As Cold As Summer

Chapitre 23 - Un goût de Capuccino et de révélations

Summer, 25 ans
Présent

Dans son ensemble de sport confortable, Charlotte m'attend, avachie contre le dossier de sa chaise d'une façon qui trahit son flegme tandis qu'elle pianote sur son téléphone, rédigeant un nombre incalculable de messages à la minute.

Je le sais car depuis que nous nous sommes mises d'accord pour nous retrouver à la cafétéria, hier soir, elle n'arrête pas de faire vibrer mon téléphone, m'envoyant à peu près tout ce qui lui passe par la tête.

Elle me donne l'impression de ne pas posséder le filtre lui permettant de faire le tri entre l'utile et ce qui ne l'est carrément pas.

Dans un lapse de temps aussi court que celui qu'il m'a fallu pour la rejoindre depuis le grand parking, elle a trouvé le temps de m'envoyer mon horoscope, qui, soit dit en passant, ne me promet que des malheurs. Oh, et elle m'a spammé de vidéos de chats, dont celle d'un sphynx sans poils qui se dandine sur un vieil air de Jazz et me laisse un syndrome post traumatique amer.

Une nouvelle vidéo de chaton apparaît justement sur mon téléphone. Ça doit être son animal totem, ou un truc dans le genre...

– Oh, Summer, tu es là ! s'exclame-t-elle avec une certaine impatience dans la voix.

Je suis tendue au moment où elle se jette dans mes bras pour m'offrir un câlin que je n'accueille pas avec autant d'entrain qu'elle l'aurait espéré. Enfin, j'imagine, puisqu'elle ne montre qu'une pointe de déception avant de passer à autre chose, complimentant mon brushing bouclé.

– Tu ne me remercies pas ?

La tête penchée sur le côté, elle attend que je lui fournisse une réponse pour s'installer.

– Pourquoi ? Ce n'est pas toi qui m'a coiffé, que je sache...

Elle cligne plusieurs fois des yeux, sincèrement surprise, et je me demande si elle est sur le point de comprendre que je ne suis pas très amicale.

En plus, je ne suis là que pour l'interroger au sujet de son délit présumé.

Mais Charlotte éclate de rire, tire sur sa chaise avant de se laisser retomber bruyamment, et souffle :

– T'es vraiment particulière, comme nana. J'aime bien ! Je veux dire, je n'ai pas de mal à croire qu'il ne t'est pas aisé de te faire des amis, vu ton étrange personnalité, mais j'adhère à ton originalité. Ta singularité, plutôt. Tu veux un café ? Il paraît qu'il faudrait arrêter d'en boire après quinze heures, pour éviter que ça fasse grimper ton taux d'endorphines ? Ta mélatonine ? Enfin, on s'en fout, puisqu'il n'est pas quinze heures, de toute façon.

S'il y a bien une personne qui devrait s'abstenir de consommer de la caféine, elle se trouve face à moi.

– Si tu te contentais de répondre à mes questions ? l'interromps-je, au moment où je sens poindre le début d'une migraine, suite à son débit de parole insensé.

– Euh... Oui, bien sûr. J'ai tendance à m'emballer, désolée.

La légère rougeur que sa justification fait naître sur ses joues suffit presque instantanément à m'apaiser.

Sans perdre plus de temps, je lui dévoile les photos de la parure qui a été prêtée à Liam, puis volée.

Le regard de Charlotte passe de mon visage à l'écran de mon téléphone, dont les clichés dessinent un air coupable sur son faciès.

Je pose la question par principe mais ses micro expressions m'ont déjà fourni les réponses que je cherchais à obtenir.

– Tu as quelque chose à voir avec ça ?

Un soupir dramatique échappe au peu de contrôle qu'elle détient sur ses gestes tandis que son regard ambré rencontre le mien.