As Cold As Summer

Chapitre 21 - Un Goût d'Adieux déchirants

Liam, 26 ans
Présent

Je n'aime pas forcément le reflet que me renvoie le miroir doré et pailleté, sertie de petites ampoules led qui mettent en exergue le full face pour lequel Savannah, ma maquilleuse et petite amie a opté.

Dire que je ne me trouve pas attirante serait un mensonge.

Toutes les aspérités de ma peau sont camouflées sous une épaisse couche de fond de teint à haute couvrance, la poudre bronzante ingénieusement appliquée pour mettre en évidence ma mâchoire définie, le tout réhaussé par une légère touche de blush couleur pêche qui me confère un air innocent.

Mes cheveux, naturellement très bouclés, ont été lissés par un brushing méticuleux, puis enroulés sur des bigoudis pour leur donner un effet wavy et volumineux.

Je suis indiscutablement jolie et ma mise en beauté est parfaitement réussie.

Je comprends que les défilés, et tout le processus qui les précèdent en fassent vibrer certain(e)s, ce n'est simplement pas mon cas.

Du moins, pas de ce côté-là de l'estrade.

Je me fous des régimes alimentaires qu'on m'impose, mais je suppose que mon métabolisme rapide plaide en ma faveur. Je n'aime pas non plus les séances interminables à la salle de sport, ni le coach sportif ennuyant que je dois me coltiner pour avoir le cul plus ferme afin de paraître, selon leurs critères, plus attirante pour espérer avoir le privilège de défiler dans un maillot de bain portant le logo d'une marque que je n'apprécie même pas un peu.

Être mannequin, puis influenceuse mode et beauté n'a jamais été mon rêve, et je ne culpabilise même pas d'avoir volé la place à quelqu'un qui la voulait plus que tout au monde.

Moi, ce qui me fait réellement vibrer, c'est le dessin. Enfin, ça, c'était avant que toutes mes esquisses partent en fumée.

Ce soir-là, —celui du bal de promo,— je n'ai pas sacrifié ma passion, comme mes parents et particulièrement ma mère semblent le penser. J'ai juste été incapable de gribouiller autre chose que de la médiocrité depuis que ma dernière création a été jetée dans le brasier infernal qui se reflétait dans mes yeux de coupable.

Le lendemain de l'incendie que j'avais volontairement déclenché, je n'ai trouvé que les braises d'un rêve avorté, les restes d'un cœur brisé, et j'ai su que je ne serais plus jamais en mesure de dessiner.

Quand Max m'a présenté à l'agence de mannequinat, je me suis laissée porter, convaincue que l'étincelle renaîtrait ou que, dans le pire des cas, je finirais par apprécier tout le cinéma autour des défilés et de la popularité.

Spoiler alerte, ma répulsion n'a jamais arrêté de s'intensifier. Plus je voulais m'en éloigner, moins je faisais d'efforts pour me faire accepter dans ce milieu élitiste et hypocrite qui ne me convient toujours pas, plus j'attirais l'attention.

Ma nonchalance, mon manque d'enthousiasme et mon je m'en foutisme évident ont fait de moi une personne à l'aura énigmatique et mystérieuse.

C'est un putain de ramassi de conneries, il n'y a pas plus transparante que moi.

Si je donne l'impression d'avoir envie d'être partout ailleurs, c'est parce que c'est le cas !

– Tes amis sont ici, m'annonce Savannah, une expression triste dessinée sur son visage innocent tandis qu'elle termine de repasser sur mes tâches de rousseur à l'eye-liner marron. Ils attendent dehors, je savais que tu ne tiendrais pas en place, si je t'annonçais avant d'avoir terminé, qu'elle est là.