
Je vois du noir.
Mais pas du noir comme si j'étais perdue.
Pas comme lorsque l'on se réveille dans le noir.
J'ai des repères, mes yeux ne s'égarent pas.
C'est comme une toile tendue, noire, et que l'on éclairerait avec une lampe.
Mon rythme cardiaque se fait plus lent.
Ma respiration aussi.
Mais je suis encore obligée de respirer par la bouche.
Une goutte de sueur perle sur mon front.
J'ai les jambes en coton.
Mes bras tombent et viennent s'écraser aux côtés de mes jambes.
C'est à dire, sur un lit.
Je n'ose même pas le regarder.
J'ancre mes mains dans le matelas, et prends appuie sur ceux-ci.
Je pose tout mon pois sur mes bras pour me rassoir sur à tête du lit.
Mon dos se laisse tomber vers celle-ci.
Mais rien.
Le vide.
Je n'ai plus d'appuis, je bascule, je tombe, je perds l'équilibre, je m'envole, je penche, je m'écrase, je me fais emporter de tout mon poids dans le néant.
Dans un dernier élan, une dernière tentative, une dernière chance, un dernier espoir, un dernier souffle, un tout dernier recours, j'étire ma main vers l'avant, en hurlant.
Un cri suraigü, inhumain, déchirant.

Une main, grande, froide, glaciale, ferme, dure, assurée, violente, m'enserre la mienne, pourtant faible, craquelante et fragile.

L'électricité qui émane de sa poigne, m'électrise le corps en entier.
Une poussée d'adrénaline me tiraille les intestins et m'engage à me retenir au bras de cet inconnu sorti de nulle part.
Mon corps se stabilise.
S'il me lâche, c'en est fini de moi.
Mon sang se fige dans mes veines.
Mon cœur s'arrête de battre.
Lorsque je vois.
Le visage de celui qui me retient.
Il n'a pas de visage.
Seulement de la peau.
Je hurle, je crie, je me débat.
Je lui ordonne de ma laisser.

-"May, voyons.. hin hin hin, je ne te veux aucun mal, sinon pourquoi t'aurais-je rattrapée si je voulais te voir mourir hein ? " Me demande-t-il, en rigolant de façon machiavélique.
J'ai peur, je suis terrorisée, figée, une sueur froide me parcourt l'échine, mes yeux s'embuent de larmes.
J'ai peur.
J'ai tellement peur.
Je secoue la tête, ce qui fait voler quelques larmes.

-" May, je te jure que je ne te ferai rien, à part si tu as une mauvaise raison pour avoir laissé tes amis ! Qu'est-ce qu'il t'a pris ?! May !! Réponds- moi!!" Me hurle l'homme.

Je pleure à chaudes larmes, je hurle, je me débat, et lui crie de ma laisser partir, que ce n'étais pas ma faute.
Je ne sais pas ce qu'il m'a prit.
Je n'ai plus rien contrôlé.
Je ne pouvais rien faire de mon plein gré.
C'est comme si quelqu'un avais pris mon corps.
Et ma pensée.
Je leur en voulait.
Mais maintenant je réalise.
Je m'en veut, et je leur en veut.
Je n'irai pas me pardonner auprès d'eux.

-" May qu'est-ce qu'il t'a pris de faire ça ? Hein ?! Tu peux me dire ?! Et eux qui n'avaient rien demandé ! Me hurle l'homme. il secoue la tête. semble se calmer, mais ce qu'il me dit n'a rien de rassurant ni de calme, Je vais te révéler quelque chose May, écoute moi bien : tu es malade. Très malade. Une maladie encore jamais connue. Tu vas disparaître. Tu vas mourir May. Tu t'efface un peu plus chaque jour qui passe. C'en et fini de toi !!!" Me crache-t-il à la fin de son récit.

Et me lâche la main.
Je suis en état de choc.
Je ne sais même plus comment respirer.
Mon cœur s'arrête de battre.
Si ce que disait cet homme est vrai, à chacune de mes crises je mourrais.
Et peut être que c'était ma "maladie" qui avait pris le contrôle de moi.

Je tombe.
Mes cheveux s'envolent.
Ma vie aussi.

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