Chapitre 9 - Goût langue de pute

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Summer, 25 ans

– Elle t'a répondu ? me demande Alaric, les sourcils froncés par l'agacement, le visage éclairé par les écrans d'ordinateur qui mettent en exergue sa mine renfrognée.

– Par encore, non.

C'est au moins la troisième fois qu'il me pose la question, mais ma réponse reste inchangée puisque Liam a choisi de m'ignorer. C'est d'ailleurs très injuste si l'on considère qu'elle est la première à m'avoir sollicitée pour cette histoire de collier. Ma curiosité et mon envie d'enquêter réveillées, je ne vois vraiment pas comment je pourrais laisser tomber.

Chaque seconde qui passe sans retour de sa part m'agace un peu plus que la précédente. Aux alentours de dix-huit heures, je tourne en rond comme un lion dans sa cage, sous le regard légèrement amusé de mon mari qui s'est débarrassé de son casque de joueur afin de mieux m'entendre râler. 

Ric est mon meilleur ami. L'unique constante rassurante de ma vie, le seul qui sait tout de moi et ne me juge pas. Alors, quand je me mets à retourner les tiroirs du dressing pour tenter de dénicher la carte de crédit qu'il m'a confisquée, je sais qu'il ne m'en veut pas vraiment...

– Eh ! s'agace-t-il en posant une main sur mon épaule tremblante tandis que je fais voltiger strings et dentelles à travers la pièce.

J'attrappe son col, les doigts tremblants, les pupilles dilatées par un manque que seuls les addicts peuvent comprendre. Ses mains immenses se posent de part et d'autre de mon visage brûlant et son expression rassurante m'adoucit un peu.

– T'es complètement folle, tu le sais, n'est-ce pas ?

Je ne suis pas loin de la crise de nerf.
Un autre de ses discours moralisateur et bienveillant et je le jure, je fonds en larme contre son épaule musclée. Ce ne serait même pas la première fois que je me ridiculise de la sorte. Je ne compte plus le nombre de larmes qu'il a essuyé, lui qui ne m'en a jamais fait couler une seule...

– Je veux juste acheter... quelque chose. Ça n'a pas besoin d'être cher, argumenté-je. Un peu de déco d'intérieur, de jolis torchons et quelques bougies, qu'en dis-tu ?

Sans que je ne me rende compte de rien, il m'a attiré sur ses genoux contre son torse chaud et protecteur. Et il me berce, la main dans mes cheveux pour me prodiguer des caresses réconfortantes.

– Ça fait deux jours que tu n'as rien dépensé d'inutile, je pense qu'on peut dire que tu t'améliores.

– Raison de plus pour fêter ça avec un peu de shopping !

Son rire rauque se répercute jusque dans ma cage thoracique, et je le jure, il m'adoucit. Lentement, mes muscles se dénouent et ma respiration s'apaise.

– Pourquoi tu ne laisses pas le monde voir à quel point tu es attachante ?

Je détourne le regard, gênée, malgré les années qui auraient dû m'habituer à sa gentillesse.

Contrairement à moi, Ric n'a pas de mal à exprimer l'amour qu'il porte à ses proches. Dans sa bouche, les je t'aime sont naturels et toujours empreints de sincérité.

– Il faut bien que j'en laisse un peu aux autres. Je ne peux pas être jolie, pleine de succès et attachante, c'est trop injuste pour ceux qui n'ont rien du tout !

Il rit encore, je niche mon nez dans son cou pour respirer son odeur.

– Il faut croire que ton seul défaut, c'est d'être amoureuse d'une ex qui ne t'a pas calculé depuis huit ans.

Je marmonne aussitôt une réponse contre sa peau :

– Je ne suis pas amoureuse. Et, on n'est pas vraiment exs non plus...

As Cold As Summer Where stories live. Discover now